Marqué par le temps, le château de Hollenfels, qui abrite le centre écologique du SNJ et une auberge de jeunesse, va être restauré et agrandi. Le chantier, prévu jusqu’à fin 2028, a été présenté le mercredi 23 juillet.
Une horde d’une soixantaine de gilets fluorescents et de casques vient d’envahir la cour du château de Hollenfels ce mercredi matin, troublant ainsi la tranquillité du petit village de 547 âmes situé dans la commune de Helperknapp. Tout ce beau monde est présent afin d’assister à la présentation du projet de rénovation et d’extension de ce lieu prestigieux qui fait partie des sept châteaux qui ont donné leur nom à la Vallée des sept châteaux et qui abrite le Service national de la jeunesse (SNJ) et une auberge de jeunesse.
Bien qu’auréolés de noblesse, ce château et son imposant donjon, sa tour angulaire et son corps de logis n’ont pas échappé aux flétrissures du temps. «Les bâtiments étaient assez vétustes. Il n’y avait pas d’accessibilité PMR, l’isolation thermique était mauvaise et les normes de sécurité étaient de plus en plus difficiles à respecter. Il était donc temps de remettre le château à neuf», fait savoir Georges Metz, le directeur du SNJ. Ce dernier, «pressé de revenir dans le château», a donné le premier coup de pelle, accompagné des ministres Yuriko Backes (Mobilité et Travaux publics) et Claude Meisch (Éducation nationale, Enfance et Jeunesse) et du bourgmestre de Helperknapp, Paul Mangen.
«Ce sera beaucoup plus confortable»
Il faudra attendre plus de trois ans avant que les lieux accueillent à nouveau des séjours pédagogiques, l’achèvement du chantier étant annoncé pour la fin 2028. D’un montant de 31,9 millions d’euros, les travaux concernent le château ainsi que son avant-château, exploité par Les Auberges de jeunesse luxembourgeoises (AJL). Séparés par un fossé enjambé par un pont en maçonnerie, les deux ensembles seront plus proches que jamais grâce à une nouvelle organisation.
«Le grand avantage sera au niveau de l’hébergement, puisque les dortoirs du château seront transférés dans l’auberge de jeunesse, et ce sera beaucoup plus confortable.» À l’exception de la maison du garde forestier, l’auberge de jeunesse, qui date des années 1960, sera restructurée afin de disposer de 28 chambres standardisées de quatre lits avec sanitaires privatifs et de deux autres chambres pour personnes à mobilité réduite (PMR).
L’objectif est de réserver le château aux fonctions éducatives du centre écologique du SNJ, installé sur place depuis 1975, et aux formations qu’il dispense. À ce sujet, Georges Metz annonce que «le contenu des programmes de développement durable ne changera pas, mais ils seront modernisés».
Bistrot, restaurant et terrasse panoramique
Pour en revenir à l’auberge, elle sera dotée d’un bistrot et d’un restaurant destinés à accueillir ses clients ainsi que le public extérieur. Le but est de souligner l’ouverture et la convivialité de l’établissement, à l’image de la restauration du portail baroque, situé du côté de la place du village et muré il y a près de soixante ans.
Côté cour, «il y aura une nouvelle construction qui sera en contraste avec l’architecture du château par sa façade métallique partiellement microperforée et avec l’intégration d’une végétation», décrit Joël Cannivé, architecte pour l’administration des Bâtiments publics. C’est dans ce décor moderne que sera installée une terrasse panoramique avec vue sur le donjon.
Restauré et rénové, le château sera, lui, composé de dix salles pour les ateliers, de bureaux, de kitchenettes et de sanitaires. Pour ce qui est de l’extension, il s’agira d’une annexe adossée au corps de logis, «là où se trouvait déjà une annexe au XVIIIe siècle». Cela permettra d’ajouter trois salles multifonctions, accessibles par ascenseur. Son architecture rappellera celle de la façade intérieure de l’auberge, métallique et avec de la végétation grimpante. «L’approche architecturale repose sur un dialogue entre la conservation du patrimoine et les interventions contemporaines.»
Un sol riche en vestiges
En raison du caractère historique du site, classé monument national depuis 2022, l’Institut national de recherches archéologiques (INRA) va suivre de près ce chantier qui a déjà permis de faire «des découvertes extraordinaires et inattendues», d’après Andrea Bischof, archéologue. Les plus importantes concernent la cour de l’auberge, où des fouilles en décembre dernier ont permis de découvrir des objets, un second fossé, une arche de pont en pierre, une fortification intermédiaire avec deux tours et le vestige d’un pont en bois datant de 1526.
«L’accès au château était, en fait, deux fois plus long qu’aujourd’hui via la fortification intermédiaire renforcée, les deuxièmes douves et le pont en bois, puis en pierre. Une voie aussi longue, c’est rare en Europe, et elle est en excellent état en plus», se réjouit l’archéologue.
Dans la zone du château, ce ne sont pas des fouilles, mais un géoradar qui a permis de mettre au jour l’emplacement d’une porte plus ancienne et des pans de murs d’une construction antérieure. «Cela montre que le château n’est pas le bâti le plus ancien, qu’il existait une construction avant.» Le fait que le sol regorge de vestiges n’empêche pas l’avancée du chantier, puisque tout est resté sous terre au niveau du château et qu’un sarcophage archéologique a été créé dans la cour de l’auberge.

Le château de Hollenfels doit son nom à son promontoire rocheux haut de 315 mètres et ses nombreuses cavités, faisant de lui le château du rocher creux («hohler fels»). La première mention connue d’un chevalier «de Holefels» remonte au XIIe siècle et l’édifice fortifié aurait été construit deux siècles plus tard par deux familles nobles : Holfels et Autel.
D’autres familles seigneuriales se passèrent ensuite la main, avant que l’industriel Sebastian von Thynner n’acquière le château vers 1600 et l’agrandisse. Ce dernier meurt sans descendance et la famille de Brouckhoven devient hôte des lieux, avant que le conflit entre la France de Louis XIV et une coalition européenne ne bouleverse le cours des choses.
En 1683, les troupes françaises occupent Hollenfels puis sont chassées par les Espagnols, qui se rendent finalement en quelques jours grâce à un seul coup de canon. Contrairement à d’autres forteresses luxembourgeoises de l’époque, elle échappe à la destruction mais son donjon n’est plus couvert, ce qui entraîne sa dégradation au fil des siècles.
Centre de formation pour jeunes nazies
Une fois la paix revenue, la famille de Brias fait de Hollenfels un comté en 1787 et revend le château en 1818 à Jean-Baptiste Thorn, un magistrat originaire de Remich. Après avoir été agrandie, démolie, victime d’un incendie, inhabitée, la place forte est finalement restaurée en 1921 par Charles van den Poll – dernier propriétaire privé des lieux – sous la direction d’un architecte.
La guerre fait malheureusement son retour dans le village lorsque le château sert de centre de formation pour les jeunes filles du mouvement nazi, BDM («Bund Deutscher Mädchen»). Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, il s’agit cette fois d’un lieu d’accueil pour les prisonniers de guerre russes ou les travailleurs forcés.
En 1948, l’État luxembourgeois en devient propriétaire et le transforme en auberge de jeunesse, après l’avoir restauré jusque dans les années 1970. L’intérieur du donjon est aménagé afin de permettre, en 1975, d’abriter le centre pour la jeunesse et l’écologie du SNJ (NDLR : administration du Service national de la jeunesse).