L’Allemagne assouplit ses contrôles au passage frontière de Schengen à partir du mois d’août. Une bonne nouvelle pour les frontaliers, et pour la diplomatie qui a évité une crise diplomatique.
Les ministères de l’Intérieur allemand et luxembourgeois ont confirmé la fin des contrôles au passage de frontière de Schengen à partir du 1er août prochain. Une bonne nouvelle pour les 55 000 travailleurs frontaliers qui pourront circuler librement sur les autoroutes A8 et A13 entre les deux pays. «J’ai de bonnes nouvelles», avait annoncé Léon Gloden le 8 juillet dernier, lors d’une heure d’actualité à la Chambre des députés, «les blocs de béton seront démontés, les deux voies de circulation seront à nouveau ouvertes à la circulation et les véhicules pourront à nouveau circuler à 70 km/heure au lieu de 20 actuellement.»
La diplomatie a fait son œuvre. Après avoir menacé de s’opposer auprès de la Commission européenne à toute demande éventuelle de prolongation des contrôles à la frontière allemande, Léon Gloden a réussi à persuader son homologue, Alexander Dobrindt, d’y mettre un terme. Pas besoin non plus de porter l’affaire devant la Cour de justice de l’Union européenne. Cette levée des contrôles ne vaut toutefois pas pour l’autoroute de Trèves (A64).
Les contrôles seront remplacés par des patrouilles des polices allemande et luxembourgeoise à proximité du pont de Schengen. Ainsi les véhicules potentiellement suspects circulant sur le territoire grand-ducal seront signalés aux autorités allemandes, qui pourront les interpeller sur leur territoire. Des accords bilatéraux sont en cours de préparation pour assurer une modernisation de la coopération policière et «régir le transfert réciproque des personnes qui franchissent illégalement les frontières, afin de pouvoir normaliser la situation aux frontières intérieures de l’espace Schengen», a rappelé Léon Gloden.
Un moyen de ne pas entraver la liberté de se déplacer des citoyens de cette partie de la Grande Région, tout en continuant d’assurer la protection des frontières européennes. Ces contrôles mis en place le 16 septembre 2024 par les autorités allemandes aux frontières avec la Belgique, les Pays-Bas, la France, le Danemark et le Grand-Duché avaient soulevé une véritable fronde côté luxembourgeois.
Une mesure «douteuse»
Quarante ans après les accords de Schengen, Léon Gloden s’y était immédiatement opposé, arguant qu’il s’agissait d’un acquis de l’intégration européenne. Pour lui, le code frontières Schengen doit être respecté et le gouvernement luxembourgeois «désapprouve des contrôles aux frontières intérieures qui ne sont pas nécessaires et (sont) disproportionnés.» Il est cependant indispensable d’appuyer un renforcement des contrôles aux frontières extérieures au lieu de disperser les efforts aux frontières intérieures.
Le LCGB était également intervenu en septembre 2024, citant le code frontières Schengen. Ce dernier stipule que les contrôles aux frontières sont certes possibles temporairement, mais uniquement «en cas de menace grave pour l’ordre public et la sécurité intérieure». «Il est douteux que ces conditions soient remplies au vu de la baisse actuelle du nombre de demandes d’asile en Allemagne», constatait le syndicat de défense des salariés. Peu après, le ministère de l’Intérieur avait mis en place une adresse courriel en raison des tensions croissantes générées par ces contrôles.
L’Allemagne les présentait comme une mesure en faveur de la lutte contre l’immigration illégale, la criminalité organisée, la contrebande, le trafic d’êtres humains, le terrorisme, les personnes condamnées ou les suspects en fuite, entre autres. Selon des chiffres obtenus par la Saarbrücker Zeitung, en plus de huit mois, jusqu’au 31 mai dernier, 1 091 personnes auraient tenté de franchir illégalement la frontière à Schengen. Six cent soixante-dix-neuf d’entre elles ont été refoulées – 25 000 à l’ensemble des frontières allemandes – 25 passeurs et 130 personnes faisant l’objet d’un mandat d’arrêt international ont été interpellés.
Restait la question du sort des personnes refoulées. Pour notre ministre de l’Intérieur, il était hors de question d’accueillir les migrants irréguliers rejetés par l’Allemagne. En 2024, l’agence européenne Frontex, estimait à environ 239 000 le nombre de personnes ayant franchi les frontières de l’espace Schengen de manière irrégulière, dont 10 % de femmes et 16 % de mineurs. Une baisse de 38 % par rapport à 2023.
La situation ailleurs en Europe
La Belgique s’apprête, elle aussi, à lancer des contrôles aux frontières pour une durée de six mois. Celle avec le Luxembourg y échappe, a assuré Léon Gloden à l’issue d’un échange avec son homologue belge.
La France a fait le choix des contrôles temporaires depuis novembre 2024 pour une durée d’un an.
Ailleurs en Europe, l’Autriche, le Danemark, l’Italie, la Norvège, les Pays-Bas, la Suède et la Pologne depuis le 7 juillet dernier ont fait le choix des contrôles aux frontières.