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Pour les sages-femmes, l’AMMD «alimente une logique de confrontation»


L’Association des Sages-Femmes demande au ministère de la Santé de « prendre position sans délai », afin de « clarifier la situation et de rassurer les professionnels concernés ». (photo archives Editpress)

L’Association Luxembourgeoise des Sages-Femmes (ALSF) répond fermement aux accusations de l’Association des Médecins et Médecins Dentistes (AMMD) sur les revalorisations salariales dans les hôpitaux. Inquiète d’un discours qu’elle juge « préjudiciable », l’ALSF défend une reconnaissance de sa profession.

L’Association luxembourgeoise des sages-femmes (ALSF) a pris la plume pour dénoncer ce qu’elle qualifie de remise en cause « injustifiée » des avancées salariales obtenues par le personnel hospitalier. En ligne de mire, le communiqué de presse de l’Association des Médecins et Médecins Dentistes (AMMD), daté du 17 juillet, qui avait exprimé sa « stupéfaction » face au protocole d’accord signé entre syndicats et Fédération des Hôpitaux Luxembourgeois (FHL).

L’AMMD y pointait « une augmentation linéaire des salaires, accompagnée de primes rétroactives », qui provoquerait une « charge financière importante pour les hôpitaux – et donc, indirectement, pour l’assurance maladie ». L’association médicale s’insurgeait donc que « ce protocole n’apporte aucune amélioration tangible pour les patients » et aggraverait « significativement le déficit structurel de la CNS ». Elle y voyait donc un « conflit d’intérêts manifeste et assumé » au sein du Conseil d’Administration du CNS, les syndicats y siégeant via les représentants de la Chambre des salariés.

La reconnaissance financière des professions de santé n’est pas un privilège, mais une nécessité

Pour l’ALSF, l’AMMD passe à côté de l’essentiel. Dans un contexte de pénurie de personnel et de pression croissante, l’ALSF considère que « remettre en question leur juste rémunération reviendrait à fragiliser l’un des fondements du système de soins ».

Loin d’être un caprice syndical, les revalorisations seraient « le fruit de négociations responsables » destinées à maintenir « l’attractivité et la viabilité des professions de santé ». La profession de sage-femme en est un pilier essentiel : « Leur accompagnement global et bienveillant, de la grossesse au post-partum, contribue directement à la santé publique », souligne l’association.

L’ALSF rappelle également l’implication des sages-femmes dans le concept des 1000 premiers jours, actuellement en réflexion au ministère de la Santé. Elles expliquent être « des actrices clés dans cette période décisive pour le développement de l’enfant et le bien-être des familles ».

Les professions libérales oubliées, une colère partagée

Si l’ALSF réfute les arguments de l’AMMD sur les revalorisations hospitalières, elle partage en revanche une partie de son constat sur les difficultés du secteur libéral. « Les négociations actuelles avec la CNS s’avèrent compliquées pour les professions de santé exerçant en libéral. En tant qu’ALSF, nous faisons également cette expérience. »

L’association évoque des discussions « lentes, opaques et peu constructives » à cet égard. Elle affirme pourtant que « les sages-femmes libérales offrent un suivi personnalisé et de proximité, permettant de limiter les complications et d’éviter des hospitalisations coûteuses ».

Une « solidarité interprofessionnelle » souhaitée plutôt qu’une « confrontation »

L’ALSF reproche avant tout à l’AMMD une approche conflictuelle. « Nous déplorons que le communiqué de l’AMMD alimente une logique de confrontation entre les professions, alors que la solidarité interprofessionnelle devrait être au cœur de toute réforme du système de santé. »

L’association plaide au contraire pour une gouvernance équitable, où « toutes les professions soient représentées et entendues », et où les conditions de travail permettent d’assurer « la pérennité de l’offre de soins ».

Un appel lancé aux politiques

L’ALSF demande au ministère de la Santé de « prendre position sans délai », afin de « clarifier la situation et de rassurer les professionnels concernés ». Elle appelle aussi à ce que les politiques veillent au respect des « engagements inscrits l’accord de coalition », et à une réforme de la CNS « équitable et réaliste ».

Le communiqué se conclut par un rappel à la mission de toute politique de santé : « Soutenir les sages-femmes, c’est garantir aux femmes, aux enfants et aux familles un accès à des soins de qualité, humains et respectueux. Les sages-femmes doivent être entendues, maintenant plus que jamais. »