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À Sanem, l’armée américaine étend sa présence


Yuriko Backes, Laurent Bodson et Simone Asselborn-Bintz

Un nouveau bâtiment a été inauguré mardi 22 juillet à Sanem au sein de la Warehouses Service Agency (WSA), un site de logistique vital pour l’armée américaine en Europe qui réclamait davantage de place.

Bus américains, camions américains, conteneurs américains, uniformes américains, drapeaux américains. En franchissant les portes de la Warehouses Service Agency (WSA) à Sanem, un faux-semblant des États-Unis plane dans l’air. Construit en 1983, ce site abrite des infrastructures de stockage, de support et de maintenance pour le matériel de l’US Air Force et de l’OTAN. Le Grand-Duché n’y est pas étranger pour autant, à l’image de l’inauguration mardi d’un nouveau bâtiment multifonctionnel, le bâtiment 32.

D’imposants véhicules, comme ici le P-23, sont stockés à Sanem.

Sur place, Yuriko Backes, ministre de la Défense, se tient aux côtés de Laurent Bodson, directeur général de la WSA, afin de couper le ruban d’inauguration. Et lors de la présentation, un quatuor de clarinettes de la Musique militaire luxembourgeoise accompagne les discours de chacun. Comme un symbole, selon Laurent Bodson : «C’est toujours agréable et puis cela montre que l’on travaille avec l’armée luxembourgeoise, cela donne un air plus officiel, plus amical». Pour cause, la WSA est une entreprise luxembourgeoise mandatée par le gouvernement afin d’agir en son nom vis-à-vis de l’armée américaine, de l’OTAN ou toute autre autorité militaire ou civile.

Une «demande urgente» comblée

Forcément, une délégation de l’ambassade américaine est également présente afin de visiter ce bâtiment 32 réclamé par ses dirigeants. «Tout a commencé en 2017, lorsque les Américains ont annoncé vouloir stocker plus de matériel ici et qu’ils allaient donc financer des halls de stockage supplémentaire», retrace le directeur général. Face à cette demande, la WSA alerte alors son client américain sur l’impact de ce projet.

Dans le nouveau bâtiment, un atelier est dédié à la maintenance du matériel utilisé sur les bases aériennes militaires américaines.

«Nous leur avons dit que faire uniquement du stockage supplémentaire ne suffirait pas, car il faut rendre le matériel opérationnel et donc engager plus de personnes. Mais nous n’avions pas les infrastructures pour absorber plus de personnel.» A titre d’exemple, le parking extérieur du site, qui comptait alors environ 250 personnes, majoritairement des civils, était déjà sous-dimensionné.

Sur ses 40 hectares, la WSA compte une quinzaine d’entrepôts d’une capacité de stockage de 5 000 m2 chacun.

Des travaux ont alors été décidés afin d’accueillir 80 emplois supplémentaires en construisant ce bâtiment 32, essentiel dans le but de renforcer la capacité de maintenance et de stockage. On y trouve notamment une zone d’environ 3 000 m2 pour réceptionner le matériel aéronautique, un grand atelier de maintenance ainsi que des bureaux, une salle de sport et une cuisine. Il sera également accompagné de trois halls de construction militaire (programme MILCON) «qui permettront d’avoir un ensemble complet» et de répondre à «la demande urgente» américaine.

Le bataillon binational, futur voisin

Ce nouveau bâtiment permettra donc d’améliorer les capacités d’expédition du système BEAR («Basic Expeditionary Airfield Resources») de l’armée américaine. «Il s’agit du matériel roulant et des conteneurs qui contiennent tout ce qu’il faut pour construire et faire opérer une base aérienne n’importe où», résume Laurent Bodson, qui cite, entre autres, les ambulances, les camions, les tentes, les générateurs ou encore les toilettes. L’atelier sera lui dédié à l’entretien de l’équipement au sol d’un aérodrome («Airfield Ground Equipment») avec le P-23, un impressionnant camion de lutte contre les incendies ou le véhicule blindé léger JLTV.

Yuriko Backes se félicite d’une telle amélioration des capacités de la WSA, «ce qui prouve que le Luxembourg peut construire vite» et qui démontre «la fantastique collaboration que nous avons avec les États-Unis». «Il n’y a pas un pays qui reconnaît plus que le Luxembourg l’apport des États-Unis afin de maintenir la paix sur le continent», ajoute la ministre.

Cette dernière travaille d’ailleurs sur le projet d’extension du site de 18 hectares afin d’y installer un hub militaire multimodal pour le bataillon binational belgo-luxembourgeois. Comme pour l’US Army, il s’agira d’une plateforme de logistique comprenant de la maintenance et du stockage de matériel, hormis les munitions.

Au vu de l’ampleur du projet, qui répond à la demande d’investissement militaire de l’OTAN, la ministre a proposé en commission parlementaire de lancer les travaux préparatoires avant le vote de la loi de financement, qui ne pourra intervenir avant la fin de l’année 2027, voire 2028. Une proposition acceptée par la majorité des députés et qui permet d’ores et déjà de renforcer les liens entre les armées luxembourgeoise et américaine, bientôt voisines.

Le but de la WSA est de stocker le système BEAR de l’US Army qui permet de mettre sur pied une base aérienne n’importe où.

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