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Guère de succession : l’État à la rescousse du vignoble luxembourgeois


Pour 61 % des exploitations dirigées par des vignerons de plus de 50 ans, la reprise n’est pas assurée.

Le vin risque de devenir le gagne-pain de moins en moins de monde si l’État n’intervient pas. Dans les vignes, les friches se multiplient, abandonnées par des vignerons sans successeurs.

Qu’elle est verte, la vallée de la Moselle! Plus tant que ça apparemment. Selon un sondage mené par le ministère de l’Agriculture, de l’Alimentation et de la Viticulture, pour 61 % des exploitations dirigées par des vignerons de plus de 50 ans, la reprise n’est pas assurée, que ce soit parce qu’elle est incertaine ou parce qu’aucune succession n’est envisagée. Les vignobles risquent de disparaître, si rien n’est prévu pour assurer la pérennité de la profession. Actuellement 25 hectares sont en friche. Bientôt cette surface sera amenée à quadrupler, ce qui aura des conséquences sur les vignes alentour et sur le paysage, selon la ministre Martine Hansen.

Lundi après-midi s’est tenu une table ronde de la viticulture au château de Senningen. Des mesures ont pu être dégagées pour éviter au secteur de dépérir. Un plan d’action pour le renouvellement générationnel dans l’agriculture et la viticulture sera probablement finalisé d’ici la fin de l’année. Martine Hansen a également annoncé la création d’un «guichet unique pour les jeunes qui souhaitent reprendre une exploitation ou en créer une nouvelle».

Dès l’automne, ils pourront construire leur logement sur leur exploitation. Serge Wilmes, le ministre de l’Environnement, a promis de faire une exception pour les vignerons en les laissant construire en zone verte. Des discussions sont également en cours avec le lycée agricole pour proposer des formations de vigneron pour ceux qui se rêvent à la tête d’un domaine.

Les ministres sont prêts à tout pour sauver ce patrimoine qu’est le vin luxembourgeois, la terre, les vignes, le raisin et les petits producteurs. Le point principal de ce Wäibaudësch a été la gestion des vignes abandonnées. «Ce n’est pas très esthétique, mais c’est avant tout un problème sanitaire pour les vignobles alentour», précise la ministre. «Des maladies et des parasites y apparaissent et les vignerons sont amenés à utiliser des produits pour sauver leurs vignes. Ce que nous ne souhaitons pas.»

Neuf litres par an et par habitant

Un projet Leader, articulé sous forme de bourse, a notamment été lancé pour favoriser la reprise des vignes laissées à l’abandon. D’autres solutions sont l’augmentation des aides à la reconversion et à la restructuration des vignobles et une prime sanitaire pour lutter contre les maladies de la vigne d’une durée de deux ans. Certaines friches pourraient être transformées en vergers, si la prochaine loi agraire le permet. Et la possibilité d’une obligation d’arrachage pour les propriétaires négligeant l’entretien de leurs parcelles sera analysée. En outre, une réforme du fonds de solidarité viticole va être lancée pour «doter le secteur d’un outil de gestion moderne et conforme aux exigences européennes».

Et le produit de la vigne dans tout cela ? La consommation d’alcool en général et de vin en particulier est en baisse partout dans le monde. La concurrence est rude face à ces habitudes de consommation changeantes. Les consommateurs recherchent de plus en plus de vins sans alcool. Un paquet de mesures de la Commission européenne offre de nouvelles opportunités pour la commercialisation de ce type de breuvage. Or les vignerons ne disposent pas des machines adéquates pour le produire et les vins coupés avec des boissons sans alcool pour les adoucir font, comme les alcopops, l’objet d’une surtaxe qui n’est pas du goût des vignerons.

Le ministre des Finances, Gilles Roth, a déclaré : «Je salue la volonté du secteur vitivinicole d’innover et d’élargir sa gamme de produits de vin. Pour une consommation modérée et plus responsable de ceux-ci. Une évolution que nous souhaitons accompagner fiscalement.» La loi sur les accises sera modifiée en ce sens pour janvier de l’année prochaine.

Les vignerons qui le souhaitent pourront donc innover et agrandir leur gamme de produits. Restera à agir sur les ventes et la commercialisation. On estime que 40 litres de vin par habitant sont consommés chaque année au Luxembourg. Neuf litres sont du vin de Moselle. Pas si mal et il ne faudrait pas que ce chiffre baisse. Il faut plus d’une dizaine d’années pour faire un bon vin. Le vin a gagné en qualité au fil des ans grâce au savoir-faire des vignerons et à un vignoble savamment entretenu pour conserver de belles vignes.

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