La ministre de l’Égalité des genres et de la Diversité, Yuriko Backes, a présenté, ce lundi, le plan d’action national LGBTIQ+.
Quinze ministères engagés, 81 mesures, 147 actions et 58 parties prenantes, la nouvelle mouture du plan d’action national pour la promotion des droits des personnes LGBTIQ+, adopté par le Conseil de gouvernement le 11 juillet, la veille de la Luxembourg Pride à Esch-sur-Alzette, a été présentée, ce lundi, par la ministre Yuriko Backes.
Ce PAN LGBTI version 2025 poursuit le travail entamé par le premier PAN lancé en 2018. Un document initial qui avait permis des améliorations importantes de la situation des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans, intersexes, queers et autres et dont la majorité des actions (73 %) ont déjà été réalisées ou sont en cours de réalisation, d’après l’évaluation intermédiaire réalisée par l’université du Luxembourg.
Si la ministre se félicite de tels progrès, elle n’en oublie pas de rappeler que «le Luxembourg n’est pas à l’abri des réactions conservatrices observées dans d’autres pays européens et à travers le monde».
Parmi ces points noirs qui ont marqué l’actualité du Grand-Duché, Yuriko Backes pointe notamment la pétition sur l’exclusion des thématiques LGBTIQ+ et le discours de haine qui en a résulté, mais aussi la polémique autour du personnage de Tatta Tom, une drag-queen invitée à donner une lecture au lycée technique agricole, après avoir participé à une session de lecture à la bibliothèque d’Esch-sur-Alzette, qui avait été la cible de critiques d’un député de l’ADR.
Aujourd’hui, la ministre a d’ailleurs ouvert sa présentation en rappelant qu’au Luxembourg, 48 % des personnes LGBTIQ+ évitent souvent ou toujours de tenir la main de leur partenaire du même sexe.
Ce chiffre issu d’une étude du FRA menée en 2023 justifie le leitmotiv martelé par Yuriko Backes pendant la conférence de ce lundi : «Continuer nos efforts pour lutter contre toute forme de discrimination, de crime, de haine ou de discours de haine.»
Des mesures transversales
De cette ambitieuse mise à jour du PAN LGBTI ressortent de nombreuses mesures attendues de longue date par les associations. «Nous souhaitons qu’un texte de loi vienne bannir les thérapies de conversion. Il y a aussi toujours la question des personnes intersexes et leur visibilité, qui est encore toute relative ici au Luxembourg», soulignait récemment Maud Théobald, directrice adjointe du centre LGBTIQ+ Cigale.
Des propos qui ont été entendus puisque le plan d’action national souhaite voir rédiger l’interdiction des pratiques de conversion au sein d’un projet de loi. Mais aussi l’introduction de la possibilité d’une inscription de la qualification «neutre» pour les personnes non binaires dans leurs documents d’identité et la suppression de la mention du sexe dans les documents où cette mention n’est pas pertinente.
Le lien de filiation, combat de première ligne des associations, est également défendu par le nouveau PAN : un cadre législatif sera élaboré pour garantir les liens de filiation établis à l’étranger dans le cadre d’une procréation médicalement assistée ou d’une gestation pour autrui.
À d’autres niveaux comme le sport, des offres de formation seront développées pour les cadres techniques et administratifs des sportifs et fédérations sur les thèmes de l’égalité et de la diversité des personnes.
L’ASBL Intersex & Transgender Luxembourg n’a pas tardé à réagir à cette nouvelle version du PAN, saluant l’engagement fort du gouvernement sur le sujet, mais regrettant, d’une part, l’absence de mesures pour protéger les enfants intersexués et les autres enfants avec des variations des caractéristiques sexuées et, d’autre part, l’absence de la dépsychiatrisation des personnes trans et des personnes abinaires.
Le droit de regard de la société civile
Pour promouvoir une société où chaque individu peut vivre pleinement et librement dans le respect, ce nouveau PAN tient compte des bases posées par son prédécesseur et du bilan intermédiaire, mais aussi d’études récentes et de recommandations actuelles internationales à l’égard du Luxembourg. Ainsi, les sept nouveaux chapitres sont venus s’ajouter aux huit qui composaient le document initial.
Aussi, dans cette nouvelle mouture du PAN LGBTI se voulant transversale dans toutes les sphères de la vie, 15 ministères y participent. Dans son élaboration, tous ont proposé des mesures et actions qui relèvent de leur ressort.
Dans sa mise en œuvre, ils seront responsables de l’implémentation des actions relevant de leur champ de compétences. Si le MEGA affiche le budget le plus petit du gouvernement avec seulement 31,6 millions d’euros pour 2025, Yuriko Backes sait bien s’entourer pour faire avancer les projets de son ministère.
L’ensemble de ces actions et leurs avancées seront suivies par le MEGA en collaboration avec le comité interministériel LGBTIQ+ qu’il préside.
Un comité interministériel élargi, dans lequel seront inclus des membres de la société civile et des institutions des droits humains, pourra également avoir un droit de regard sur la mise en œuvre du PAN.