Cristiana Girelli (35 ans) a mangé son pain noir pendant des années avec l’Italie avant son formidable coup de tête qui a envoyé la Nazionale en demi-finale, 28 ans après, pour défier les tenantes du titre anglaises, mardi à Genève.
En retrouvant le dernier carré de l’Euro féminin, 28 ans après, l’Italie a «réussi quelque chose de magique», aux yeux de son attaquante Cristiana Girelli, auteure d’un doublé, dont une tête imparable à la 90e minute, qui a permis à la Nazionale de créer la surprise contre la Norvège (2-1) en quarts.
«Au-delà de la victoire, a-t-elle développé au coup de sifflet final, nous avons produit une prestation de haut niveau contre une équipe, ne l’oublions pas, vraiment forte.»
Pas anodin, pour la joueuse de la Juventus Turin : «l’Italie est encore un peu en retrait des grandes nations comme l’Espagne ou l’Angleterre, parce que malheureusement depuis le Mondial-2019 nous n’avons pas obtenu de résultats pour nourrir ce qui s’était créé à ce moment-là». Quart de finaliste en France, la Nazionale n’est pas sortie des poules aux deux compétitions suivantes, l’Euro-2022 et le Mondial-2023.
Opposées ce mardi (21 h) aux championnes d’Europe anglaises et leurs «joueuses capables de faire la différence quand elles veulent», les Azzurre n’avaient plus retrouvé un dernier carré depuis l’Euro-1997, dont elles avaient même atteint la finale, perdue contre l’Allemagne (2-0). Mais Girelli ne souhaite pas parler de «revanche. On a souffert lors des derniers tournois, on a subi tant de critiques, mais il nous reste encore tant de travail».
«À la Juve, je suis devenue une athlète»
Girelli, qui semble avoir bossé son jeu de tête, qui fait des ravages en Suisse, en est le parfait exemple : contre la Norvège, elle a remporté sept duels aériens sur huit.
«Je pense avoir développé cette compétence au fil des années, car j’ai commencé à jouer plus près du but seulement en arrivant à la Juventus» en 2018, raconte celle qui a pratiqué le basket, enfant, et y voit «peut-être le secret de (son) efficacité de la tête» puisque cela lui a «donné le sens du timing».
Si le jeu de tête est «devenu (sa) marque de fabrique», Girelli n’a pas particulièrement insisté sur cet aspect de son jeu, mais plutôt travaillé d’une manière plus globale.
«Le football féminin s’est développé, sous tous ses aspects, et avec lui les exigences à notre égard, notamment sur le plan physique, résume-t-elle. À la Juventus, même si j’avais déjà 28 ans quand je suis arrivée, je peux dire que je suis devenue une athlète.»
À 35 ans, elle «soigne tous les détails pour (se) présenter dans les meilleures conditions possibles le jour du match. Plus les années passent, plus il faut appuyer sur l’accélérateur pour maintenir une bonne forme physique. Chaque jour, je travaille sur mon corps». Le plus beau palmarès féminin du football italien, dix fois championne d’Italie avec Vérone, Brescia puis la Juventus, a pu à ce régime atteindre les 122 sélections et marquer 61 buts, dont trois à l’Euro-2025.
Capitaine des Azzurre depuis février 2024, celle que ses coéquipières surnomment «la cheffe» en raison de sa passion pour la cuisine est aujourd’hui la troisième meilleure buteuse de l’histoire de la sélection derrière Elisabetta Vignotto (97) et Carolina Morace (95), et la deuxième joueuse la plus capée derrière Morace (136).
Mais pour rejoindre son idole Alessandro Del Piero au panthéon du football italien, Girelli sait qu’il faut remporter un titre majeur. Qu’elle marque de la tête ou pas.