[BGL Ligue] Le Racing et le complexe des «pieds sur terre»

REPRISE EN BGL LIGUE (J-13) Le RFCU semble cacher ses ambitions, même à lui-même.

Entendu dans la bouche de Carmel Mabanza, nouveau binôme de Joakim Kada, formé au long cours à Lille et tout juste éliminé de la Conference League par Drita, qui a bien failli ne pas marquer au match retour malgré l’avantage de jouer plus d’une heure à onze contre dix : «On veut devenir la meilleure défense du Luxembourg».

Entendu au sortir des mêmes lèvres, décidément ambitieuses en diable : «On va tenter d’aller chercher cette première place en championnat». Ça en fait, des annonces, pour un garçon de 21 ans, au moment où son club tente encore de se cacher du mieux qu’il peut dans sa course à l’excellence. Et même si au même moment, le Swift n’est encore nulle part, le F91 et le Progrès ont singulièrement réduit la voilure budgétaire, le champion en titre differdangeois doit travailler à reconstruire son secteur offensif.

«Tout le monde a le droit d’être ambitieux»

Les deux phrases font sourire Yannick Kakoko, dont l’expérience va servir à remettre tout cet étalage de bons sentiments dans le contexte : «Cela fait trois ans qu’on dit que le F91 va se casser la figure, mais l’expérience du club fait qu’ils sont toujours européens. Differdange a gardé sa base défensive. Et quand je vois leur recrutement, je sais d’avance que le Progrès va être très costaud».

Serait-on passé, en quelques lignes, d’un Racing champion potentiel à un Racing qui aura déjà bien de la chance de finir de nouveau européen? «Attention, ça ne m’énerve pas, ce genre de discours. Tout le monde a le droit d’être ambitieux, sourit Kakoko. Notre objectif reste de structurer les méthodes de travail du club, d’être costauds et dans le top 3, puis pourquoi pas de viser le titre à court terme?»

Nous aurait-on changé le coach du Racing, durant la trêve estivale? La thèse de l’enlèvement par des extraterrestres tient la corde : il n’y aurait que ça pour justifier le mot «titre» dans l’une de ses phrases. Pourtant, il est bien là, ce mot, à deux semaines de la reprise et même prononcé presque à contrecœur.

Vive la nouvelle épine dorsale ?

Le budget n’a pourtant pas bougé (ce qui est déjà un gros atout puisque chez beaucoup d’autres, il a baissé). Le RFCU a juste fait différemment, joué sur la quantité pour gagner sur la qualité. Moins de joueurs. Ils seront compensés par la foi inébranlable en la capacité de l’académie à fournir des munitions au besoin. Mais cela a permis de recruter une nouvelle épine dorsale avec Lesquoy, Freire, Stolz… bref, des garçons qui nécessitent un investissement supérieur en termes de masse salariale.

Il y aura deux clefs pour mesurer la capacité du Racing à passer le cap du gros outsider qui ne s’ignore pas mais fait bien semblant. Déjà la capacité à rester au moins, comme la saison passée, la deuxième meilleure défense du pays («On peut apprendre à réagir plus vite, dans ce domaine», explique Kakoko). Ensuite, l’émergence d’un avant-centre qui plante.

Après avoir tergiversé autour de l’argent à investir autour de ce numéro 9 qui tardait à apparaître, le RFCU a fait tapis sur Daoud, un garçon très complet, ex de Lens et du FC Metz notamment. À 24 ans, il a encore besoin d’un peu de travail pour être au taquet. Semblerait que ce ne soit pas le cas du bloc défensif, déjà bien en place. Le genre de certitude qui fait gagner des titres, paraît-il. Mais «titre», c’est encore un gros mot, au stade Achille-Hammerel.