Les combats ont repris autour de la ville de Soueida. La communauté druze est plus menacée que jamais.
Des affrontements opposent vendredi en Syrie des combattants tribaux proches des autorités à des groupes druzes aux portes de la ville de Soueida, où des affrontements ont fait des centaines de morts et des dizaines de milliers de déplacés ces derniers jours.
L’ONU a appelé à arrêter «l’effusion de sang» et demandé des enquêtes «rapides» et «transparentes» sur les affrontements dans cette région du sud de la Syrie qui ont éclaté dimanche soir et fait près de 600 morts selon une ONG. «Ce n’est plus un hôpital, c’est une fosse commune», a déclaré Rouba, membre du personnel de l’hôpital gouvernemental de la ville de Soueida. «Nous n’avons pas d’eau, pas d’électricité, les médicaments commencent à manquer», ajoute cette femme qui ne veut pas donner son nom de famille. L’établissement, le seul encore fonctionnel dans cette ville à majorité druze, a accueilli «plus de 400 corps depuis lundi matin», parmi lesquels «des femmes, des enfants et des personnes âgées», a déclaré le médecin Omar Obeid.
Un pouvoir toujours plus fragile
Ces violences fragilisent encore plus le pouvoir du président intérimaire, Ahmad al-Chareh, qui a renversé, à la tête d’une coalition de groupes rebelles islamistes le président Bachar al-Assad en décembre, dans un pays meurtri par près de 14 ans de guerre civile.
Le pouvoir syrien, disant vouloir rétablir l’ordre, avait déployé ses forces mardi à Soueida, jusque-là contrôlée par des combattants druzes. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), des témoins et des groupes druzes ont toutefois accusé les forces syriennes d’avoir combattu au côté des bédouins et d’avoir commis des exactions. Les forces gouvernementales s’étaient retirées jeudi de la ville, après des menaces et des bombardements d’Israël qui a dit vouloir protéger la minorité druze, M. Chareh affirmant sa volonté d’éviter une «guerre ouverte» avec Israël. Un cessez-le-feu a été conclu entre les parties syriennes mais la présidence a accusé jeudi soir les combattants druzes de l’avoir violé.