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Baby-foot au Luxembourg : «À nos débuts, on y allait surtout pour participer»


Steve Dias et Carlos Ribeiro sont membres de l’équipe nationale de baby-foot du Luxembourg. (Photos : julien garroy)

Le baby-foot est bien plus qu’un simple jeu de café au Luxembourg. Pour des passionnés comme Steve Dias et Carlos Ribeiro, c’est un véritable sport qui les a menés jusqu’aux sommets mondiaux.

Tandis qu’à l’extérieur de la rue, les bruits des trains se font entendre, au Milk Bar Play, dans le centre-ville d’Esch, l’ambiance est bien différente. Au fond de l’établissement, des jeunes, sûrement novices, s’essaient au jeu du billard. Steve Dias et Carlos Ribeiro, sont, eux, scotchés à leur table favorite, le baby-foot. Ces deux Luxembourgeois ont découvert il y a bien longtemps ce jeu qu’ils considèrent, aujourd’hui, comme un véritable sport. Et c’est bien le cas, car au Grand-Duché, comme de nombreux pays européens, le baby-foot a sa propre fédération, sa ligue et ses joueurs.

Steve Dias, 40 ans, policier dans la vie, a baigné dans cet univers dès ses 5 ou 6 ans. «J’ai découvert ce sport grâce à ma famille. Mes oncles étaient champions du Luxembourg. À chaque fois qu’il y avait un match de championnat ou un tournoi, je les accompagnais», confie-t-il. Carlos Ribeiro, 39 ans, chauffeur de bus, a lui commencé à jouer à ce sport à l’adolescence. «C’était dans les années 1990, j’allais au café avec mon père. À l’époque, il y avait des baby-foots un peu partout. Quand je sortais de l’école, le Milk Bar était mon premier terminus. Au fur et à mesure, j’ai commencé à venir tous les jours et à entrer dans les championnats», se souvient-il.

Au fil des années, les deux Luxembourgeois se prennent de passion pour ce sport qui allie «stratégie et adrénaline». Ils décident alors de rejoindre l’équipe nationale luxembourgeoise. «À nos débuts, on y allait surtout pour participer. On était très loin de penser à une possible victoire», confie Carlos Ribeiro.

À notre époque, on venait tous au café pour jouer au baby-foot. C’était notre point de rencontre

Mais la donne change dans les années 2010. À force d’expérience, les huit joueurs qui composent l’équipe nationale luxembourgeoise commencent à enchaîner les victoires et l’expérience. En 2015, la sélection nationale de baby-foot remporte même le championnat du monde à Turin.

Un trophée qu’ils auraient pu remporter à nouveau, il y a quelques semaines, en Espagne. «Nous avons été battus par les États-Unis en finale. C’est une très bonne place, mais forcément, on voulait gagner une deuxième fois ce championnat. On s’était mis pas mal de pression», regrette Steve Dias, joueur et entraîneur de l’équipe nationale. Un objectif qui reste faisable pour cette équipe qui fait partie, aujourd’hui, des quatre meilleures nations au niveau mondial. «On réussira la prochaine fois, on s’entraîne pour, en tout cas», ajoute le sélectionneur.

«Avec le covid, l’intérêt pour le baby-foot s’est essoufflé»

Dans deux ans, l’équipe nationale retrouvera, donc, les championnats du monde de baby-foot. Deux ans où les joueurs luxembourgeois, tous amateurs, devront jongler entre les entraînements et leur vie professionnelle. «Nous ne gagnons rien lors des compétitions. Les déplacements sont au frais de la fédération. Forcément, on ne peut pas participer à toutes les compétitions. Mais c’est le cas aussi pour les joueurs internationaux. Il y a quelques professionnels, notamment au sein de l’équipe américaine», note Carlos Ribeiro, vice-président de la fédération luxembourgeoise de baby-foot.

Mais qu’importe, pour ces deux Luxembourgeois, c’est bien la passion pour ce sport qui les animent. Alors, ils ne comptent pas les heures d’entraînement. «La plupart des joueurs ont des tables à la maison. Chacun s’entraîne chez soi. Avant la crise sanitaire, nous avions un local pour nous, mais malheureusement, nous avons dû le fermer», explique Carlos Ribeiro. Pour préparer au mieux les compétitions internationales, durant l’année, chaque joueur de l’équipe nationale joue au sein du championnat luxembourgeois. «C’est exactement comme au football, nous avons des équipes qui représentent des villes. Cette année, nous en avons huit. Tous les vendredis, nous avons le match de championnat qui se déroule dans des cafés», indique Steve Dias.

Le baby-foot est un sport reconnu au Luxembourg. Il possède son propre championnat et sa propre ligue.

Un championnat, qui, est cependant en perte de vitesse depuis la crise sanitaire. «Avant le covid, nous avions presque une trentaine d’équipes et même plusieurs divisions. Mais avec la fermeture des cafés pendant plusieurs mois, l’intérêt pour le baby-foot s’est un peu essoufflé», indique l’entraîneur de l’équipe luxembourgeoise. Un intérêt qui s’est aussi perdu du côté des jeunes. «Il y en a toujours qui viennent, mais ce n’est pas comme dans le temps. Quand ils sortent de l’école, ils rentrent à la maison pour jouer aux jeux vidéo. Nous, à notre époque, on venait tous au café pour jouer au baby-foot. C’était notre point de rencontre», se souvient Carlos Ribeiro.

Alors si le but de l’équipe nationale est de promouvoir le baby-foot à la jeune génération, les joueurs et la fédération de kickersport souhaitent également développer ce sport au Luxembourg. Et ils ont déjà de nombreuses idées en tête. «On voudrait mettre en place, au niveau national, une équipe de vétérans, de femmes et pourquoi pas de juniors (…). C’est un sport qui se développe aussi de plus en plus chez les femmes», explique Carlos Ribeiro. Mais ce n’est pas tout. «Dans certains pays, la pratique du baby-foot est liée aux clubs locaux de foot. On réfléchit à faire cela au Luxembourg», ajoute Steve Dias.

Et puis évidemment, l’un des principaux objectifs reste un deuxième titre de champion du monde. «Je pense que nous avons un vrai point fort par rapport à certains pays. Comme nous sommes une petite nation, nous pouvons jouer très régulièrement ensemble. On se connaît tous», indique Carlos Ribeiro. Alors, la prochaine Coupe du monde sera-t-elle la bonne? Réponse dans deux ans.

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