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Le pygargue en Moselle : un oiseau surveillé de près 


Ces deux poussins pygargues ont pu être secourus après la chute de leur nid. Un sauvetage épique. (Photo : cédric gentilhomme/domaine de lindre)

Un quatrième nid de pygargues vient d’être localisé en Moselle. La population augmente doucement, grâce à l’action d’associations mobilisées pour assurer la protection de l’espèce.

La survie de chaque pygargue compte. Cette espèce de grands aigles pêcheurs réapparue en France, en Moselle, en 2011, reste très fragile. Il n’y a que neuf couples référencés sur le territoire national en capacité de se reproduire. « Et ils viennent tous du Lindre ! », explique Anthony Kohler, responsable animalier, arbre généalogique de l’espèce en main. Tous les espoirs reposent sur un important programme d’introduction de jeunes pygargues en milieu naturel porté au lac Léman. Il permettra aussi d’apporter un brassage génétique nécessaire. Mais dans l’immédiat la priorité est d’accompagner au mieux la reproduction naturelle.

Une véritable catastrophe s’est produite dans la nuit du 7 au 8 juin près de l’étang de Lindre. Le couple historique sud-mosellan a donné naissance au printemps à deux jeunes, après avoir donné quelques frayeurs aux bénévoles chargés de les suivre tout au long de l’hiver. Les deux adultes avaient disparu du paysage, les pièges photographiques installés près de leur nid sont restés muets. Une opération a été lancée par plusieurs associations pour installer des observatoires sur des points hauts et réussir à les localiser.

« Il fallait repérer l’endroit dans la forêt où ils vont plonger, puis vérifier sur place la présence d’un nid », raconte Anthony Kohler. Il planque dans les bois au petit matin : « À 8 h 58 je vois un pygargue se poser sur le nid… Ils étaient bien là ! »La construction est achevée, la ponte a lieu début mars. L’envoi d’un drone le 13 mai confirme la présence de deux poussins. Formidable !

Un pygargue sur un tas de fumier

Sauf que début juin, un coup de vent nocturne balaie le nid qui s’écrase plusieurs mètres en contrebas. «Nous avons découvert un poussin vivant au sol qui a aussitôt été mis en sécurité», se souvient Anthony Kohler. Pas de traces du second. Les recherches menées à proximité ne donnent rien. Pas de plumes au sol et rien dans les terriers proches, le poussin a disparu ! «Je l’ai cherché partout», assure-t-il. Un pygargue même jeune est imposant. Le 15 juin, alors que plus personne n’y croit, une photo s’affiche sur son téléphone, tard le soir : «Je vois un jeune pygargue sur un tas de fumier à trois minutes d’où j’étais. J’ai foncé!»

La jeune femelle découverte par une soigneuse du parc animalier de Sainte-Croix de Rhodes est totalement déshydratée, anémiée, décharnée et en état d’hypothermie. «Elle n’aurait pas tenu deux jours de plus, constate Alexandre Portmann, directeur du Centre de sauvegarde de la faune lorraine (CSFL). Elle était d’une maigreur absolue avec un poids de 3,190 kg au lieu des 5 kg à cet âge. Le premier soir on l’a placée sur un lit bouillotte en espérant déjà qu’elle tienne la nuit… Et le lendemain, elle était toujours là!» Bien qu’habitué à soigner de grands rapaces, le CSFL a innové : «Des jeunes comme ça, on n’en a jamais!»

Après huit jours de soins intensifs et de nourrissage, la petite pygargue s’était remplumée : 4,6 kg. Apte au transport, elle a été emmenée au centre de réintroduction des Aigles du Léman où elle a retrouvé son frère. « Quand ils se sont vus, ils ont crié, se remémore avec émotion Alexandre Portmann. Il y a sans doute un peu d’anthropomorphisme, mais c’était troublant, comme s’ils s’étaient reconnus! Dès que le frère a pu sauter de sa position en hauteur, il a rejoint sa sœur et ils ne se quittent plus.» Les deux jeunes rescapés ont été intégrés au programme de lâchers prévu en septembre. «Ce serait intéressant de voir s’ils reviennent ensuite en Moselle, confie Anthony Kohler. Pour l’instant on n’en sait rien mais c’est possible…» Nul doute qu’ils seront très suivis dès qu’ils auront pris leur envol.

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