Jusqu’en 2020, Boulange et ses 2 400 habitants ont abrité l’un des établissements les plus surprenants de la région. Ce qui était une boîte de nuit classique à son ouverture en 1986 est devenu la première discothèque sans alcool de France en 1991, puis un club libertin en 2015. Retour sur l’évolution des lieux.
Les plus anciens se souviennent sans doute du Météore. En janvier 1986, la foule se presse aux portes de cet établissement qui bouscule la quiétude nocturne boulangeoise. À cette heure-ci, les rares commerces ont déjà baissé le rideau. La ville, dont la mine de fer a fermé dix-sept ans plus tôt, compte moins de 2 000 habitants. Et pourtant, bientôt, le vrombissement des enceintes côtoie celui des rares voitures qui traversent la rue de Verdun. Jusqu’à sa fermeture à la fin des années 1980, la petite boîte de nuit de 400 m² est fréquentée par une clientèle préférant l’intimité aux vertiges des établissements périphériques ou des boîtes de nuit, trop fréquentées, des grands centres-villes.
Sodas à volonté
Une intimité qui sied justement au club Sanzal. Cette association, dont le siège national se trouve alors à Hayange, vient en aide aux personnes souffrant d’addiction à l’alcool. Dans les années 1980 et 1990, elle essaime en Moselle et sur le territoire national. La reconnaissance d’utilité publique, en 1990, vient couronner l’engagement des bénévoles et leurs idées novatrices.
Trois ans plus tôt, l’association a ouvert le premier bar sans alcool à Yutz. Il fera des petits à Hayange, Sarreguemines et Montigny-lès-Metz. Mais Sanzal veut aller plus loin.
«Moins de morts le week-end, moins de jeunes qui se démolissent, ça vaut bien ce que certains appellent une aventure», explique en 1990 son président, André Jacques, pour justifier l’investissement de l’association de 700 000 francs (soit 160 031 euros) dans la première discothèque sans alcool de France. Son nom : le MGM. L’établissement ouvre ses portes le 19 octobre 1991. Ni bières ni cocktails à la carte mais diabolos, sodas et jus de fruits, à volonté. La recette est «casse-gueule», mais le message que veut faire passer l’association l’emporte sur le souci de rentabilité.
Une aventure qui s’arrête brusquement, quelques mois plus tard. «Il y a eu des détournements de fonds. L’idée était bonne, mais ça n’a pas été géré correctement, c’est dommage…», affirme de nos jours Rose Untereiner, la présidente du club Sanzal, dont les locaux se trouvent désormais à Montigny-lès-Metz.
Club libertin
Le MGM avait vécu. La liesse, elle, n’allait pas disparaître à jamais. Vingt-quatre ans plus tard, les murs de la discothèque ont de nouveau tremblé. En 2015, un couple de trentenaires, Karim et Anaëlle, a racheté les locaux. Après de longs mois de travaux, il a ouvert le Quai 57, un club libertin privé pour échangistes qui a vite trouvé son public. Des couples venus pimenter leur vie sexuelle dans l’une des chambres privées ou à même la piste de danse. Des célibataires, heureux de pouvoir enfin trouver un lieu qui leur ressemble, en pleine ruralité. Les soirées coquines boulangeoises ne gênaient plus grand monde parmi la population lorsque l’établissement a fermé, en octobre 2020, en pleine crise du covid. Un épilogue pour la discothèque de Boulange, transformée de nos jours en une jolie boutique de fleurs.