La journée portes ouvertes de la caserne militaire de Diekirch a attiré hier de nombreux visiteurs qui ont profité des nombreuses démonstrations, sans oublier le contexte militaire actuel.
«Et voilà, tous nos impôts qui partent d’un coup», lance, blagueur, un homme qui est néanmoins aux premières loges afin d’assister au spectacle qui se joue au-dessus de sa tête. Dans le paisible ciel de Dierkirch, l’imposant A400M vient de survoler à basse altitude la caserne militaire Grand-Duc Jean, escorté par deux avions de chasse F-16. Ce défilé aérien d’exception marque le début d’une «grande démonstration» des capacités opérationnelles de l’armée qui organisait hier sa journée portes ouvertes.
Il est à peine 11 h 30, le public est déjà présent en nombre dans la caserne et les petits embouteillages à l’entrée de la commune présagent une belle affluence. Les Luxembourgeois sont venus voir leur armée de près et ne vont pas être déçus par la suite de la démonstration. Après le ciel, les soldats font le show sur terre en présentant quelques-unes de leurs manœuvres tactiques lors d’une attaque. Sur le terrain d’exercice, drones, tirs des tourelles automatiques, snipers et missiles antichar sont de concert avec les flammes, la fumée et les fumigènes.
«La paix a un prix»
Après 30 minutes de démonstration, les véhicules repartent et laissent derrière eux de nombreux applaudissements. «C’était très impressionnant et immersif», note Éric, dont les deux jeunes garçons sont tout aussi séduits. C’est pour eux que le père de famille a fait le déplacement depuis la capitale : «Je suis déjà venu aux dernières portes ouvertes, mais je voulais leur montrer parce qu’ils aiment beaucoup les véhicules notamment.» Comme pour eux, cette journée portes ouvertes est pour beaucoup synonyme de sortie dominicale en famille.
«Je dirais qu’il y a beaucoup plus de monde qu’en 2022», estime Alain, présent lors de la dernière édition. Un bon signe selon lui : «Cela me met du baume au cœur de voir qu’il y a autant de monde, les gens ont les pieds sur terre et sont conscients que la paix a un prix». Malgré son discours, il n’a pas de passé militaire, mais deux de ses trois enfants portent, eux, l’uniforme camouflage. Devenu «presque un spécialiste de l’armée via mes enfants», Alain comprend l’effort de défense fixé à 2 % du PIB pour les pays de l’OTAN, dont le Grand-Duché. «Savoir qu’il y a des gens pour nous défendre me permet de dormir un peu mieux», confie-t-il.
Dans quelques années, Roméo sera peut-être devenu comme Alain puisqu’il est le père d’un adolescent «fan de l’armée et de l’aviation». Âgé de 17 ans, il a entraîné sa famille à Diekirch afin de se renseigner sur son futur employeur. «Cela fait 30 minutes que je l’attends, il est parti au stand des snipers avec sa mère et ils ne reviennent pas», raconte Roméo qui, sans un problème physique, aurait également voulu être militaire, comme son père.
Les alliés voisins présents
Malgré le jeune âge de certains enfants, beaucoup sont attirés par les armes exposées dans les divers stands. Avec leurs bobs camouflage sur la tête, ils font la queue pour tenir un sniper dans les mains ou piloter une tourelle automatique. Pendant ce temps, les parents discutent parfois longtemps avec les soldats. «Les gens sont très intéressés et posent beaucoup de questions», constate un membre du 13e bataillon des Chasseurs alpins de Chambéry (France), l’une des huit unités étrangères invitées aux portes ouvertes.
Placés aux côtés du bataillon belge des Chasseurs ardennais, les soldats français sont venus présenter les véhicules Griffon, Serval et Jaguar issus du programme «Scorpion» de leur armée de terre. Leur présence illustre la coopération étroite entre le Grand-Duché et ses voisins puisque de tels véhicules seront bientôt la possession du bataillon binational belgo-luxembourgeois de reconnaissance de combat. La France est donc un nouvel allié, et un allié séduit par l’armée luxembourgeoise. «C’est une bonne armée et nous avons été très bien accueillis ici, les infrastructures de la caserne sont incroyables», loue le chasseur alpin.
L’objectif d’une telle collaboration transfrontalière réside dans le partage d’informations afin d’«améliorer l’interopérabilité des forces armées». Cette doctrine est chère à l’Union européenne qui souhaite des progrès en la matière dans le but d’améliorer sa défense commune. À ce sujet, la ministre de la Défense, Yuriko Backes, présente sur place, a confirmé que le Luxembourg devrait tenir son engagement d’investir 2 % du RNB dans la défense à partir de cette année. Soit près de 1,18 milliard d’euros. De quoi promettre de futures portes ouvertes avec encore plus de moyens, de matériels et de public ?

