Béatrice Berlaimont a été retrouvée morte dans les bois le 1er décembre 2014. Un an après jour pour jour, sa mère, Isabelle Hustin, se confie. Elle demande que Jérémy Pierson, auteur présumé du rapt, ne sorte plus jamais de prison.
Sa mère l’appelait « ma grande ». Elle était « mature », « réservée » et « aimait la musique ». Béatrice Berlaimont, 14 ans, a été retrouvée morte, pieds et poings liés, une cordelette autour du cou, dans une sapinière de Sesselich, près d’Arlon, le 1 er décembre 2014. Le 21 novembre, l’adolescente avait disparu sur le chemin de l’école, l’Athénée royal. « Ce n’était pas son genre d’être en retard. Elle ne traînait pas dehors, elle aimait être à la maison », témoigne sa maman, Isabelle Hustin, un an jour pour jour après sa disparition.
D’intenses recherches sont menées dans ce Luxembourg belge hanté par la mémoire du pédophile le plus haï du pays, Marc Dutroux, et qui replonge dans les heures sombres vécues au milieu des années quatre-vingt-dix. « Je suis moi-même partie sur les routes, de nuit, mais j’ai vite abandonné. Je ne savais pas où aller. » Les enquêteurs sont sur la trace d’un jeune récidiviste (dégradations, vols de voiture, petites affaires de mœurs), auteur présumé du rapt.
Pierson passe aux aveux en mars
Le 4 décembre, Jérémy Pierson, 27 ans, d’Arlon, agresse et viole une automobiliste au cours de sa fuite et s’embourbe au volant de sa Volvo volée. Les traces ADN qu’il laisse à ce moment permettront son identification. Le 9 décembre, à Saint-Avold, il attaque au couteau une autre automobiliste qui lui résiste et le repousse. Puis il vole une voiture et rentre chez lui, dans l’appartement où il vit. En face du commissariat de police d’Arlon…
Son arrestation rassure néanmoins toute une population gagnée à nouveau par la psychose des années noires. La famille de Béatrice, elle, débute son chemin de croix. Au gré des informations qui filtrent sur une enquête au cours de laquelle Pierson nie pendant des mois avant de passer aux aveux au mois de mars. Il reconnaît la séquestration et le rapt, pas le meurtre. La jeune fille a été violée, retenue dans une voiture puis dans un conteneur à l’ancienne caserne Callemeyn. « J’ai eu accès au dossier. Il est terrible. En le lisant, j’ai tout fait pour éviter de penser qu’il s’agissait bien de ma fille.» Elle a beaucoup de mal à accepter la vie sans Béatrice. « Surtout lors de tous les événements importants de l’année, les fêtes », souffle Isabelle, émue.
Son monde s’est effondré quand elle a appris la mort, ce 1 er décembre 2014. « J’étais en état de choc, bouleversée, traumatisée. » Moins de dix jours plus tard, Pierson est arrêté. « Ce que j’ai pensé? On était sûrs quasiment dès le début que c’était lui. On avait besoin de savoir s’il était seul, s’il y en avait d’autres. Quand j’ai été convaincue de sa culpabilité, j’ai tout de suite voulu qu’il ne sorte plus jamais de prison. » Très entourée depuis les faits, bien accueillie et informée par le juge Langlois qui dirige les investigations, Isabelle Hustin sait qu’il lui faudra affronter Pierson lors de son procès prévu fin 2016. « Il reste encore beaucoup de questions en suspens. J’attends juste de la justice qu’il reste en prison à vie. J’ai confiance. Il doit avoir une peine à la hauteur de l’horreur qu’il a commise. »
Alain Morvan (Le Républicain lorrain)