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[Musique] NOSI, un DJ luxembourgeois à Tomorrowland


Le 19 juillet, NOSI sera derrière les platines de la Crystal Garden, sa scène préférée du festival Tomorrowland, en Belgique. (Photo : jonas diesing)

Année folle pour NOSI : alors que sa chanson So Good cartonne, voilà le DJ-producteur luxembourgeois de 25 ans à l’affiche de Tomorrowland la semaine prochaine. Entretien.

Eric Nosbusch n’est pas qu’un simple étudiant en histoire à Vienne, en Autriche. Sous le nom de NOSI, il se mute en DJ qui, ces dernières nuits estivales, multiplie les shows, au rythme de trois par semaine. Mais il y en a un qui arrive, plus important que tous les autres : le 19 juillet en début d’après-midi, il sera en effet derrière les platines de la Crystal Garden, sa scène préférée du festival Tomorrowland, en Belgique. Habitué à y aller en tant que spectateur, ce coup-ci, c’est lui qui va monter le son. Sa présence dans ce haut lieu de la musique électronique tient sûrement au succès de So Good, morceau qui, depuis février, affole les compteurs. Désormais soutenu par le label Disorder, le jeune homme raconte cette croissance éclair et sa manière de la vivre. Rencontre.

Le 19 juillet, vous allez jouer sur l’une des scènes du festival Tomorrowland. Êtes-vous excité ?

NOSI : C’est encore quelque chose que je n’ai pas encore réalisé à 100 %. Quand on commence à être DJ, ce festival, on en rêve. Personnellement, je me suis toujours dit que j’irais un jour pour y jouer. J’en étais même persuadé, et maintenant que ça arrive, je n’y crois pas (il rit).

Comment est-ce arrivé ?

Je m’en souviens bien : c’était le 22 février à l’Atelier. Dans la salle, il y avait un « talent buyer » de Tomorrowland, une sorte de dénicheur d’artistes qui était là pour Bunt, DJ allemand pour lequel j’assurais la première partie. J’ai l’habitude, après un set, de jeter un œil aux réseaux sociaux, de regarder si quelqu’un m’a mis dans sa story… Là, je tombe sur son nom, je vois qu’il est envoyé par le festival et, dans la foulée, il m’écrit pour me voir en backstage. Bref, on discute, il aime ce que je fais, il dit qu’il va voir avec son équipe, sans rien me promettre. Quelque temps après, je reçois un message de sa part sur Instagram : « Je crois que ton manager a une surprise pour toi ».

Comment as-tu réagi ?

C’était bizarre, car j’étais en studio. J’étais content, bien sûr, mais j’étais concentré sur mes idées. Du genre : « Tomorrowland? Cool. Mais on peut changer la basse sur ce morceau? » (il rit).

C’est quoi, Tomorrowland, pour un DJ ?

Je fais souvent la comparaison avec les athlètes : ce festival, c’est les Jeux olympiques des DJ! C’est l’endroit où il faut jouer au moins une fois dans sa vie. Même les grands artistes qui viennent des États-Unis sont contents d’être là. Tomorrowland, c’est un nom, une référence.

S’y prépare-t-on différemment ?

Non, car toutes les dates sont importantes. Quand vous jouez à Neimënster devant 3 000 personnes, ça exige tout autant de sérieux. Après, je reste quelqu’un de consciencieux : je suis toujours le nez dans mes sets, à me demander quel morceau peut marcher ou non. Ils changent souvent d’ailleurs, car un DJ doit être attentif au public devant lui, et s’y s’adapter. Je vois ça comme un examen : vous apprenez tout pour mieux répondre aux questions qui vous seront demandées.

Tomorrowland, c’est les Jeux olympiques des DJ

Est-ce que ce rendez-vous peut apporter un coup d’accélérateur à votre carrière ?

Sûrement. Je le remarque déjà en termes de crédibilité. En tout cas, Tomorrowland, c’est le sujet numéro un du moment. Tous ceux que je rencontre m’en parlent! Idem sur les réseaux sociaux, où je reçois plein de messages, notamment du Luxembourg. Recevoir tous ces soutiens, cet amour, c’est une chance, car c’est assez rare. Quand on est DJ à Vienne, par exemple, c’est différent, car on se fond plus dans la masse. J’en suis d’autant plus reconnaissant.

Pensez-vous que le public va attendre votre tube So Good

Oui, normalement. Ça s’observe dans des endroits où les gens ne me connaissent pas vraiment. Une fois que le morceau arrive, ils se disent : « Ah, mais c’est lui! ». Et souvent, durant les minutes qui suivent, le public est plus motivé, énergique. Il ne faut pas oublier qu’en dehors du Luxembourg, je suis le musicien d’un seul titre. Aucun n’a eu le même impact, la même résonance que So Good.

Justement, depuis sa sortie, le 7 février, ce morceau cartonne. Les chiffres donnent le vertige : 30 millions d’écoutes sur Spotify, 4 millions de vues sur TikTok, 23 millions de streams… Comment vivez-vous ce succès ?

(Il souffle) C’est incompréhensible. Et puis, c’est quoi 30 millions? Comment évalue-t-on ça? Ça m’a mis un peu K.-O. et ça m’a laissé une drôle d’impression : un succès, c’est quelque chose dont on rêve en tant qu’artiste, et quand il arrive, on pense que tout va changer. Ce n’est pas le cas… C’est vrai, autour de soi, les regards changent et ça ouvre des opportunités auprès de labels, d’autres artistes. Mais moi, je suis toujours la même personne, un DJ qui fait ça depuis de nombreuses années. Ce décalage est bizarre à vivre. Il faut du temps pour s’y faire.

Pourquoi ce morceau marche-t-il si bien, et pas un autre ? 

C’est les gens qui l’ont décidé, pas moi! Disons que c’est arrivé par hasard : il y a eu Break the Silence en décembre 2024, et j’avais deux-trois autres titres en réserve, que je comptais sortir cette année. So Good n’était pas de ceux-là. C’était le truc sur lequel j’ai bossé tranquillement après mes examens. Durant cette période, j’ai accueilli un ami chez moi. À un moment, je trouve une voix qui colle bien à l’atmosphère du morceau, et là, il lève la tête depuis le canapé et me dit : « Mais c’est énorme, ça! ». Parallèlement, je préparais le Luxembourg Song Contest (NDLR : il y a joué un remix de Poupée de cire, poupée de son), mais juste comme ça, j’ai mis le titre sur TikTok.

Que s’est-il alors passé ? 

Mon manager s’est énervé, car on avait beaucoup trop de travail pour s’amuser (il rit). Je me suis excusé, mais il y avait un truc avec ce morceau. Ça marchait. Alors j’enchaîne, je fais d’autres vidéos qui font chacune plus de vues, et c’est là que les mails commencent à arriver : un premier, puis deux, puis cinquante! Les labels s’agitaient. Même dans les coulisses du LSC à la Rockhal, le téléphone n’arrêtait pas de sonner.

Vous dites que So Good vous a fait entrer « dans une autre dimension ». Dans quel sens ? 

Avant, je n’étais pas sur les radars internationaux. Ce morceau m’a offert des possibilités, comme celle d’être en contact avec des labels, des producteurs. Ou de voir des DJ, comme GENESI, en faire un remix. Autre exemple : j’ai été voir Arodes en concert à Amsterdam en octobre, l’un des plus grands DJ selon moi, et j’apprends aujourd’hui qu’il joue régulièrement So Good. Ce n’est pas rien… Bref, professionnellement, les portes s’ouvrent. Ça vous permet de monter en niveau.

Justement, quand vous jouez en soutien de Paul Kalkbrenner ou de Steve Aoki, allez-vous leur demander des conseils ?

Ce sont des gens normaux : ils peuvent être fatigués, ne pas avoir envie de parler, ni avoir le temps pour le faire. Ça se comprend : ils jouent tous les soirs, et des mecs comme moi qui assurent leur première partie, il y en a des tonnes. J’ai toutefois eu une discussion sympathique avec Marten Hørger au LOA Festival. J’avais lu qu’il était en studio dès six heures du matin. Il m’a expliqué que c’était le moment de son pic de créativité. Moi, c’est plutôt en fin de journée…

Être DJ, ça s’est imposé comment chez vous ?

J’ai toujours aimé regarder les vidéos de Tomorrowland et d’autres festivals, et au lycée Ermesinde à Mersch, pendant la pause de midi, j’ai pu m’amuser avec une table de mixage. Ça m’a plu, et la bonne impression s’est confirmée quand j’ai vu ensuite des DJ à l’œuvre, en vrai, en soirée.

Une fois que So Good arrive, les gens du public se disent : « Ah, mais c’est lui! »

La musique, est-ce une activité quotidienne ?

Je suis rarement derrière mes platines à travailler mon set, car au bout d’un moment, on ne peut rien faire de plus. On plafonne. Par contre, la production m’obsède. Je suis toujours en train de me casser la tête sur les morceaux, à les changer, les améliorer… Ça ne quitte jamais mon esprit. Même quand j’écoute le son des autres, je me dis : « mais comment il fait ça? ». Oui, je suis un geek de l’electro!

Comment définiriez-vous votre style, et va-t-il évoluer ?

Idéalement, j’aimerais me situer entre Arodes et John Summit, avec une house mélodique et énergique, un peu afro aussi. Après oui, la musique évolue. C’est une nécessité : il faut être en mouvement, à l’écoute des autres, regarder ce qui va être tendance. So Good en est une illustration : c’est un morceau à part, à la fois pop, indie, dance… qui est venu naturellement.

Le Luxembourg va-t-il devenir trop petit pour vous ?

Aujourd’hui, au Luxembourg, je dois défendre mes propres projets, et ne plus être le DJ invité. D’où les récentes « NOSI Live Series ». Après, c’est certain, il va falloir sortir des frontières, en s’appuyant notamment sur une agence de booking. Ça va être mon objectif de ces deux prochaines années. J’imagine aller jouer aux États-Unis, puis en Europe et à Ibiza. C’est pourquoi je m’oblige à ne pas prévoir des vacances trop loin : le monde, je compte le découvrir en tant que DJ!

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