Aucun train entre Bettembourg et Luxembourg pendant deux mois : pourquoi déjà?

Comme l’année dernière, plus aucun train ne circulera cet été entre Bettembourg et Luxembourg, obligeant des milliers d’usagers (surtout frontaliers) à trouver des alternatives pour se rendre sur leur lieu de travail. Mais pourquoi autant de galères ? Petit rappel des travaux en cours, pour vous rafraîchir la mémoire.

Vous n’en mesurez peut-être pas encore totalement les effets, mais la liaison ferroviaire vers la capitale luxembourgeoise s’améliore d’année en année. Au prix de quelques semaines de sacrifices. Comme ce fut le cas l’année dernière, le trafic entre la France et le Luxembourg risque en effet d’être un peu compliqué à compter de ce samedi 12 juillet. Chantier d’été oblige.

Il sera ainsi complètement interrompu entre Bettembourg et Luxembourg, nécessitant la mise en place de moyens de substitution pour se rendre dans la capitale du pays. Plus de deux mois complets d’interruption, une des périodes les plus longues depuis le début des travaux en 2016. Mais nécessaire, au vu du projet titanesque qui se dessine depuis maintenant presque dix ans.

Premier changement : deux voies de circulation supplémentaires

Une ligne ferroviaire supplémentaire de sept kilomètres est en cours de construction entre les deux villes luxembourgeoises. L’objectif : désengorger la partie la plus fréquentée du réseau des CFL. D’ici à 2027 (date pour l’instant prévue de fin des travaux), le réseau national se dotera donc de capacités supplémentaires, avec deux nouvelles voies créées.

Surtout, cette nouvelle ligne devrait permettre de faire circuler davantage de trains venus de l’autre côté de la frontière, notamment de Thionville et de Metz, et les rendre ainsi indépendants des rames empruntant la ligne Luxembourg/Esch-sur-Alzette/Rodange. Les répercussions éventuelles sur une ligne n’impacteront donc plus automatiquement l’autre.

Dans le détail, durant l’été 2025, pas moins de 500 mètres de voies de la ligne existante entre Bettembourg et Luxembourg vont être déplacés pour libérer l’espace sur lequel reposera une partie des voies à partir de 2026. Les installations caténaires vont être renouvelées ou déplacés. Et 150 mètres de murs antibruit vont être installés.

Deuxième changement : le pôle d’échange Howald

Sorti de terre en décembre 2017 avec un premier quai et deux voies, le pôle d’échange de Howald poursuit sa mue. Cet été, un second quai y sera construit, long de 307 mètres, avec des accès vers le tram et la gare routière. Il sera équipé d’un abri chauffé et d’écrans destinés à l’info voyageurs.

Une fois finalisé, ce nouveau quai sera raccordé à la ligne existante entre Bettembourg et Luxembourg. Le premier quai, quant à lui, sera mis hors service pour permettre de réaliser les travaux préparatoires en lien avec le raccord de Howald à la nouvelle ligne. Une démarche qui demande l’enlèvement de 2 650 mètres de voies, de 4 420 traverses et l’adaptation des installations d’alimentation électrique.

«On va rendre le réseau ferré beaucoup plus robuste», assurait l’année dernière Rui Raimundo, chef de projet de cette nouvelle ligne. «Chaque ligne aura son quai dédié. Aujourd’hui, tout le trafic venant d’Esch-sur-Alzette, de la Lorraine et même le trafic fret passent sur cette ligne Luxembourg-Bettembourg. Ça fait beaucoup! Le but, c’est d’éliminer ce goulot d’étranglement.»

Troisième changement : une gare plus adaptée

Vous l’aurez compris, la gare de Luxembourg représente un véritable point névralgique du réseau où converge l’entièreté des lignes de trains. Pour limiter les croisements de lignes différentes qui peuvent être à l’origine de retards, la gare poursuit donc une transformation complète depuis 2018.

Durant ces deux prochains mois, un autre jalon important sera franchi, avec l’adaptation du quai IV (desservant les voies 9 et 10) et de différents aiguillages. À terme, chaque ligne de train disposera de sa voie dédiée dans la gare de la capitale.

À noter également que les CFL procèdent à l’allongement des quais dans les différentes gares afin d’augmenter leurs capacités de près de 50 % à bord des trains.

Un mal pour un bien donc ? Même si ces interruptions estivales compliquent la vie de milliers d’usagers, elles dessinent progressivement un réseau ferroviaire plus fluide, plus robuste et plus adapté aux défis de la mobilité transfrontalière. Alors, encore un peu de patience : en 2027, le train devrait enfin rouler sans accrocs… ou presque.

Plus d’une décennie de travaux

Amorcés en 2016, les travaux devraient prendre fin en 2027. Les CFL prévoient en effet une mise en service de la nouvelle ligne à partir de septembre 2027.

Une décennie de chantiers qui «s’explique par la complexité des travaux réalisés ainsi que par la complémentarité du projet principal avec ceux de l’extension du pôle d’échange Howald et de la transformation de la gare de Luxembourg. Sans tenir compte de ces projets, les nouvelles voies de la nouvelle ligne ne pourraient pas être utilisées de manière efficace», explique Tom Ewert, le porte-parole des CFL.

Les durées prolongées des travaux s’expliquent aussi par le volume de travail et la volonté des CFL de tenter de minimiser l’impact des travaux sur leur clientèle en cumulant un maximum de travaux pendant des périodes de moindre affluence où des bus sont disponibles.