OGBL, LCGB et CGFP comptent renouer avec le dialogue social. Des doutes persistent toutefois sur la volonté du gouvernement et du patronat de négocier des accords acceptables pour tous.
Dix jours après la manifestation nationale, les partenaires sociaux vont se retrouver cet après-midi, pour une première réunion formelle en format tripartite depuis le clash du mois d’octobre 2024.
Avec la CGFP, l’Union des syndicats OGBL-LCGB aborde les pourparlers avec un espoir majeur : le rétablissement d’un vrai dialogue social constructif. Dans cet ordre d’idées, un premier succès a pu être acquis. Le Premier ministre, Luc Frieden, a en effet accepté d’amender l’ordre du jour, sur lequel figurent désormais, en plus de la réforme des pensions, trois autres dossiers brûlants : les conventions collectives, le travail du dimanche et les heures d’ouverture dans le commerce ainsi que le niveau du salaire social minimum.
Les conventions collectives décisives
Cette concession sur la forme a fait que l’OGBL et le LCGB ont accepté l’invitation. «L’objectif doit désormais être de mener une négociation ouverte, avec pour objectif de dégager, au mieux, des accords», affirme Nora Back, la coprésidente de l’Union des syndicats. «On est les derniers à dire que nous ne voulons pas discuter ensemble», complète son homologue du LCGB, Patrick Dury.
Pour éviter que la réunion tourne court, le gouvernement – et le patronat – devront néanmoins accepter une première revendication majeure. OGBL et LCGB demandent un «engagement formel écrit» dans lequel est confirmé le droit exclusif des syndicats à négocier et signer des conventions collectives. «Ce dossier doit être évacué en premier. Il n’existe pas de grande marge. Avant de pouvoir discuter des pistes pour augmenter le taux de couverture, comme le réclame une directive européenne, il faudra d’abord pérenniser les droits que nous avons», clame Nora Back.
«Nous devons trouver des solutions. Il s’agit d’une des conditions pour renouer avec le dialogue. On verra ce qui en adviendra», renchérit Patrick Dury.
La piste avancée par le ministre du Travail, Georges Mischo, d’ouvrir la voie à la négociation d’accords d’entreprise, sans le concours des syndicats, se trouve d’ailleurs à la base du conflit social majeur. Le patronat soutient pleinement le projet du gouvernement. Les choses vont-elles bouger aujourd’hui?
Les conventions collectives forment aussi la piste centrale de l’Union des syndicats pour trouver un accord sur la généralisation du travail du dimanche et l’élargissement des heures d’ouverture dans le commerce. Plus technique s’annonce la discussion sur un salaire social minimum correspondant aux critères européens.
Réforme des pensions : un bloc syndical uni
La CGFP va rester attentive aux discussions sur ces trois points qui ne concernent pas directement la fonction publique. «Nous allons nous présenter en bloc syndical face au gouvernement et au patronat en ce qui concerne la réforme des pensions», annonce Romain Wolff. «Le gouvernement a tout intérêt à discuter de manière convenable de la réforme. Or, au vu des récentes prises de parole, je ne suis pas sûr qu’il ait compris nos messages», fait remarquer le président de la CGFP.
Si le Premier ministre et la ministre de la Sécurité sociale se disent ouverts à discuter de toutes les propositions de réforme qui seront mises sur la table par les syndicats et le patronat, ils maintiennent la piste initiale d’un allongement des années de cotisation (lire également ci-dessous).
«Il est minuit cinq pour trouver des accords», s’échauffe Patrick Dury. Sa collègue Nora Back espère «un retour à la normale». «On voulait des accords, et non pas causer de grabuge, mais les négociations doivent être menées sur base des différents papiers, dont celui des syndicats», termine-t-elle.
Pensions : Frieden défend la piste de travailler plus longtemps
Dans un entretien accordé à nos confrères de Paperjam – le 21 mai dernier, et donc avant la manifestation du 28 juin – le Premier ministre, Luc Frieden, a expliqué davantage la réflexion du gouvernement pour proposer la prolongation de la durée des cotisations avant de pouvoir partir à la retraite.
«Nous avons écouté, réfléchi, puis proposé une piste : rapprocher l’âge de départ effectif de l’âge légal. C’est un choix politique (…) Nous pensons donc qu’on peut demander – avec une période transitoire – à ce que les gens travaillent un peu plus longtemps», développe-t-il.
Le Premier ministre estime encore que «toute réforme des pensions (…) est toujours difficile, parfois douloureuse. Mais nous la faisons parce que nous sommes convaincus que, lorsqu’on a une responsabilité, on doit aussi s’attaquer aux problèmes à moyen et long terme». Il ajoute «refuser de diviser la société (…) entre jeunes et vieux».