La ministre Elisabeth Margue a pris position après l’affaire de l’exclusion d’un de nos journalistes à un point presse de l’équipe nationale de football.
Elisabeth Margue, la ministre de la Justice et ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée des Médias et de la Connectivité, a pris une position ferme et sans détour concernant l’exclusion d’un de nos journalistes à un point presse de la sélection nationale de football. La représentante du gouvernement répondait vendredi à une question parlementaire des députées socialistes Taina Bofferding et Francine Closener.
Pour la ministre, «l’exclusion d’un journaliste du journal Le Quotidien d’un point presse officiel de la Fédération luxembourgeoise de football (FLF), apparemment en raison de la teneur critique de ses articles, soulève des interrogations légitimes sur le respect de la liberté de la presse dans notre société démocratique».
Elle ajoute : «Dans une démocratie fondée sur le pluralisme et la liberté d’expression, il n’est pas acceptable qu’un acteur institutionnel, fût-il non étatique, cherche à écarter un journaliste du débat public en réaction à une critique journalistique. La liberté de la presse, garantie par notre Constitution et par la loi modifiée du 8 juin 2004 sur la liberté d’expression dans les médias, protège également les propos critiques. Le débat public se nourrit de la confrontation des idées, y compris lorsque celles-ci sont dérangeantes pour certains.» Pour Elisabeth Margue, la liberté de la presse suppose que les journalistes puissent exercer leur mission d’information «en toute indépendance, sans subir de représailles ou d’exclusion, même symbolique».
Pour la ministre déléguée auprès du Premier ministre, en tant qu’organisation recevant un soutien public et représentant le Luxembourg dans une «mission d’intérêt général» – celle de la sélection nationale –, la FLF «se doit de respecter les principes fondamentaux de transparence, de pluralisme et de respect de la liberté d’information».
Liberté de la presse : un plan d’action
Les députées socialistes ont rappelé dans leur question que le gouvernement s’est engagé à défendre les libertés d’expression et de la presse. Elles se demandent de quelle manière il compte intervenir afin «de faire face à cette atteinte manifeste à la liberté de la presse». Elisabeth Margue indique que le gouvernement luxembourgeois est pleinement conscient des enjeux liés à la protection des journalistes : «Il condamne toute forme d’atteinte injustifiée à la liberté d’informer, en particulier lorsque celle-ci résulte d’une critique légitime de décisions ayant un impact sociétal». Elisabeth Margue signale que le gouvernement, en la personne du ministre des Sports, s’est clairement exprimé sur cette affaire dans les médias et a eu des échanges avec les responsables de la FLF.
La ministre poursuit : «Dans ce contexte, il faut rappeler que le Conseil de presse du Luxembourg est compétent pour étudier toutes les questions relatives à la liberté d’expression dans les médias. Le Conseil de presse suit également, en collaboration avec l’ALJP (NDLR : Association luxembourgeoise des journalistes professionnels), l’évolution des cas d’intimidation ou de pression sur les journalistes et peut émettre des recommandations ou alertes.»
L’affaire de l’exclusion de notre journaliste début juin est intervenue alors que le Plan d’action national pour la sécurité des journalistes 2025-2028 avait été présenté par le gouvernement en avril dernier dans le cadre de la campagne «Les journalistes comptent» du Conseil de l’Europe. Ce plan d’action «vise précisément à prévenir de tels cas d’atteinte, même symbolique, à la liberté d’informer», explique Elisabeth Margue. Parmi les actions prévues figurent la mise en place d’un groupe de travail interministériel réunissant les représentants de la presse, de l’État et de la police, le renforcement de la veille sur les cas d’exclusion ou d’entrave en coopération avec le Conseil de presse, et la formation et la sensibilisation des agents publics à leurs obligations en matière de liberté d’expression et d’accès à l’information.