À 24 ans et avant l’Euro féminin, qu’elle découvre comme titulaire, l’Anglaise Hannah Hampton a déjà vécu plusieurs vies entre Birmingham, l’Espagne et Chelsea, du poste d’attaquante à celui de gardienne, découvert par hasard et embrassé avec grand succès, malgré les difficultés.

Samedi à Zurich, lors de leur entrée en lice à l’Euro-2025, les Françaises feront face dans le but anglais à un phénomène de précocité qui a concurrencé, déboulonné puis poussé à la retraite internationale l’icône Mary Earps, 32 ans, 53 sélections et finaliste du dernier Mondial. Hannah Hampton n’a accumulé que 16 capes avant de jouer son premier tournoi majeur en Suisse, mais elle s’est forgé une solide réputation chez les «Blues» de Chelsea, championnes d’Angleterre 2025 sans perdre un seul match.

Dotée d’un excellent jeu au pied et de très bons réflexes, spectaculaire sur sa ligne, elle se distingue aussi par une lecture du jeu acérée, malgré un handicap visuel (perception de la profondeur altérée) diagnostiqué à la naissance. «Jeune, on m’a dit que je ne pourrais pas jouer au football, que ce ne serait pas un métier que je pourrais exercer. C’est ce que les médecins ont dit à mes parents et je suis pourtant ici», a-t-elle raconté durant la préparation à l’Euro.

Sa vision du jeu, elle l’a développée en Espagne, le pays où elle a vécu entre ses 5 et 10 ans. Là-bas, elle évoluait comme joueuse de champ, attaquante précisément, chez les jeunes de Villarreal. De retour en Angleterre, elle rejoint le club de Stoke et remplace la gardienne, blessée, pour son premier match. Or, ce jour-là, «elle a été repérée par un recruteur anglais qui ne savait pas qu’elle dépannait», restitue Charlotte Harpur, journaliste pour The Athletic.

Hampton ne lâche plus les gants et sa carrière décolle, à Birmingham City, puis chez le rival Aston Villa, deux clubs de sa ville natale. En 2013, elle n’a que 12 ans mais évolue déjà en équipe d’Angleterre U15. En 2022, sa performance impeccable contre l’Espagne (0-0) lors de sa première sélection avec les «Lionesses» lui vaut d’être sélectionnée, sans jouer, pour l’Euro remporté à la maison.

Mais après les célébrations, la gardienne remplaçante traverse des turbulences : Sarina Wiegman ne la convoque plus pendant six mois, évoque des «problèmes personnels», tandis que la presse anglaise laisse entendre que son comportement a généré des tensions. À l’époque, elle n’a pas voulu «jeter de l’huile sur le feu» médiatique et n’a donc pas répliqué, dit-elle maintenant. «Je voulais montrer qui j’étais en tant que personne et montrer que ce n’était pas toujours vrai.»

Son nouveau statut de gardienne n° 1 lui permet de le dire : «J’ai prouvé aux gens qu’ils avaient tort». Alors en sélection, embraye-t-elle, l’objectif est désormais de «prendre du plaisir, ne pas se mettre la pression et se rappeler pourquoi on jouait à ce sport quand on était petites». Mais aussi de montrer pourquoi Sarina Wiegman l’a préférée à l’emblématique et très populaire Mary Earps juste avant l’Euro, où l’Angleterre commence dès ce samedi 5 juillet la défense de son titre.