Le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) a publié son rapport annuel 2024, ce jeudi, marquant la célébration de ses dix ans d’existence.

«Le LIST est né en 2015 d’une vision ambitieuse : combler le fossé entre la recherche fondamentale et les besoins concrets de nos entreprises, de nos institutions et de notre société afin d’accompagner la transformation économique, technologique et écologique de notre pays et au-delà.» Rappel donné par le nouveau président du conseil d’administration du Luxembourg Institute of Science and Technology, Étienne Jacqué, cité dans le rapport annuel 2024 de l’institut tout juste publié. L’occasion de faire le point.

L’institut affiche un chiffre d’affaires net de 110,46 millions d’euros, issu des subventions publiques et d’autres sources, soit une hausse de 6,92 millions par rapport à 2023. Le résultat positif s’établit à 1,84 million d’euros, reflet d’une «gestion stratégique tournée vers le long terme, avec des investissements soutenus dans la modernisation des infrastructures et des équipements scientifiques», précise le document.

Les chiffres de ce bilan 2024 sont parlants : le LIST recense 9 spin-off de plus de 3 ans, 13 thèses soutenues, 25 brevets déposés, 16 licences commerciales cédées et 177 articles publiés dans «le top 10 %» des revues scientifiques internationales, «illustrant son ancrage dans des applications concrètes».

Articles, accords et nanosatellite

Parmi ces publications, une étude parue dans Nature Ecology and Evolution, sur la qualité de l’eau et la biodiversité des fleuves européens, révèle qu’entre 60 et 80 % des fleuves n’atteignent toujours pas un bon état écologique. Une autre, publiée dans Science, montre que le changement climatique est en passe de dépasser le changement d’usage des sols comme principal facteur de perte de biodiversité. Les chercheurs du LIST ont contribué à affiner les modèles mondiaux, fournissant des évaluations plus précises de l’impact des activités humaines sur les écosystèmes.

Côté partenariat, le LIST a renouvelé son accord en recherche et développement avec Goodyear couvrant plus de 30 projets conjoints et a signé de nouveaux contrats avec Intel, CURE Intelligence, Raith et divers acteurs internationaux, notamment pour le développement de matériaux avancés et de technologies numériques. À l’échelle internationale, il a codéveloppé avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et le ministère luxembourgeois des Affaires étrangères un système mondial d’alerte précoce basé sur l’intelligence artificielle pour améliorer la réponse humanitaire.

Dans le domaine spatial, un accord-cadre d’un budget de 26 millions d’euros a été prolongé avec le gouvernement, permettant à l’European Space Resources Innovation Centre (Esric) de poursuivre ses recherches jusqu’en 2029. «Le LIST s’est engagé dans des enjeux contemporains majeurs, du changement climatique à l’aspect éthique de l’intelligence artificielle en passant par la résilience humanitaire», souligne Étienne Jacqué. L’institut a par ailleurs annoncé le lancement en 2026 de LIST-SAT-01, le premier nanosatellite scientifique luxembourgeois transportant une expérience locale en orbite.

Un nouveau directeur attendu

Un dynamisme qui n’est pas passé inaperçu puisque l’institut a obtenu plusieurs financements internationaux très compétitifs, notamment deux subventions prestigieuses du Conseil européen de la recherche (ERC) et une du Conseil européen de l’innovation (EIC). Ces financements soutiennent le développement de technologies avancées de refroidissement polymère et de communication quantique, pour un total de plus de 7 millions d’euros.

Le LIST a aussi coordonné – et continue de le faire – deux projets européens dans les domaines du développement urbain durable et de la conception de capteurs de gaz pour des dispositifs électroniques, destinés à fournir des capteurs portables et abordables afin de mieux surveiller leur exposition aux polluants.

Du point de vue des ressources humaines, l’institut a accueilli, en 2024, 114 nouvelles personnes et compte désormais près de 760 employés de 61 nationalités différentes, dont 78 % de chercheurs et experts en innovation. Il a lancé un programme de leadership féminin et sa politique salariale a reçu le label Actions positives du ministère de l’Égalité des genres et de la Diversité. Il a aussi promu la diversité à travers, notamment, le soutien aux personnes LGBTQI+, l’inclusion des personnes handicapées et a renouvelé son cadre de développement de carrières.

En septembre 2025, le Pr Olivier Guillon prendra les rênes de l’établissement. Il s’appuiera sur une équipe dirigeante renouvelée, dont les priorités devraient être toujours les mêmes : «Nous entrons dans une nouvelle décennie avec une vision claire : continuer à faire de la recherche un levier stratégique au cœur des transitions technologiques, industrielles et environnementales», conclut Étienne Jacqué.