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La victime retire ses accusations proférées sous influence d’alcool


«J’aime la vodka, tout le monde ne supporte pas la vodka. Il en consommait avec moi», avoue la victime présumée.

L’affaire est un plaidoyer contre les ravages de l’alcool. Sacrément imbibée et intenable, la victime présumée a reconnu avoir fait de fausses accusations sous l’empire de l’alcool.

«Calmez-vous, vous n’êtes pas au bistro ou dans la rue», s’emporte la présidente de la 13e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg contre Stéphanie. La jeune femme de 26 ans ne laisse pas la juge, qui vient de l’appeler à la barre, placer un mot. Elle est convoquée en tant que victime pour témoigner contre son compagnon qui l’aurait violentée à plusieurs reprises l’année dernière. Cette forte tête ne se laisse rien dire. Rebelle et impertinente, elle met toutes les blessures et les viols supposément infligés par David, 44 ans, sur le compte de leur consommation d’alcool.

«Je me demande si nous allons continuer étant donné votre comportement. Vous vous marrez, vous interpellez le prévenu», la prévient la présidente. «Pardon, oui, allez-y, parlez!», répond la jeune femme, exaltée, qui prétend ne se souvenir de rien étant donné son taux d’alcoolémie très élevé au moment des différents faits. «J’aime la vodka, tout le monde ne supporte pas la vodka. Il en consommait avec moi.» Elle demande à la juge «150 000 euros de dommages et intérêts», mais refuse d’accuser formellement son compagnon de l’époque.

«Vous connaissez l’histoire, vous avez le dossier. Je ne veux pas qu’il prenne 20 ans de prison. Êtes-vous certaine qu’il ira en prison ? Je préfère ne pas avoir de dommages et intérêts plutôt que de le savoir en prison.» Selon elle, le prévenu est tombé dans l’alcool à cause d’elle. Elle regrette d’avoir déposé plainte et de l’avoir accusé du pire.

Stéphanie est difficile à suivre. «Je suis alcoolique, je n’ai jamais travaillé de ma vie et je n’en ai pas l’intention. Pourquoi devrais-je ? Je vis chez un homme qui paye tout. Ensuite, j’irai dans un foyer pour femmes. Les gens qui travaillent doivent payer des impôts», révèle-t-elle le plus naturellement du monde à la juge.

En janvier dernier, elle avait déjà fait forte impression à la barre de la 7e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg où elle était appelée à témoigner contre son bienfaiteur, qu’elle accusait de l’avoir frappée et menacée d’un couteau lors d’une soirée trouble. Le jour de l’audience, elle avait également prétendu «être bourrée» au moment des faits et avoir fait de fausses accusations. Le représentant du parquet avait requis l’acquittement.

«Au revoir Madame la juge!»

David, en détention préventive depuis le 24 octobre dernier, reconnaît les coups et blessures ainsi que les brûlures avec une cigarette et une casserole, mais pas les accusations de viols et de menaces de mort. Un témoin lui reproche pourtant d’avoir une mauvaise influence sur la jeune femme. «Quand elle vivait chez moi, elle avait réduit sa consommation d’alcool et de drogues d’elle-même. Elle l’a croisé et c’était reparti», indique-t-il. Il prétend que la jeune femme était «complètement différente» à l’époque et voulait se sortir de sa situation. Ce témoin a livré un véritable plaidoyer en faveur de la jeune femme.

Assise au fond de la salle, Stéphanie n’hésite pas à intervenir et à commenter les propos du prévenu. Ce dernier la charge, elle et son entourage qu’il juge néfaste. «J’ai été trop bon et naïf.» «Naïf quand on a quatre pages de casier judiciaire, ce n’est pas le terme approprié», note cependant la juge avant d’être interrompue par la jeune femme qui crie : «Au revoir Madame la juge!», en levant les bras en l’air avant de quitter la salle. «Je ne reste pas, ça devient ridicule!»

L’affaire part dans tous les sens et devient effectivement difficile à suivre. Stéphanie paraît invivable, le prévenu dépassé et privé des réflexes adéquats pour gérer pareille tornade. Les blessures étaient bien réelles, leur origine reste floue. Des témoins ont prévenu la police à de nombreuses reprises pour des faits de coups et blessures au sein du couple terrible, a rappelé le représentant du ministère public.

«Il n’y a pas vraiment de preuves des viols et des menaces. La jeune femme a reconnu à la barre aujourd’hui qu’ils n’avaient pas eu lieu. Je demande qu’ils ne soient pas retenus, contrairement aux coups et blessures», a conclu le magistrat. Il a retenu la circonstance aggravante de la cohabitation et requis une peine de 5 ans de prison assortie, le cas échéant, d’un sursis probatoire. L’avocate du prévenu a soulevé les incohérences du discours de Stéphanie et a plaidé en faveur de l’acquittement de son client des viols et menaces.

Le jeune homme sera fixé sur son sort le 15 juillet prochain.

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