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Café M-Tiss à Differdange : «C’est un lieu d’échange et de vivre-ensemble»


Dans le cadre de la Quinzaine du design et de l’artisanat (24 juin-6 juillet), le M-Tiss vend de nombreux objets restaurés.

Après trois mois d’ouverture, le café M-Tiss fait vivre la culture à Differdange, entre concerts, apéros artistiques et conférences.

Depuis son ouverture, le 28 mars dernier, le café culturel a suscité énormément d’intérêt selon son fondateur et gérant Jean Dib Ndour. Situé à Differdange, en haut du parc Gerlache, le M-Tiss ne passe pas inaperçu, avec sa décoration atypique. Des objets anciens, de tout horizon, que le gérant déniche en brocante.

Une diversité d’objets, à l’image du concept du café. «Le M comme métissage culturel, la fraternité, l’inclusion, le vivre-ensemble et le brassage des cultures, et le Tiss comme tissage, une connexion entre les belles valeurs humaines. Vous êtes dans un lieu d’échange, où au détour d’un café, on partage des musiques ou des œuvres avec le voisin, on apprend de l’autre», présente-t-il d’emblée.

Du mardi au dimanche, de 11 h à 1 h, il est possible de venir boire un verre, manger un bon repas le midi ou le soir, tout en assistant à des concerts, des lectures publiques ou des pièces de théâtre. D’abord occupé à ranger les verres derrière le bar, Jean Dib Ndour vient ensuite s’installer près de nous pour se livrer davantage sur ce concept.

«Apéro des oreilles»

C’est un cadre idéal pour assister à des représentations musicales uniques, rencontrer des écrivains ou des peintres locaux. «On a une diversité dans les groupes de musique, il y a du jazz, du blues, des musiques du monde. Nous avons même eu de la musique japonaise!», s’exclame-t-il.

En parallèle, le lieu propose aussi des concepts moins courants. Il s’agit tout d’abord d’apéros graphiques durant lesquels des artistes dévoilent leurs œuvres. Mais également des scènes ouvertes, appelées aussi open mics. Au cours de ces «apéro des oreilles», les participants se voient offrir des tribunes pour créer des débats d’idées.

L’occasion pour certaines personnes qui ont peur de présenter eux-mêmes leurs écrits, de les faire lire par le public, pour qu’ils puissent se mettre en confiance et se laisser encourager. D’autres viennent aussi jouer au piano, lire des poèmes ou chanter avec le public.

Avec le M-Tiss, Jean Dib Ndour veut perpétuer une philosophie : «La culture est le trait d’union entre les hommes».

«Pour la scène ouverte, on a eu la chance d’avoir des élèves de l’école de musique de Differdange qui sont venus ici s’entraîner avant de se produire à Barcelone. C’était extraordinaire, avec les parents et le public qui étaient présents pour les soutenir. On voit déjà qu’à cet âge-là, il y a beaucoup de talent», raconte passionnément Jean Dib Ndour. Cette ambiance fraternelle et multiculturelle, on pouvait la retrouver en partie à Metz, avant que le M-Tiss ne déménage au Luxembourg.

Une clientèle de frontaliers

Pendant six ans, le M-Tiss, alors dénommé Café littéraire, était situé rue de la Fontaine à Metz. «On ne pouvait pas accueillir autant de monde qu’à Differdange. On devait même refuser des gens, car c’était exigu. Pour la restauration, on servait de simples planches à déguster. Désormais, on peut préparer du chaud grâce à notre cuisine», énumère-t-il.

Bien qu’il ait quitté Metz, de nombreux habitués l’ont suivi, notamment les frontaliers. Le gérant se réjouit à chaque fois de retrouver ses amis messins. «Dès qu’ils finissent le boulot, ils viennent ici avant de repartir en France. Cela leur permet de retrouver l’ambiance qu’il y avait à Metz. Mais aussi pour éviter les bouchons et repartir plus tard.» Dorénavant, son public est encore plus varié, venant de Luxembourg, de Differdange et de Metz.

Toutefois, confronté à du racisme, et des problèmes de voisinage, Jean Dib Ndour a dû se résoudre à changer de ville. Des amis lui indiquaient alors que Differdange cherchait un projet culturel, pour promouvoir le vivre-ensemble. Des valeurs que ne partageaient pas certains individus durant les dernières années à Metz.

«Ce pays est un carrefour des cultures»

«Nous avons été confrontés à une parole raciste qui, paradoxalement, s’est démocratisée. On l’a observé avec la montée de l’extrême droite, où certaines personnes n’hésitaient plus à proférer de vive voix ou sur internet ce genre de propos.» Le natif du Sénégal déplaçait alors le café au Grand-Duché, non sans prendre du recul sur la situation : «Cela touche mes origines, mon identité, ma personne. Mais il faut surmonter tout cela, aller de l’avant avec les personnes, très nombreuses, qui me soutiennent.»

Depuis l’ouverture de son commerce au Luxembourg, Jean Dib Ndour n’a jamais été confronté au racisme. Il ne se fait pas de souci quant à la pérennité du lieu. «Ce pays est un carrefour des cultures, donc ce café a toute sa place ici, car il partage cette même vision de multiculturalité et de diversité», conclut-il.

Pour suivre les dernières actualités du café culturel M-Tiss, vous pouvez vous rendre sur leur compte Facebook et Instagram ou sur le site internet.

m-tiss.lu 

«L’écriture comme thérapie»

Bâtir un lieu axé sur la culture, Jean Dib Ndour y songeait déjà à un jeune âge. Au Sénégal, où il a passé son enfance, le fondateur du M-Tiss se souvient de l’influence qu’a joué son père sur son parcours. «Il était l’écrivain du village. C’est le seul qui possédait une vieille machine à écrire et qui tapait dessus à longueur de journée pour rédiger le courrier. C’est là où j’ai adopté cet amour des mots», se remémore-t-il. Avec l’obligation de réciter cinq mots français par jour, Jean Dib Ndour adopte rapidement la langue de Molière. «C’était un passionné et un amoureux de la langue française, et il tenait à nous l’inculquer», insiste-t-il en précisant bien que cet apprentissage allait de pair avec les traditions sénégalaises.

Plus tard, Jean Dib Ndour s’envolera pour la France à Metz, puis le Luxembourg. De cette traversée, il en a fait un livre : Itinéraire d’un enfant d’Afrique (2014). «Ce fut une forme de thérapie, parce que j’avais du mal à vivre ce déracinement, cet exil. À travers l’écriture, j’ai pu retracer tous ces souvenirs d’enfance. C’était un élément déclencheur qui m’a permis de trouver ma place en Europe», confesse-t-il.

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