Les présidents de l’OGBL et du LCGB étaient remontés à bloc après la manifestation nationale de ce 28 juin, qui a mobilisé «plus de 25 000 personnes», selon l’Union des syndicats. Ils s’attendent désormais que le gouvernement «se bouge» et revienne à un dialogue social mené «d’égal à égal». Si ce n’est pas le cas, la menace d’une grève générale persiste.
Sur scène, devant une Place Guillaume-II plein comme un oeuf, Nora Back et Patrick Dury avaient déjà trouvé des mots très durs envers le gouvernement conservateur-libéral, avec à sa tête le Premier ministre, Luc Frieden.
«Un gouvernement qui n’agit plus dans l’intérêt des gens, n’a plus qu’un seul choix : démissionner», a ainsi lancé la présidente de l’OGBL. Elle ajoute que «nous ne nous laisserons pas marginaliser. Les retraités, les familles monoparentales, les frontaliers et les résidents, les jeunes en formation : ce sont eux qui font de ce pays ce qu’il est».
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«Nous ne laisserons ni Frieden, ni Mischo, tout détruire»
«Nous ne laisserons personne nous enlever nos acquis! Des générations de syndicalistes sont descendues dans la rue pendant des décennies, ont fait grève, ont parfois risqué leur vie pour que nous disposions aujourd’hui de nos conditions de travail et de salaire (…) et nous ne laisserons ni Luc Frieden, ni Georges Mischo, ni personne d’autre tout détruire!», renchérit le président du syndicat chrétien.
Une fois descendus de la scène, et remontés à bloc, Nora Back et Patrick Dury se sont montrés un peu conciliants, mais en restant très ferme.
«Ils doivent négocier avec nous»
«Il faut que le gouvernement se bouge. Nous venons de vivre une très forte manifestation, démontré la force des travailleurs et de leurs familles. La politique gouvernementale n’est plus tolérable. Ils doivent désormais agir dans une autre direction. Nous devons revenir au dialogue social qui a forgé le succès de ce pays», lance la cheffe de file de l’OGBL.
Oui, les syndicats sont prêts de renouer avec le dialogue, mais sous la seule condition que les pourparlers aient lieu «d’égal à egal» : Ils doivent commencer à nous parler et négocier avec nous. C’est le principal message que nous voulions exprimer aujourd’hui (lire samedi). Le modèle social repose sur un dialogue qui est mené d’égal à égal et qui permet de trouver des compromis, dans lesquelles chacun puisse se retrouver. C’est ce qui nous manque depuis 18 mois».
«Une salve d’attaque d’un niveau intellectuel médiocre»
Le camp patronal reste aussi dans le viseur du front syndical. La manifestation nationale serait «un coup de semonce», fait remarquer Patrick Dury. «Le modèle social est constitué de trois partenaires. Les syndicats fonctionnent toujours, nous l’avons démontré ce samedi. De la part du patronat, nous étions confrontés ces derniers jours à une salve d’attaques d’un niveau intellectuel médiocre», fustige-t-il.
Le président du LCGB plaide pour «revenir aux bases du dialogue social». «On est prêt à négocier sur chaque point, et d’autant que je sache, nous sommes toujours parvenus, dans ce pays, à trouver partout des compromis. Encore jamais, un camp a tout dicté à l’autre, ni les syndicats, ni le gouvernement, ni le patronat», résume-t-il.
Un catalogue de 130 pages : «Aucune négociation n’a eu lieu»
Des propositions concrètes du camp syndical, notamment en ce qui concerne la réforme des pensions, auraient été soumises au gouvernement. «Aucune négociation sur ce catalogue de 130 pages, comprenant six à huit propositions pour renforcer le régime, n’a eu lieu jusqu’à présent», déplore Patrick Dury.
Le 9 juillet? «On va y aller, si…»
Comme annoncé dans nos colonnes, ce samedi, l’Union des syndicats OGBL-LCGB doit encore décider si elle donnera suite à l’invitation du Premier ministre pour une réunion tripartite, fixée au 9 juillet. «Nous sommes prêts à participer à tout dialogue social, à condition que l’on ne nous soumette pas un ordre du jour qui comprend déjà les résultats. On va y aller si on peut discuter d’égal à égal», fait remarquer Nora Back.
Et si jamais le gouvernement ne bouge pas? «On a toujours dit être prêt à aller jusqu’au bout pour défendre l’intérêt des travailleurs», souligne la président de l’OGBL. Son homologue du LCGB dit «ne rien exclure». La menace d’une grève générale, une première fois formulée en décembre, reste sur la table.
Pendant ce temps, Mischo assiste à un match de foot
Le Premier ministre, Luc Frieden, avait affirmé aller se balader en forêt ce samedi, jour de manifestation nationale. Une phrase qui lui a d’ailleurs été citée et moquée à maintes reprises par les militants. Un exemple : «Notre pays a eu beaucoup de chance d’être dirigé, notamment dans les moments difficiles, par des ministres d’État, de véritables hommes d’État, qui ne sont pas allés se balader dans la forêt, tels que Thorn, Santer, Juncker et Bettel», a énuméré Patrick Dury.
L’autre cible du camp syndical – le ministre du Travail, Georges Mischo, également en charge des Sports – a lui opté d’assister à un match de football. Il était accompagné à cette rencontre de gala, organisé à Biwer, du ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, et de plusieurs députés du CSV, dont Stéphanie Weydert, qui a posté un selfie sur son compte Instagram.
Un tout autre match va les attendre dans les jours et semaines à venir
