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Le doute sur l’efficacité des frappes en Iran


La vie à Téhéran reprend peu à peu son cours. Le régime est toujours là.

Le président américain a martelé que l’intervention de son aviation avait presque anéanti les sites de recherches iranien sur le nucléaire. Des rapports le contredisent.

Donald Trump a affirmé mercredi que le programme nucléaire de l’Iran avait été retardé de plusieurs «décennies» par les frappes américaines et que les sites visés avaient été totalement détruits, Israël estimant qu’il était trop tôt pour évaluer les dommages. Au deuxième jour du cessez-le-feu entre l’Iran et Israël, le ministère iranien des Affaires étrangères a lui déclaré que les installations nucléaires du pays avait été «considérablement endommagées». Le porte-parole de l’armée israélienne, le général de brigade Effie Defrin, a assuré qu’Israël avait porté un « coup dur » au programme nucléaire iranien durant les 12 jours de guerre mais qu’il était «encore tôt pour évaluer les résultats de l’opération».

La veille, la divulgation d’un document confidentiel américain avait semé le doute sur l’efficacité des frappes menées pendant la nuit de samedi à dimanche par les États-Unis sur les trois principaux sites nucléaires iraniens, en soutien à Israël. Le président américain, qui a initié le cessez-le-feu, a affirmé que les frappes avaient provoqué leur destruction «totale», retardé le programme nucléaire de plusieurs «décennies» et que l’Iran n’allait «pas fabriquer de bombes avant longtemps». Le cessez-le-feu se passe «très bien», a-t-il dit. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait salué la veille une «victoire historique» et affirmé que les frappes aériennes avaient «anéanti le projet nucléaire iranien», répétant que l’Iran n’aura «jamais l’arme atomique».

L’Iran a aussi crié «victoire» et réaffirmé ses «droits légitimes» à poursuivre son programme nucléaire à usage civil, se disant aussi prêt à reprendre le dialogue avec Washington interrompu par la guerre. Selon un rapport préliminaire confidentiel du renseignement américain, dont le contenu a été décrit par des sources proches du dossier à des médias, les bombardements américains des installations de Fordo, Natanz et Ispahan n’auraient pas éliminé complètement les centrifugeuses ou les stocks d’uranium enrichi iraniens. Elles auraient plutôt scellé les entrées de certaines installations sans détruire les bâtiments souterrains, retardant le programme nucléaire iranien de seulement quelques mois, sans le détruire complètement.

Un rapport top secret embarrassant

La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a confirmé l’authenticité du rapport mais déclaré qu’il était «tout à fait erroné et classé top secret et pourtant divulgué». Le chef d’état-major américain, le général Dan Caine, avait déclaré après les frappes qu’elles avaient causé «des dommages et des destructions extrêmement graves» aux sites nucléaires. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a jugé impossible à ce stade d’évaluer les dégâts et réclamé un accès aux sites. Des experts estiment que l’Iran pourrait avoir évacué le matériel nucléaire des sites touchés et Téhéran a affirmé toujours posséder des stocks d’uranium enrichi.

Avant le déclenchement de la guerre, l’AIEA avait dit n’avoir décelé jusqu’à présent aucun indice d’un «programme systématique» de fabrication d’une bombe atomique dans le pays. Mercredi, les députés iraniens ont voté en faveur d’une suspension de la coopération avec cette agence de l’ONU. En Israël, l’armée a levé les restrictions imposées à sa population mais prévenu, par la voix du chef d’état-major, que «la campagne contre l’Iran n’était pas terminée». Le lieutenant-général Eyal Zamir a dit par ailleurs que son armée allait se concentrer à nouveau sur la guerre avec le Hamas dans la bande de Gaza.A Tel-Aviv, bus et voitures circulaient à nouveau mercredi dans les rues embouteillées, les écoles ont rouvert, les employés repris le chemin du travail et les terrasses des cafés faisaient à nouveau le plein.

En Iran, le président Massoud Pezeshkian a annoncé mardi soir «la fin de la guerre (…) imposée» par Israël et s’est engagé au respect du cessez-le-feu à condition que son adversaire en fasse de même. Le pays a annoncé mercredi la levée progressive des restrictions sur internet, durcies pendant la guerre. Des funérailles nationales seront organisées samedi à Téhéran pour les hauts gradés et scientifiques tués, selon l’agence officielle Irna.

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