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Pétitions : la carafe d’eau plus forte que la retraite


Encore une pétition pour obtenir l’eau du robinet gratuitement dans les restaurants. Elle mobilise plus que les retraites. (Photo : tania feller)

Ouvertes à signatures depuis le 12 juin, deux pétitions ne connaissent pas le même démarrage. La carafe d’eau gratuite mobilise davantage que l’opposition à l’allongement de la carrière.

Parmi les pétitions ouvertes à signatures, force est de constater que la carafe d’eau gratuite dans les restaurants est plus populaire que l’opposition à la réforme des retraites version Frieden. Pour l’heure, ils sont 1 075 à avoir signé pour obtenir l’eau du robinet gratuite sur la table du restaurant et 632 à s’élever contre un allongement de la carrière pour avoir droit à la retraite.

Pourtant, le dernier sondage commandé par nos confrères de RTL et du Wort indiquait que la question des retraites devenait de plus en plus préoccupante pour la population luxembourgeoise, après le discours sur l’état de la Nation de Luc Frieden. Une préoccupation qui est passée de la huitième à la troisième place auprès des électeurs luxembourgeois interrogés.

Faut-il voir un signe de capitulation dans le lent démarrage de la pétition 3681, qui après une semaine n’a pas réussi à mobiliser les troupes? Est-ce la motivation de la pétition qui dérange? Pour son auteur, Rui Miguel Beirão Sarafana, il s’agit de s’opposer à «l’augmentation du nombre d’années de cotisation requises pour bénéficier d’une retraite à taux plein» et de demander «le maintien ou le retour à une durée de cotisation plus juste, afin de préserver les droits des travailleurs, garantir une retraite digne et équilibrée, et éviter une précarisation accrue des personnes en fin de carrière».

La piste privilégiée par le gouvernement a déclenché l’ire des syndicats, déjà échauffés par le manque de considération à leur égard. «Cette mesure risque d’aggraver les inégalités sociales, de pénaliser les carrières longues, précaires ou interrompues, et de retarder l’accès à une retraite digne pour de nombreux travailleurs. Elle impose un effort supplémentaire à une population déjà confrontée à des conditions de travail difficiles et à une espérance de vie parfois réduite selon les métiers exercés», motive le pétitionnaire. Les syndicats n’en pensent pas moins, mais complètent le propos par d’autres pistes pour réformer le système, qu’ils estiment encore solide.

Un débat sur les retraites avait déjà eu lieu à la Chambre des députés après le succès de la pétition réclamant un 13e mois pour les pensionnés. La proposition n’avait pas fait l’unanimité auprès des députés, qui attendaient la tenue d’un débat d’orientation sur la question des pensions. Il a finalement eu lieu en février dernier. La pétition avait récolté 5 334 signatures. Mais le débat n’a rien donné.

Aujourd’hui, il ne faut plus 4 500 mais 5 500 signatures pour avoir droit à un débat. C’est une autre paire de manches. Les résultats après les débats sont aussi parfois décevants. Ce qui n’empêche pas certains de s’acharner. C’est le cas de la pétition sur la fameuse carafe d’eau gratuite qui, pour l’heure, mobilise davantage que les retraites. Il faut reconnaître que personne n’ira manifester dans la rue pour l’eau gratuite, à l’inverse des retraites, un sujet qui risque de mettre du monde dans la rue le 28 juin.

Débat infructueux

La pétition 3677 introduite par Eivissa Chrétien, ouverte à signatures depuis le 12 juin, comme celle concernant les retraites, a récolté près de deux fois plus de signatures. Sur ce sujet, un débat public a eu lieu en 2019 après le succès d’une pétition similaire. Mais rien n’a bougé depuis, ou si peu. Certains restaurants proposent une carafe d’eau, mais ils la facturent à 2 ou 3 euros. Pas de gratuité pour le moment. Il faut tenir compte du service et du coût que représente le lavage des carafes. Tout se paie.

La présidente de la commission des Pétitions de l’époque, Nancy Kemp-Arendt, avait fermement déclaré que la Chambre s’engageait à suivre de près la mise en place de la campagne de sensibilisation promise et exigerait une évaluation. «Si les résultats ne suivent pas, il n’y aura pas d’autre option que de légiférer», prévenait-elle, à l’issue du débat de 2019.

Pour le ministre de l’Économie, Lex Delles, il n’était pas question de légiférer, mais la campagne a bien eu lieu, lancée par l’Horesca. Intitulée «Drénkwaasser», elle visait à encourager les établissements à proposer de l’eau du robinet à leurs clients. Elle a quand même abouti à la participation de 280 établissements, comme l’a indiqué Lex Delles dans une récente réponse à la députée écolo Joëlle Welfring.

Cela ne suffit pas à satisfaire l’auteur de la pétition, pour qui «l’eau est un bien commun essentiel à la vie». Elle demande «l’instauration d’une obligation légale pour tous les restaurants et fast-foods du pays de proposer, à la demande du client, une carafe d’eau du robinet gratuitement».

Si la pétition obtient le succès escompté, c’est-à-dire 5 500 signatures, le gouvernement finira-t-il par légiférer? Rien n’est moins sûr. Même si «proposer de l’eau gratuitement encourage une hydratation saine, au lieu de pousser à la consommation de sodas, jus sucrés ou boissons alcoolisées», selon la pétitionnaire.

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