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Violée en descendant du bus à Mersch


La victime a déjà connu de nombreux traumatismes, notamment deux agressions sexuelles, avant les faits. (Photo : sophie kieffer)

Une jeune résidente belge pensait bien faire en rentrant chez elle en bus. Arrivée à destination, elle a été victime d’une agression sexuelle violente de la part d’un des passagers.

Le visage de Florence s’affiche sur le grand écran qui surplombe la grande salle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. La jeune femme, encore bouleversée par ce qu’elle a vécu, n’a pas souhaité témoigner à proximité de son agresseur présumé et a été entendue à distance. Le 4 novembre 2023 après minuit, elle a été violée et volée par Charaf, un sans-papiers marocain de 23 ans à l’époque, à proximité de la gare de Mersch.

La scène a été filmée par des caméras de vidéosurveillance et des analyses ADN confirment l’identité de l’auteur des faits. Ce dernier, en aveux, prétend ne pas être en mesure de se souvenir de l’ensemble des faits depuis un coup sur la tête reçu en Espagne en 2024. Il se souvient cependant que Florence l’aurait abordé dans le bus. «J’ai cru qu’elle était intéressée. Quand nous sommes descendus du bus, j’ai perdu le contrôle», avoue cet ancien enfant des rues de Marrakech.

Cette nuit-là, d’après ses dires, il se rendait dans un squat à Mersch. «N’est-ce pas plutôt parce que vous aviez remarqué en gare de Luxembourg que la jeune femme était très alcoolisée et que vous avez voulu profiter de la situation?», l’interroge le président de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg. Florence rentrait, ce soir-là, d’une soirée d’Halloween organisée par son employeur. Ivre, elle n’avait pas voulu prendre la route au volant de sa voiture.

Deux destins contrariés

Aîné d’une fratrie de neuf enfants, Charaf est forcé par son père à trouver un travail à l’âge de 12 ans. N’en trouvant pas, il n’ose pas regagner le foyer familial et quitte le Maroc en 2019 pour l’Espagne où il vit clandestinement. Sa victime, elle, a déjà connu de nombreux traumatismes, notamment deux agressions sexuelles, avant les faits. Le soir même, le prévenu avait été interpellé par la police alors qu’il tentait de s’introduire dans une maison. Il était en possession du téléphone mobile de la victime et son pantalon était taché de son sang. Il avait été relâché. Charaf était depuis reparti en Espagne.

Le jeune homme est également accusé du vol du smartphone qu’elle avait utilisé pour appeler son compagnon à l’aide. Florence parvient à s’enfuir en utilisant une ruse et à alerter un automobiliste, qui lui est venu en aide. «Je suis sortie du bus seule, mais après cela, je ne me souviens plus de rien», a déclaré Florence. «Je sais qu’il m’a plaquée contre un mur. J’ai essayé d’envoyer un message à mon compagnon qui devait venir me chercher à la gare. Le prévenu s’en est rendu compte et m’a arraché mon mobile des mains.» Elle propose à Charaf de se «mettre au-dessus», pour se libérer. «J’ai voulu écrire « Help » parce que c’est plus court que « À l’aide », mais le correcteur a écrit « Hello ».»

Tendue et d’une toute petite voix, Florence a répondu aux questions du président et de Me Al Handouz, l’avocate de la défense. «Aujourd’hui, je n’ai toujours pas repris le travail. J’ai des symptômes d’angoisse et de dépression. C’est très compliqué», a témoigné cette femme de 34 ans. Florence est toujours sous traitement. La CNS s’est portée partie civile à hauteur de 95 800 euros pour les remboursements de ses différents traitements.

Son avenir professionnel reste fragile. Florence a perdu son emploi à la suite de son agression. Son avocate a réclamé 50 000 euros de dommages et intérêts pour perte de revenus et 30 000 euros pour préjudice moral. «Tous les aspects qui lui assuraient une stabilité ont disparu. Elle a perdu son emploi, son compagnon, son appartement…», explique son avocate. Les séquelles de l’agression seraient nombreuses. «Elle a eu peur pour sa vie», souligne l’avocate. «Elle m’a dit que le viol l’a détruite.»

Charaf encourt une peine de huit ans de prison. Le prononcé est fixé au 14 juillet.

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