Deux ans après son lancement, la Fondation Cancer fait le point sur le plan Génération sans tabac 2040 qui a pour but de protéger les jeunes des produits vendus par l’industrie du tabac.

«Grandir sans fumée», c’est l’objectif de la stratégie nationale Génération sans tabac. Lancée en mars 2023 à l’initiative de la Fondation Cancer, celle-ci cherche à protéger les jeunes des produits néfastes de l’industrie du tabac et à les aider à grandir loin de la cigarette, mais aussi des nouveaux produits nicotiniques lancés sur le marché ces dernières années. Cette action fédère collectivités locales, acteurs de santé et milieu associatif autour d’un objectif commun : «faire émerger une génération libérée de l’addiction au tabac et à la nicotine», rappelle la fondation.

Deux ans après le lancement, elle a décidé de faire un premier bilan afin de montrer les actions concrètes entreprises. Une coordinatrice de la stratégie nationale a ainsi été recrutée, tandis que seize communes labellisées Commune sans tabac, représentant près de 178 000 habitants, ont rejoint les rangs de l’opération. Elles ont ainsi pu mettre en place des environnements publics sans tabac pour protéger leurs citoyens du tabagisme passif.

Des formations prévues à l’automne

Sur le terrain, la fondation rappelle le lancement de la carte Tabac-stop, un QR code qui renvoie vers toutes les aides au sevrage. Plus de 100 000 ont été distribuées, que ce soit auprès des médecins généralistes, des gynécologues, des hôpitaux ou encore dans les salles de classe.

De la même manière, un TabaCoffret est désormais en circulation et intégré à des formations spécifiques dans les lycées. Depuis mars 2023, 65 ont été distribués dans divers établissements du Luxembourg et de nouvelles formations sont prévues à l’automne prochain pour les professionnels de l’enfance et de la jeunesse. Enfin, un nouveau projet, le Club de sport sans tabac, est prévu pour la rentrée 2025.

De nouveaux produits qui inquiètent

Toutes ces mesures doivent servir un objectif ambitieux : moins de 5 % de fumeurs à l’horizon 2040. Une mission nécessaire pour la Fondation Cancer, car si la consommation de tabac classique régresse, de nouveaux produits nicotiniques envahissent le quotidien des jeunes. D’après une enquête ILRES de 2024, 16 % des 16-24 ans consomment des sachets de nicotine et 26 % des jeunes vapotent des e-cigarettes, dont 93 % des puffs. «Ces nouveaux produits ne sont pas anodins. Ils séduisent une nouvelle génération d’usagers et entretiennent la dépendance», avertit Margot Heirendt, la directrice de la Fondation Cancer.

Ce glissement des usages voulu par l’industrie du tabac, qui tente de promouvoir des «smokeless alternatives», ne doit pas être pris à la légère. Considérés à tort comme moins nocifs, ces produits, qui séduisent énormément de jeunes, doivent être strictement encadrés avec une mise à jour du cadre législatif.

«Devancer les stratégies de l’industrie»

Si la Fondation Cancer se réjouit à ce niveau des avancées, qu’elles soient européennes ou luxembourgeoises, elle estime qu’il est indispensable d’aller encore plus loin. «Au lieu d’une limitation du dosage de nicotine, nous recommandons l’interdiction complète de la vente et de la consommation dans tous les lieux publics des sachets de nicotine, des nouveaux produits nicotiniques ainsi que des cigarettes électroniques jetables», précise la fondation.

«La législation doit permettre de devancer les stratégies de l’industrie du tabac. Aucun produit à base de nicotine ou de tabac ne doit rester dans une zone grise réglementaire», conclut Margot Heirendt.