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Crise de confiance

Les gens n’aiment pas le changement. Il est dès lors compréhensible que 60 % des personnes interrogées par nos confrères de RTL et du Wort, dans le cadre du sondage Politmonitor, s’opposent à une prolongation des années de cotisation avant de pouvoir partir à la retraite. En même temps, ils sont 53 % à se dire préoccupés par la viabilité du système des pensions. Les résultats sont donc à différencier. Mais si l’on peut tirer une conclusion de cette enquête semestrielle, c’est que l’action du CSV et du DP ne convainc plus. Ils sont 40 % à dire que la politique du gouvernement est mauvaise, contre 26 % en novembre dernier.

Ce rejet ne s’était pas encore fait remarquer dans le sondage sur les préférences électorales du mois de mai, réalisé avant la déclaration sur l’état de la Nation. Le CSV est resté stable avec près de 29 % des voix tout en confirmant ses 21 sièges de député. Même constat pour le DP avec ses 20 % et le maintien de 14 sièges. Par contre, l’ancienne coalition tricolore (DP, LSAP, déi gréng) dispose à nouveau d’une majorité virtuelle de 32 sièges, grâce au gain de trois mandats par les verts (de quatre à sept) et aux élus socialistes.

À la base, tout sondage est une photo instantanée, qui ne permet en rien de conclure sur l’issue des prochaines législatives en 2028. Mais si l’on considère l’objection à la réforme des pensions envisagée et le soutien appuyé aux syndicats, une remise en question semble s’imposer. D’autant plus que le Premier ministre, Luc Frieden, voit sa cote de popularité dégringoler, passant du 4e au 8e rang des politiciens jugés les plus compétents et sympathiques (-10 points par rapport à novembre). Son vice-Premier ministre Xavier Bettel (DP) mène toujours ce classement symbolique. Les ministres en charge du dossier des retraites, Martine Deprez (17e), et de la réforme du droit du travail, Georges Mischo (28e), se retrouvent loin derrière.

Les bonnes initiatives du gouvernement (pouvoir d’achat, logement, etc.) semblent d’ores et déjà oubliées. Seuls le retour à un véritable dialogue social constructif et une meilleure communication pourront permettre d’inverser la vapeur. L’échéance 2028 est encore loin. À plus court terme, une crise sociale et sociétale guette le pays.