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Agressions sexuelles : le beau-père clame son innocence


Le prévenu a tenu à remercier ses victimes présumées «pour les bons moments passés avec elles».  (Photo : sophie kieffer)

Francis campe sur ses positions : il est innocent. Deux sœurs veulent lui faire endosser un rôle qui ne lui correspond pas. Mais si leurs larmes étaient fausses, «elles méritent un Oscar».

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Le costume des auteurs d’abus sexuels lui va comme un gant, selon le procureur. Le prévenu quinquagénaire conteste cependant énergiquement les accusations de ses deux anciennes belles-filles à son encontre. «C’est allé trop loin. Je les ai vu pleurer hier, mais je ne comprends pas pourquoi je devrais reconnaître quelque chose que je n’ai pas commis», a répété Francis mercredi après-midi en début d’audience, frôlant l’indécence en ajoutant à la barre de la 12e chambre criminelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg, remercier ses victimes présumées «pour les bons moments passés avec elles».

La veille, tremblantes et sanglotantes, les deux sœurs se sont remémoré les abus que le quinquagénaire leur aurait fait subir à partir de leurs dix ans. Lara, l’aînée aujourd’hui âgée de 23 ans, avait témoigné s’être sacrifiée semaine après semaine pour protéger sa petite sœur Anna. Jusqu’au jour où elle prétend avoir surpris son beau-père en train de filmer Anna dans les douches d’un camping. La vérité éclate après la rupture du couple formé depuis treize ans par la mère des deux filles et le prévenu. Une plainte est déposée en août 2020.

«C’est la parole des filles contre la sienne»

Francis ne dévie pas d’un millimètre : il est innocent et les deux sœurs sont des menteuses. «Nous n’avons pas d’élément matériel qui permette de conclure à sa culpabilité à l’exclusion de tout doute», indique Me Hellinckx. «C’est la parole des filles contre la sienne.» L’avocat se demande si les deux sœurs ne se seraient pas imaginé les attouchements après avoir eu vent des rumeurs de pédophilie qui circulaient à l’encontre de Francis dans sa commune. «Ses trois prétendues victimes l’ont toutes disculpé», précise-t-il.

Pour la défense, les récits des filles sont émaillés d’incohérences et d’imprécisions, notamment en ce qui concerne la fréquence des présumés attentats à la pudeur. «Au fil des interrogatoires, elles passent d’une fois par mois à chaque soir, il s’agit d’une sacrée exagération», note l’avocat qui conteste également les menaces, l’âge des sœurs au moment des premiers faits – moins de onze ans – ainsi que le téléchargement du matériel pédopornographique arguant notamment que beaucoup de monde avait accès à l’ordinateur de son client. Déconstruisant les accusations les unes après les autres, il termine en demandant l’acquittement de son client sur toute la ligne.

Des dommages irréparables

Quel intérêt Lara et Anna auraient-elles à mentir et accuser à tort l’ancien compagnon de leur mère? Le parquet n’a pas de réponse. La défense pas vraiment non plus. Cependant, si les sœurs ont menti à la barre, «elles méritent un Oscar», a estimé le représentant du parquet. «Ce n’était pas quelqu’un d’autre. Les attouchements se produisaient à chaque fois qu’il était présent avec la famille.» Il repousse ainsi l’hypothèse soulevée par la défense que quelqu’un d’autre aurait pu s’introduire nu dans le lit de Lara la nuit pour se masturber. La victime présumée avait témoigné la veille avoir «fermé les yeux», tétanisée de peur, et attendu qu’il termine son œuvre.

Pour le magistrat, dans cette affaire, le doute n’est pas permis : Francis a abusé des filles, les a menacées pour les museler et détenait du matériel pédopornographique, dont un film de trois heures tellement insoutenable que les enquêteurs du service de protection de la jeunesse de la police judiciaire ne sont pas parvenus à le visionner dans son intégralité. «D’expérience, comme dans de nombreux cas, nous savons que le téléchargement de ce type de contenus n’est pas accidentel», confirme-t-il avant de révéler des éléments biographiques troublants. Il a requis une peine de 10 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Francis et s’est rapporté à prudence du tribunal en ce qui concerne l’application d’un sursis.

Me Bauilisch, l’avocat des victimes présumées et de leur mère, a réclamé 30 000 euros de dommages et intérêts pour chacune des deux sœurs et 7 500 euros pour la mère, même si «les dommages causés sont irréparables».

Le prononcé est fixé au 14 juillet prochain.

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