MEETING GOLD, MARDI À TURKU Pour sa première apparition dans un meeting d’un tel niveau, Ruben Querinjean a réalisé une course de patron. Il pulvérise son record national (8’14″33 contre 8’18″82) et signe les minima pour les championnats du monde de Tokyo.

«Avec mes deux premières courses et deux victoires, je suis en confiance. Je me dis que je n’ai pas à avoir peur», confiait Ruben Querinjean avant d’effectuer ses grands débuts en meeting gold, hier en fin d’après-midi du côté de Turku.

Après deux succès en Allemagne, respectivement à Karlsruhe (8’21« 82) puis à Rehlingen (8’20« 94), le polyvalent malmédien avait démontré qu’il était en forme. Il signait en effet ses troisième et deuxième meilleurs chronos en carrière alors que, les deux fois, il a dû courir devant pratiquement durant toute la course. Clairement, le potentiel était présent pour aller plus vite. Beaucoup plus vite.

Son coach, Thomas Vandormael, ne s’en cachait d’ailleurs pas : «L’année dernière, tout est arrivé un peu trop vite pour Ruben (NDLR : il veut dire par là, les qualifications, coup sur coup pour les championnats d’Europe de Rome et pour les JO). Mais cette année, il est bien mieux préparé. Et le but, c’est d’aller chercher la qualification directe pour Tokyo.»

Tokyo, où se tiendront à la mi-septembre les championnats du monde. Contrairement aux courses allant jusqu’au 1 500 m, ce ne sont pas les cinq meilleures courses mais seulement les trois meilleures qui sont prises en compte pour établir le ranking du Road to Tokyo, la simulation qui permet de voir qui est virtuellement qualifié pour l’évènement. Avant cette course finlandaise, Ruben Querinjean avait déjà réussi l’exploit d’être dans le bon wagon, puisqu’il figurait en 34^e position sur 36 qualifiés.

Mais bien évidemment, le jeune homme en voulait davantage. Et l’occasion était belle, dans un contexte très relevé avec une épreuve au sein de laquelle figurait notamment l’Allemand Frederik Ruppert, auteur d’une course supersonique à Rabat où il avait terminé deuxième en 8’01« 49.

Contrairement aux deux courses en Allemagne,  cette fois, il y avait deux lièvres chargés de mener l’allure. Et, directement, on a vu Ruben Querinjean se positionner résolument juste derrière les deux meneurs d’allure. Quand ils se sont effacés l’un après l’autre, le Luxembourgeois s’est accroché au premier couloir. Il s’est fait doubler à deux tours de l’arrivée. À la cloche, Ruppert s’envole vers une facile victoire, loin devant son compatriote Karl Bebendorf. Mais Ruben Querinjean ne lâche rien. Il se rapproche du troisième. Alors que Ruppert s’impose en 8’10« 39, on le voit serrer les dents. Il sait qu’il y a moyen d’aller chercher la qualif directe. Le chrono demandé? Le même que pour décrocher son billet pour Paris : 8’15« 00.

«Il entre dans une nouvelle dimension»

Le steepleur luxembourgeois franchit la ligne en quatrième position et finit sur les talons du Marocain Salaheddine Ben Yazide et juste devant le Canadien Jean-Simon Desgagnés. Au bout de quelques secondes, fin du suspense : Ruben Querinjean pulvérise son record national de l’an passé de plus de quatre secondes! Et, cerise sur le gâteau, ses 8’14« 33 lui permettent de valider sa qualification pour les championnats du monde de Tokyo.

Une première ô combien réussie dans un contexte hyper-relevé où Ruben Querinjean a semblé comme un poisson dans l’eau. Une vraie course de patron. Qui en dit long sur ses capacités.

Inutile de dire que Thomas Vandormael a apprécié : «C’est le scénario rêvé. Faire les minima en début de saison, dès la troisième course. Il peut repartir tranquillement en stage sans stress, en laissant venir les échéances.» Et de détailler la course : «La course presque parfaite. Il s’est retrouvé derrière les deux lièvres, on avait évoqué cette possibilité. Je lui avais dit qu’il ne devait pas s’inquiéter et qu’il pouvait suivre le tempo. Le premier mile, il doit passer en 2’45« , ensuite ça ralentit au deuxième on passe en 2’49« . Quand les lièvres s’écartent, il se retrouve devant, il ne sait pas trop quoi faire, il a un peu hésité. Les autres sont passés devant lui et lui n’a pas osé y aller. Mais il fait un super dernier tour en 61« . Un dernier mile en 2’41« , quatrième d’un gold, le record et surtout les minima, c’est top!»

Et de conclure : «Ce chrono le fait passer dans une autre dimension. 8’15« , c’est toujours les minima pour les JO, les Mondiaux. On ne parle plus de niveau européen mais de niveau mondial.»

Avec ses minima en poche, Ruben Querinjean va pouvoir tranquillement se préparer à Font-Romeu, où il effectue tous ses stages. Après trois semaines de stage, il devrait faire un 1 500 m à Liège puis les Universiades en Allemagne, sur 3 000 m steeple, fin juillet.