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Des chasseurs de pédophiles, vrais militants d’extrême droite


Le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, a prié tous ceux qui connaissent des chasseurs de pédophiles d’en informer la police grand-ducale.  (Photo : archives lq/alain rischard)

L’agression fin mai à Mamer dont a été victime un jeune de 19 ans a conduit la députée Taina Bofferding (LSAP) à interroger le ministre Léon Gloden sur les groupuscules néonazis au Luxembourg.

Taina Bofferding a demandé au ministre des Affaires intérieures des précisions sur le phénomène des chasseurs de pédophiles, déjà connu dans les pays voisins et qui n’épargne pas le Luxembourg. Le plus récent exemple date du mercredi 26 mai à Mamer, où un jeune s’est fait piéger sur une aire de parking à proximité de la centrale de traitement des eaux usées. La députée socialiste Taina Bofferding a voulu en savoir plus sur l’étendue de ces réseaux issus des milieux d’extrême droite et sur lesquels enquête la section antiterrorisme du service de police judiciaire.

Nos confrères du Wort avaient publié une enquête à la suite des faits qui s’étaient déroulés à Mamer, en mentionnant l’existence de tels réseaux au Luxembourg. Dans la soirée du 26 mai, une patrouille de police avait été dépêchée sur place après un appel au secours d’un jeune homme, âgé de 19 ans, qui avait indiqué avoir été violemment tabassé et humilié. La victime avait indiqué qu’une douzaine d’assaillants camouflés par des masques de ski l’avaient agressé en lui intimant de se déshabiller, avaient menacé de le tuer, l’avaient ligoté à l’aide d’attaches autobloquantes, lui avaient tondu les cheveux et avaient volé son téléphone portable et sa voiture.

Les recherches menées par le commissariat Porte de l’Ouest de la police grand-ducale, appuyé par la section antiterrorisme, avaient permis d’identifier la jeune fille, une mineure de 13 ans, qui avait servi d’appât sur un réseau social, et son frère, âgé de 19 ans, qui a été placé en détention préventive. Il est inculpé du chef de coups et blessures volontaires, injures, vols à l’aide de violences, destructions volontaires, menaces d’attentat et association de malfaiteurs. Entretemps, trois autres jeunes, tous mineurs, se sont présentés volontairement à la police.

L’enquête suit son cours, a indiqué le ministre Léon Gloden, qui avait deux messages clairs à diffuser à la Chambre des députés. Premièrement, la pédophilie doit être combattue par tous les moyens légaux et, deuxièmement, la justice populaire dans ce pays est inacceptable. «Le phénomène des chasseurs de pédophiles est connu de la police grand-ducale. Une affaire similaire s’est produite en 2024, l’enquête est toujours en cours, comme pour les faits désormais connus de Mamer. Donc je ne peux pas donner de détails, vous le comprenez», a déclaré le ministre, ajoutant que les députés pourront en discuter le 19 juin en commission avec un représentant du parquet.

En revanche, il veut bien livrer des précisions sur ces réseaux issus des milieux d’extrême droite, des identitaires hyper-violents, héritiers de Maxim Martsinkevitch, plus connu sous le nom de Tesak, un militant néonazi russe qui s’est suicidé en prison en 2020. Il s’était donné comme mission, avec ses partisans, de séquestrer des personnes LGBT contactées via internet, de les humilier et les battre avant de diffuser les vidéos de ses crimes sur les réseaux sociaux, plus particulièrement sur l’application Telegram.

Milieux néonazis

«Ces réseaux sont présents partout en Europe et ont pris de l’ampleur depuis 2024», a déclaré le ministre, qui a lancé un appel à toute la population. Si quelqu’un entend parler de ce type d’organisation, il doit en référer aussitôt à la police et la justice se chargera de faire son travail.

La députée Taina Bofferding voulait connaître le profil de ces justiciers d’extrême droite qui prennent l’excuse d’une chasse aux pédophiles pour commettre des actes racistes, antisémites et anti-LGBT. Depuis les faits qui se sont produits à Mamer, il semble évident que l’identité du jeune de 19 ans placé en détention préventive est connue. Sans jamais dévoiler son nom, des gens bien informés parmi les députés savent que c’est au sein de sa famille que l’idéologie d’extrême droite est prônée. La question de Taina Bofferding n’était pas innocente, elle-même sait très bien de quel milieu sont issus ces jeunes justiciers qui ont fait preuve d’une extrême violence envers la victime. Exactement comme le font ces militants néonazis qui se veulent chasseurs de pédophiles.

Sur ces groupes qui sont souvent très suivis sur le Net, ce ne sont pas seulement les vidéos de leurs actes qui sont diffusées, mais aussi des annonces pour recruter de nouveaux adeptes et lancer de nouvelles expéditions punitives.

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