Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
La Corée du Nord a cessé de diffuser des bruits perturbants vers le sud, a annoncé jeudi l’armée sud-coréenne, un geste qui intervient un jour après que Séoul a mis fin à ses émissions de propagande sonore vers le nord.
Depuis l’année dernière, Pyongyang diffusait des bruits inquiétants – comme des musiques de films d’horreur ou des bruits d’explosions – vers le sud à toute heure du jour et de la nuit, suscitant des plaintes des habitants vivant près de la frontière.
Mercredi, Séoul avait annoncé avoir décidé de cesser la diffusion de propagande vers les zones frontalières de son voisin du Nord, après que son nouveau président, Lee Jae-myung, s’est engagé à tenter de « rétablir la confiance » entre les deux pays toujours formellement en état de guerre. La Corée du Sud diffusait précédemment des morceaux de K-Pop ou des émissions d’actualité vers son voisin du Nord. « Aujourd’hui, il n’y a aucune région où les émissions sonores de la Corée du Nord vers le sud ont été entendues », a déclaré jeudi l’armée sud-coréenne dans un communiqué, soulignant suivre « de près » la situation.
Sur l’île de Ganghwa, au nord-ouest de Séoul, toute proche de la frontière avec la Corée du Nord, les bruits perturbants ont été entendus pour la dernière fois mercredi à environ 18 h (9 h GMT), a indiqué un responsable local, Park Heung-yeol.
« De 20 h à 21 h hier, le Nord a diffusé de la musique de propagande au lieu des bruits étranges », a-t-il ajouté. « J’ai très bien dormi la nuit dernière. Cela ne m’était pas arrivé depuis longtemps », a déclaré An Mi-hee, une autre habitante de Ganghwa.
La paix plutôt que la guerre
Le ministère de l’Unification sud-coréen, qui supervise les contacts avec le Nord, a observé que le geste de Pyongyang « a aidé à soulager les souffrances des résidents dans les zones frontalières » de la Corée du Sud. Il y voit « une opportunité significative pour réduire les tensions militaires intercoréennes et restaurer la confiance mutuelle », a déclaré un responsable du ministère aux journalistes sous couvert d’anonymat.
Lim Eul-chul, professeur à l’Institut des études de l’Extrême-Orient à Séoul, voit dans ces mesures « un développement encourageant ». « L’arrêt par la Corée du Nord de ses diffusions bruyantes envoie un signal positif au Sud, » a-t-il indiqué. Le nouveau président sud-coréen, Lee Jae-myung, élu début juin, avait promis durant sa campagne une attitude plus conciliante envers Pyongyang. « La paix vaut mieux que la guerre, quel qu’en soit le prix », a-t-il affirmé après son élection.
Les relations entre les deux Corées s’étaient considérablement dégradées ces dernières années, notamment en raison de la ligne dure envers Pyongyang de l’ex-président sud-coréen Yoon Suk-yeol, destitué en avril pour sa tentative ratée d’imposer la loi martiale.
Kim Jong-un, un « garçon grossier »
Pendant sa campagne en 2022, Yoon Suk-yeol avait traité le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un de « garçon grossier » et avait juré de « lui apprendre les bonnes manières ». Une fois au pouvoir, il avait menacé Pyongyang de frappes préventives et renforcé les liens militaires avec l’allié américain.
La Corée du Nord a elle aussi considérablement durci sa position. Elle a officiellement renoncé à tout espoir de réunification, déclaré le Sud « État ennemi », et dynamité les routes et voies ferrées transfrontalières remises en service des années plus tôt, quand les relations étaient meilleures.
En juin 2024, Séoul avait rallumé ses haut-parleurs pour la première fois depuis six ans dans la zone démilitarisée qui divise les deux Corées, après des envois vers le sud par Pyongyang de ballons remplis d’ordures. Les deux Corées sont toujours officiellement en guerre, le conflit de 1950-53 s’étant terminé par un armistice et non par un traité de paix.
