Pour le grand public, les agences matrimoniales d’antan ont largement été détrônées par les sites de rencontre et autres applications basées sur la proximité géographique. Ivy international s’attaque, elle, à une niche: celle de clients fortunés, éventuellement connus, et qui manquent de temps. Et des clients venus du Luxembourg se pressent également à sa porte.
Qui ne connaît pas dans son entourage quelqu’un qui a trouvé sa moitié via un site de rencontre sur internet? En vérité, la plupart des célibataires sont tentés, même s’ils ne se l’avouent pas toujours. Et même en 2015, avec tous les outils technologiques que l’on connaît, l’aventure amoureuse reste toujours difficilement accessible pour certains. On a du mal à s’imaginer que des personnes qui ont des carrières professionnelles florissantes ont autant de mal que les autres à trouver chaussure à leur pied. Mais il semblerait bien que ce soit le cas.
Difficile pour ces personnes de sortir d’un cercle très fermé de proches issus du même milieu, carrément impossible pour les personnes célèbres d’aller boire un verre avec un(e) inconnu(e) sans qu’une nuée de paparazzi se charge de ruiner leur soirée. Difficile d’ailleurs de rencontrer ledit «inconnu» et que ce dernier passe outre l’argent et la célébrité pour se concentrer sur la personne.
Ce n’est pas n’importe qui qui vient frapper à la porte d’Inga Verbeeck, la fondatrice belge d’Ivy international. Madame trie ses clients sur le volet. Premier obstacle, l’inscription, qui coûte 10 000 euros, n’est pas à la portée de toutes les bourses. Mais dans cet univers d’individus puissants et fortunés, c’est la discrétion qui prime. Les clients potentiels font l’objet d’une enquête réalisée par un cabinet externe. Il faut que la confidentialité et la confiance soient respectées.
Climat de confiance
Les maîtres mots pour que les entretiens commencent : le premier pour cerner les attentes du client et instaurer un climat de confiance. S’ensuit un deuxième entretien où les attentes sont détaillées. Une sélection de candidats se fait donc en amont par les employés de l’agence. « Il est très difficile de définir la personne idéale, mais il faut partager la même philosophie de vie, les mêmes valeurs, les mêmes attentes. Nous sommes là afin de guider nos clients, ces derniers ont bien souvent des idées arrêtées sur ce qu’ils recherchent, mais on tombe amoureux d’une personne, pas d’une liste de critères », estime Inga Verbeeck.
Tout le contraire des sites de rencontre qui permettent de feuilleter tel un catalogue les profils des autres membres du site. Chez Ivy international, il s’agit plutôt de viser la qualité des personnes rencontrées, en toute discrétion. Il faut dire que dans le milieu des personnes fortunés, des affaires, des artistes et des sportifs, il n’est pas encore bien accepté d’avoir recours à de tels services, en particulier en Europe : « Cela reste toujours un grand secret, plus qu’un tabou. C’est dommage, et on travaille à changer cet état de fait. Aux États-Unis, c’est l’inverse. Là-bas, où on va soit voir son psy, soit voir un matchmaker (un marieur), c’est très répandu et bien accepté .»
Qui sont donc les clients d’Ivy international? Des individus bien nés, des aristocrates même, des personnes qui ont de l’argent mais qui n’ont pas le temps de rencontrer quelqu’un : « Les avocats, en particulier, ont très peu de temps car ils travaillent beaucoup. Avoir de l’argent est également un facteur qui rend les choses très compliquées, certains de nos clients ont peur d’être aimés pour leur argent. D’autres sont tout simplement débordés. C’est difficile une fois qu’on a fait le tour de son réseau. »
Pas le temps de rencontrer quelqu’un
Difficile d’autant plus pour les femmes qui ont une carrière prestigieuse et qui peuvent effrayer les hommes par leur succès. « C’est là l’intérêt d’évoluer dans certains cercles, les clients sont très divers mais ils se concentrent du coup plus sur la personnalité, ils sont sur un terrain neutre. Mais il ne faut pas croire, les hommes inscrits dans notre agence cherchent à rencontrer quelqu’un d’intéressant, qui a du répondant, on est loin du cliché de la belle poupée.»
Après cinq ans d’activités, l’agence revendique près de 1 600 clients à travers le monde, c’est dire si ces derniers sont triés sur le volet : « Nous sélectionnons aussi nos clients, ils doivent être convenables pour figurer dans notre fichier. Ils doivent être réalistes, ils paient pour nos services, pas pour la personne qu’on leur présente .» Il faut donc que ces personnes à l’emploi du temps compliqué prennent paradoxalement leur temps. Mais ça marche puisque l’agence se targue d’un taux de succès de 75 %. « J’ai présenté une de mes premières clientes à Paris, une femme moderne dotée d’un grand réseau, à un Belge qui n’était pas forcément son type à première vue. Je l’ai un peu coachée, j’étais persuadée qu’ils étaient faits pour s’entendre. Et résultat, ils vivent ensemble aujourd’hui. Même chose avec un autre client, très sceptique de nos services, il a fallu six mois et près de quatre rencontres pour qu’il se lance. J’étais convaincue d’avoir trouvé la perle rare pour lui, et ça a marché puisqu’ils sont aujourd’hui mariés, il a déménagé de Paris à Zurich pour elle. »
C’est le point de vue extérieur et plus objectif qu’Inga Verbeeck vend à travers le monde pour des clients qui ont l’habitude de voyager et n’ont pas peur de faire des kilomètres pour trouver leur moitié. C’est le cas de clients qui sont de plus en plus nombreux à vivre au Luxembourg : « C’est une région importante pour nous, au Luxembourg, les clients sont plus relax et moins émotifs qu’en Espagne ou en Italie par exemple. C’est une opportunité de rencontrer du monde nouveau, surtout au Luxembourg, qui reste un petit pays. »
Audrey Somnard
Le business du célibat
Les agences matrimoniales de niche se développent, à l’image d’Ivy international, qui vise pour sa part le haut du panier : les célébrités, les personnes qui ont de gros revenus et qui ne peuvent se permettre d’utiliser les canaux de monsieur et madame Tout-le-monde quand il s’agit de sentiments.
L’agence, qui existe depuis cinq ans avec des bureaux en Europe et à New York, se développe à l’international avec un renforcement en Allemagne et en Scandinavie. Des ouvertures de bureaux à Dubai et Hong Kong sont également prévues l’année prochaine. Histoire de se concentrer sur les expatriés qui ont encore plus de mal que les autres à rencontrer quelqu’un dans des circuits plutôt fermés.
Jeune femme 30 ans..
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