Et voilà la Fédération luxembourgeoise de football qui ouvre un front supplémentaire. Après avoir accusé notre journaliste Julien Mollereau d’être le seul responsable du «lynchage en place publique» de Gerson Rodrigues, les responsables de la FLF s’attaquent désormais aux élus du peuple (et au ministre des Sports?).
Paul Philipp a tiré en premier dans les colonnes du Wort, en dénonçant des «pseudo-politiques» qui croient bon de se mêler d’affaires internes. Le sélectionneur Luc Holtz en a remis une couche, en clamant que «certains politiques prennent Gerson pour cible pour se faire de la pub» (lire en page 16). Dès mercredi, le «responsable presse», Marc Diederich, s’en est pris à Francine Closener, après que la coprésidente du LSAP eut infligé un «carton rouge» à la FLF. L’argument : la politicienne devrait faire profil bas après avoir elle-même dérapé en tant que secrétaire d’État. En 2013, elle avait utilisé une voiture de service pour partir faire du ski. Qui avait révélé l’affaire? Des journalistes. Et les critiques politiques n’ont pas manqué.
Le représentant de la FLF a cependant raison sur un point : la politique doit rester en dehors du volet purement sportif. Mais dénigrer des partis et des député(e)s remettant en question des choix dans une affaire sociétale et éthique représente un monumental but contre son camp. Un de plus, après les propos diffamatoires tenus contre Le Quotidien. Les élu(e)s ont toute légitimité à remettre en question le choix de maintenir sur le terrain un joueur condamné pour violences. D’ailleurs, Paul Philipp omet de dire que bon nombre de représentants de la société civile sont également vent debout.
Cette affaire FLF n’est pas sans rappeler des propos du Premier ministre, Luc Frieden, qui avait suggéré à la presse de ne plus s’acharner sur l’interdiction de la mendicité. On peut aussi mentionner que la direction des CFL a fustigé le Tageblatt pour son enquête sur des dysfonctionnements internes. Le «média bashing» est devenu une coutume au Luxembourg. D’aucuns n’acceptent toujours pas des journalistes critiques. Or on ne joue pas avec la liberté de la presse. Une presse qui est d’ailleurs tenue de respecter un code de déontologie. Qu’en est-il de Paul Philipp et de Luc Holtz?