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Xavier Bettel et la reconnaissance d’un État palestinien : «C’est le moment»


Xavier Bettel a annoncé que le Luxembourg fait partie d’un groupe d’une quinzaine de pays prêts à reconnaître un État palestinien sous conditions. (photo archives lq)

Deux semaines avant une conférence à New York sur la solution à deux États afin d’enrayer le conflit israélo-palestinien, Xavier Bettel précise les conditions d’une reconnaissance pour le Grand-Duché.

La question de la reconnaissance d’un État palestinien se pose avec de plus en plus d’insistance à l’approche de la conférence sur la solution à deux États qui se tiendra le 18 juin à New York. Elle sera coprésidée par la France et l’Arabie saoudite et pourrait conduire certains chefs d’État à franchir le pas, à commencer par Emmanuel Macron. «Je le ferai (…) parce que je pense qu’à un moment donné, ce sera juste», déclarait le président français en avril.

À deux semaines de cette conférence internationale, Xavier Bettel, le ministre des Affaires étrangères, a tenu à clarifier, face à la presse, la position du Grand-Duché. Reconnaîtra, reconnaîtra pas? «J’aimerais annoncer à New York la reconnaissance de la Palestine, c’est le moment», répond le chef de la diplomatie luxembourgeoise, qui veille à employer le conditionnel. «Pour cela, il faut que les conditions soient respectées. Je ne peux pas vous dire aujourd’hui si ce sera le cas ou pas», explique-t-il.

Le Luxembourg ne serait pas pour autant le seul à avoir un pied sur la ligne de départ et l’autre prêt à reculer. «Il y a une quinzaine de pays qui bougent dans le sens d’une reconnaissance, mais il n’y a personne qui m’a dit « c’est sûr qu’à New York je vais reconnaître ». Personne.»

«Faire pression sur Israël»

Parmi la quinzaine d’États dans l’incertitude, deux camps se détachent selon le ministre : «Il y a des pays qui me disent « si telle condition est remplie, je le fais » et d’autres qui me disent : « s’il y en a d’autres qui le font, je le fais ».» Le Grand-Duché serait, lui, dans les deux cas, puisque Xavier Bettel indique qu’il ne le fera pas seul ni sans un «paquet de mesures» attendues en contrepartie d’une reconnaissance.

«Je ne veux pas juste faire de la symbolique, il est important d’avoir un impact sur le terrain», souligne-t-il, en prenant l’exemple de la situation inchangée depuis la légitimation d’un État palestinien par l’Espagne et l’Irlande en mai 2024. Concrètement, le Grand-Duché réclame un cessez-le-feu, «ce qui est le plus important», suivi d’une déradicalisation de l’éducation palestinienne, une stabilisation des relations entre certains pays arabes avec Israël, l’engagement de l’État hébreu à permettre des élections en Palestine et une reconnaissance de l’architecture de sécurité en Palestine.

Si ces conditions sont réduites, l’annonce tant attendue pourrait donc avoir lieu. «J’ai envie de faire pression sur Israël» assure Xavier Bettel, qui voit néanmoins dans une telle reconnaissance un bienfait tant pour les Palestiniens que pour l’État hébreu. «C’est dans l’intérêt d’une stabilisation de la région (…) Tant qu’il n’y aura pas de gouvernement au pouvoir en Palestine, il y aura un risque de radicalisation et de dangers. Il pourrait y avoir encore un 7-Octobre s’il n’y a pas de changement.»

L’UE, un frein pour agir

Malgré le comportement respectif d’Israël et du Hamas, qui ne parviennent pas à signer un accord de cessez-le-feu, le ministre des Affaires étrangères refuse de sombrer dans le pessimisme : «Sinon, dans ce cas-là, on capitule et on dit que cela continuera comme ça.»

Tandis que l’activiste suédoise Greta Thunberg et une douzaine de militants voguent actuellement à bord d’un navire humanitaire en direction de Gaza afin de dénoncer le blocus de l’aide humanitaire par Israël, Xavier Bettel qualifie de «catastrophique» la situation sur place. «On ne peut plus fermer les yeux, on doit trouver des moyens de pression sur Israël.»

Malgré toute sa bonne volonté affichée, le Grand-Duché se heurte à l’immobilisme de l’Union européenne : «L’UE représente près de 500 millions d’habitants et nous sommes un poids plume parce que nous n’arrivons pas à nous mettre d’accord sur des positions communes.» Xavier Bettel déplore notamment le fait que les 27 soient «pieds et poings liés au niveau européen, parce qu’il faut des unanimités pour la politique étrangère».

Il qualifie donc le soutien du Luxembourg à l’initiative néerlandaise visant à réviser l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël comme «le seul moyen» d’action à ce jour. D’ici, peut-être, la conférence de New York.

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