La cinquième édition du «Senior Drivers Day» a eu lieu ce mercredi 4 juin sur le circuit automobile de Colmar-Berg. L’occasion pour une cinquantaine d’aînés de revoir leur technique au volant et réapprendre à s’approprier la route.
Ils ont passé leur permis de conduire il y a plus de quarante ans, mais prennent toujours autant de plaisir à se trouver derrière un volant. Ce mercredi, les seniors avaient rendez-vous au centre de formation pour conducteurs (CFC) de Colmar-Berg afin de perfectionner leur conduite.
Il faut dire qu’au Luxembourg, encore plus qu’ailleurs, la voiture reste un moyen de transport important (malgré la gratuité des transports en commun !).
On dénombre ainsi environ 681 voitures pour 1 000 habitants, selon les données d’Eurostat, ce qui en fait l’un des pays européens avec le taux de possession automobile le plus élevé. Pas étonnant donc que le «Senior Drivers Day», organisé tous les deux ans par l’association Gero, fasse encore une fois salle comble en ce début du mois de juin.
Cette initiative ne se veut en rien stigmatisante : elle existe surtout pour permettre aux personnes âgées de se tenir au courant des exigences actuelles d’une circulation routière de plus en plus complexes. «Depuis que j’ai passé mon permis à 18 ans, je n’ai plus jamais refait d’expérimentation», souligne ainsi Véronique. À 62 ans, elle a décidé de venir tester à nouveau «ses réflexes» et voir «où elle en est» au niveau de sa conduite.
Comme elle, ils étaient 53 «pilotes», âgés de 65 à 85 ans, à s’essayer aux différents ateliers proposés tout au long de la journée sur le circuit de Colmar-Berg : virages, slalom, freinage d’urgence, contournement d’obstacles… Sur sol sec et mouillé, à allure variable. Avec leurs propres véhicules.

Les automobilistes seniors ont pu s’exercer sur des postes mouillées pour tester leurs réflexes. (Photo : Georges Nossen)
«Pour les seniors, il est surtout important de s’exercer concrètement au bon freinage ou au freinage d’urgence. Beaucoup d’entre eux sont encore habitués aux véhicules sans système ABS et pensent que si l’on freine trop fort, les roues se bloquent», analyse Eric Mathias, directeur du CFC.
Pas plus d’accidents
Les participants s’entrainent donc à freiner dans les virages afin de se rendre compte que les voitures modernes, équipées de l’ABS (système antiblocage des freins) et de l’ESP (contrôle électronique de stabilité) ne dérapent pas automatiquement.
«Avec l’âge, certaines choses se perdent. Et ça joue aussi sur la conduite», estime Alain Brever, responsable chez Gero. Des pertes de réflexe bien réelles, qui peuvent nuire à la sécurité du conducteur et de ses passagers, mais qui restent encore assez marginales, si l’on se penche sur les dernières données du Statec et de la police grand-ducale.
En effet, les seniors ne sont pas plus souvent impliqués dans des accidents au Luxembourg et ne représentent pas un risque plus élevé sur la route. En 2023 par exemple, 14 conducteurs âgés de 65 à 74 ans ont été impliqués dans des accidents ayant entraîné des blessures graves. Dans un cas, un décès a été enregistré.
Dans le groupe des 75 ans et plus, 15 blessés graves ont été dénombrés, mais aucun décès. Si l’on compare le nombre de victimes d’accidents de la route dans la population totale, il apparaît clairement que les 25-34 ans sont nettement surreprésentés en termes de pourcentage. Un fait logique, puisqu’il s’agit aussi de la tranche d’âge la plus active.

Alain Brever, directeur de l’association Gero, se réjouit du succès de cette initiative née il y a cinq ans.
Mais «l’idée ici, c’est avant tout de leur permettre de garder leur autonomie», explique Alain Brever. Un élément moteur pour une grande partie des participants, comme Alexa et Gaby, âgées respectivement de 66 et 68 ans. C’est déjà la deuxième édition du «Senior Drivers Day» à laquelle elles participent.
Un véritable «plaisir» qu’elles jugent «obligatoire» passé un certain âge : «tout le monde devrait s’exercer régulièrement sur ce type de parcours, ne serais-ce que pour voir si on est encore capable de rouler», expliquent-elles, estimant «apprendre de nouvelles choses à chaque fois».
Puissance et responsabilité
Si les conducteurs âgés sont confrontés à des défis particuliers, c’est généralement parce qu’ils se sentent dépassés ou qu’ils manquent de confiance : un sentiment partagé par Véronique, qui conduit pourtant plus de 100 kilomètres par jour.
«En général, je pense qu’on se dit qu’on est encore jeunes dans nos têtes… Et nos accompagnateurs n’osent peut-être pas forcément nous faire de réflexions ! Mais j’ai repris confiance en mon véhicule. J’ai pu expérimenter des choses que je ne peux pas faire au quotidien», se réjouit-elle.
Si ces dames se veulent prudentes et testent davantage leurs réflexes, du côté des messieurs, c’est une autre histoire… Pour Jean et Norbert par exemple, c’est avant tout pour tester leurs nouveaux bolides, acquis juste avant la retraite.
«J’ai acheté une voiture sportive, mais je n’ai aucune expérience sur des terrains difficiles, comme la neige ou le verglas. Je ne roule pas généralement en hiver, donc je suis venu tester tout ça», explique Jean, 62 ans, ajoutant : «Qui dit puissance, dit forcément plus de responsabilité aussi.»
De son côté, à 70 ans, Norbert est lui venu pour «voir le comportement de son véhicule» et «connaître ses limites». Mais «il faut savoir se faire plaisir tout en faisant attention», glisse le septuagénaire dans un sourire. La sagesse de l’âge.
S’adapter aussi aux véhicules électriques
Si ces stages de sécurité routière visent avant tout à réapprendre aux seniors à circuler correctement en toute autonomie, ils servent également de mise à niveau concernant le marché automobile, toujours en pleine ébullition.
Une activité entière était ainsi consacrée à la conduite de voitures électriques, de plus en plus répandue au Luxembourg (il existe actuellement plus de 30 000 voitures électriques immatriculées au Grand-Duché).
«Nous voyons de plus en plus de personnes âgées en conduire. C’est important de faire un point avec elles là-dessus parce que ces véhicules démarrent vite et fort. Cela peut faire peur et il faut s’y habituer», commente une membre du CFC.