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Six amis d’enfance accusés de dealer dans le sud du pays


Les amis d’enfance sont soupçonnés d’avoir écoulé des stupéfiants dans le sud du pays. (photo archives lq)

Sans situation, un jeune homme est accusé d’avoir créé son propre réseau de vente de stupéfiants et d’avoir recruté des amis d’enfance au fur et à mesure que son influence grandissait.

S. a quitté l’école en cinquième. Pour tromper l’ennui et arrondir ses fins de mois, il se serait mis à dealer des stupéfiants. Un peu, beaucoup, trop. Moins que ce que la police lui reproche. Il reconnaît que son trafic a enregistré 2 000 euros de bénéfices mensuels, mais pas avoir été, avec un prévenu en fuite, à la tête d’un réseau composé de ses six amis d’enfance qui se serait fourni en marijuana en Espagne. Il leur est reproché d’avoir fait partie d’une bande organisée.

Entre 2018 et le mois de novembre 2022, la bande aurait écoulé entre 10 et 14 kilogrammes de cannabis et de marijuana dans le sud du pays pour un chiffre d’affaires estimé entre 100 000 et 130 000 euros. Les enquêteurs et le parquet pensent qu’il ne s’agit là que de la pointe d’un iceberg beaucoup plus important. «Tous les acheteurs n’ont pas pu être entendus par les enquêteurs», explique la substitut. «Mille quatre-vingt-seize contacts ont été identifiés, mais seuls 5 % ont été interrogés.» Les quantités vendues avoisineraient donc, selon elle, les 200 kilogrammes pour plus de 2 millions d’euros.

Les rôles auraient été clairement répartis entre les prévenus qui formaient une association de malfaiteurs articulée autour de S., F. et le fuyard. Ils étaient responsables de la logistique, des relations avec les fournisseurs et les revendeurs ou encore de la comptabilité. Les preuves de leur implication ne feraient aucun doute. F. aurait fondé le réseau en 2017 et se serait entouré de ses amis d’enfance pour le faire fonctionner. Il aurait eu recours aux voitures de ses proches pour livrer les commandes dans le sud du pays.

La magistrate a requis hier des amendes et des peines de prison de 12, 10, 8 et 6 ans de prison à l’encontre des différents prévenus. Elle a également requis des interdictions de conduire de 5 ans à l’encontre de S. et de F. et de 3 ans à l’encontre du reste des jeunes hommes.

«Tout n’est pas faux»

Les prévenus minimisent, contestent, prétendent avoir été confondus avec quelqu’un d’autre, revoient à la baisse les quantités reprises dans le rapport d’enquête, assurent avoir rajouté des zéros dans leur livre de compte pour «faire comme dans les films» ou joué les nourrices en gardant 60 kilogrammes de marijuana pour un mystérieux fournisseur dans un garage à Soleuvre contre 1 000 euros.

Certains prévenus se demandent carrément ce qu’ils font dans cette affaire. D’autres renvoient les quantités de stupéfiants trouvées à leur domicile à leur consommation personnelle ou à des oublis de connaissances dont ils ont oublié les noms, jouent avec la notion de partager un joint et de vente de stupéfiants ou oublient qu’ils ont déjà été impliqués dans des affaires de stupéfiants.

«Il m’a confié la drogue en prétendant qu’il l’avait trouvée dans le parc à Differdange», insiste D. après avoir expliqué que la drogue trouvée dans sa voiture y avait été cachée par le précédent propriétaire. Ecstasy, cocaïne… le jeune homme ne sait «même pas ce que c’est». Sur le banc des prévenus, ses six acolytes ont du mal à masquer leurs sourires.

«La police écrit ce qu’elle veut. Les enquêteurs ont pris tout ce qu’ils ont trouvé chez moi. Les téléphones mobiles étaient plus vieux que moi», balance O. qui nie une bonne partie des faits qui lui sont reprochés. «Tout n’est pas faux. Juste la majeure partie. Je n’ai jamais vendu de stupéfiants pour personne. On se connaît depuis l’enfance, du quartier, du football…»

Tous chantent à peu près le même refrain. Personne n’a créé le compte Snapchat qui servait à commander les stupéfiants et H. conteste avoir été le chauffeur de la bande. G., lui, reconnaît être un consommateur et ne jamais s’être mêlé du «business» de ses amis. R. a «tout avoué au juge d’instruction» et ne souhaite rien ajouter à sa déposition. Il lui serait arrivé de «dépanner» certains de ses amis «pour financer ma propre consommation». «Enfin quelqu’un qui dit la vérité», a noté le président de la 23e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg.

Les avocats de la défense seront entendus aujourd’hui.