C’est avec un certain effarement que Le Quotidien a appris, très tard lundi soir, à 23 h 35, par un coup de téléphone du juriste de la FLF sur la ligne privée d’un de ses journalistes, sans en passer par sa rédaction en chef, sans en passer par son syndicat, Sportspress, sans en passer par un quelconque canal officiel…, qu’il n’était pas le bienvenu au point presse organisé à Lipperscheid le lendemain. Luc Holtz et deux de ses joueurs (Dirk Carlson et Florian Bohnert) étaient censés échanger avec les journalistes du pays, à propos des deux prochains matches amicaux.
La raison évoquée est bancale car pas claire du tout, comme souvent ces derniers temps avec une fédération qui manque toujours d’un service communication dans son organigramme, étant restée au XXe siècle sur ce point précis de son mode de fonctionnement. En cause, a priori, un article intitulé «Affaire Gerson : « Mais dans quel coin notre ministre des Sports se cache-t-il?« » daté déjà de huit jours (27 mai). Il y est expliqué que l’absence de communication jusqu’au plus haut sommet de l’État est en train de faire un tort immense à l’image de marque de la FLF.
Seulement quelques lignes, qui ne sont pas le cœur du papier, indiquent qu’il est ironique de voir que les affaires se poursuivaient comme si de rien n’était pour la fédération, qui signait alors une prolongation de partenariat (avec un sponsor dont il n’a jamais été question pour notre titre de remettre en cause l’engagement) le jour même où la liste incluant Gerson Rodrigues suscitait un tollé dans la société civile. Quelques lignes qui ont, selon nos informations, c’est-à-dire la communication très informelle de la FLF, par téléphone, juste avant d’aller au lit et plus d’une semaine plus tard, officiellement irrité le conseil d’administration.
Qui a pris la décision ?
C’est pourtant… le sélectionneur et les joueurs dont on a prétendu qu’ils ne souhaitent pas parler avec Le Quotidien (au moins un de ses journalistes), désirant visiblement choisir leurs interlocuteurs. En fonction de ce qu’ils considèrent être de bons ou de mauvais journalistes (c’est-à-dire modérément critiques)?
Il est hautement improbable que les éventuels soucis de sponsoring de la FLF tiennent tant à cœur aux joueurs qu’ils surréagissent pour un constat basique : quelque chose ne va pas, à l’heure actuelle, dans la façon dont leurs dirigeants gèrent la crise Gerson. Mais l’on se demande encore qui a pris la décision. Qui a commandé l’appel tardif. Qui a pris la liberté de museler.
Il est en effet plus probable que c’est la direction sportive des Rout Léiwen qui s’est montrée sélective. Et que les griefs se nichent plutôt dans les articles suivants, «La FLF et Gerson jouent un jeu dangereux» ou encore «Pas de Kiki ni d’Olesen pour ce mois de juin, mais bien du Gerson» (2 juin), dans lesquels à aucun moment Le Quotidien n’appelle à ce que Gerson Rodrigues ne soit pas sélectionné. Mais assume tout simplement son travail en se faisant l’écho des interrogations de la société civile devant le silence assourdissant de la FLF, assaillie de questions et commentaires qui restent pour l’heure sans réponse.
Dans l’espoir qu’elle se décidera à sortir de ce silence pour un dialogue constructif sur le sujet de l’éthique, et que Le Quotidien ne sera pas exclu aussi de ce moment nécessaire, nous ne pouvons que regretter cette décision qui intente à la liberté fondamentale de la presse.
La rédaction du Quotidien