À partir du 14 juin, des visites guidées auront lieu au sein la crypte archéologique du plateau du Saint-Esprit. Une grande première !
Depuis 29 ans, les amateurs, amatrices d’histoire ou simples curieux suivent avec intérêt les avancées des fouilles de la crypte archéologique du plateau du Saint-Esprit. À partir du 14 juin, ils pourront convertir ce regard lointain en une expérience bien réelle. Ce mardi, le ministre de la Culture et ministre délégué au Tourisme, Eric Thill, a annoncé l’ouverture provisoire au public de cet espace unique pendant la durée de l’exposition «LUGA – Luxembourg Urban Garden 2025», soit jusqu’au 18 octobre 2025.

Le public pourra découvrir ce joyau situé sous la Cité judiciaire de Luxembourg au cours de visites guidées organisées par l’Institut national pour le patrimoine architectural (INPA)*. Ces dernières, qui nécessitent une inscription, auront lieu les samedis matin à 11 h. Cette grande première s’inscrit dans le cadre du 30ᵉ anniversaire de l’inscription de «Luxembourg : vieux quartiers et fortifications» sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
Cinq siècles devant les yeux
En décembre 1996, des sondages préalables à la construction de la Cité judiciaire révélaient d’importants vestiges de l’ancien couvent des Clarisses, fondé en 1234 par la comtesse Ermesinde. Entre 2001 et 2003, les premières découvertes ne tardent par à éclore : des traces de la «maison du puits», de l’ancien manège, de la cuisine militaire et de remparts médiévaux…

Pour les protéger, pendant la construction de la nouvelle Cité, ces empreintes du passé ont été intégrés dans une grande crypte archéologique de plus de 1 000 m2, comme le souhaitait le Comité du patrimoine mondial. Entre 2003 et 2008, tous ont été soigneusement recouverts de couches de sable et de gravats.
Ce n’est qu’à partir de 2023 que l’INPA, en collaboration avec l’Institut national de recherches archéologiques (INRA), a entrepris le dégagement des 3 000 m³ de remblais, rendant à nouveau visibles ces structures médiévales et militaires d’exception.
Un accès pour (presque) tous
Face à une grande porte rouge située en contrebas de l’ascenseur qui relie le plateau du Saint-Esprit (Cité judiciaire) au Grund, les visiteurs n’auront qu’à gravir quelques marches pour accéder à une plateforme sécurisée placée à l’intérieur de la crypte archéologique.
Depuis ce point de vue grillagé, ils pourront observer l’étendue du site, en comprendre la portée historique par le biais des visites guidées mais aussi prendre connaissance des cinq avant-projets scénographiques proposés. Bémol de cette structure, elle n’est pas adaptée aux personnes à mobilité réduite.
Je suis persuadé qu’on va y arriver
«C’est un premier pas que de donner la possibilité aux gens de pouvoir visiter ce site historique de la crypte du Saint-Esprit, ici à Luxembourg-Ville», s’enthousiasme le ministre de la Culture, Eric Thill. «Je suis très content d’avoir lancé les études au sein les différents bureaux d’architecture, de mettre en œuvre des plans quant à la valorisation de ce site. J’ai hâte de voir les résultats et je suis persuadé qu’on va y arriver.»
Entre tradition et modernité
Fin 2024, un appel à candidatures a permis de sélectionner cinq bureaux de scénographie. Ceux-ci sont chargés de proposer une première étude pour l’élaboration d’un parcours muséal. Dans les mois à venir, l’un d’entre eux sera retenu pour concevoir le projet définitif, dont la réalisation, pilotée par l’INPA avec l’appui de l’INRA et du bureau d’architectes Teisen & Giesler, débutera en 2026 pour une durée de deux ans. Pour le moment, les propositions de ces bureaux de scénographie sont affichées à la vue du public autour de la plateforme à l’intérieur de la crypte.
«Si certains des bureaux profitent pleinement des possibilités de réalité augmentée, d’autres sont un peu plus réticents, veulent rester dans la simplicité. Ils s’orientent plutôt sur la vie des religieuses pour élaborer leur projet et se basent sur des méthodes traditionnelles avec en panneaux explicatifs, des stations audio, mais sans vraiment profiter des reconstructions en 3D», décrit Jean-Jacques List de l’Institut national pour le patrimoine architectural.

À ce jour, il est confirmé que les visiteurs pourront, d’ici à 2027, se promener au-dessus du sol sur un circuit constitué d’une structure légère. Sur ces passerelles suspendues, ils flotteront sur les vestiges archéologiques et reprendront le chemin que les nonnes parcouraient jadis, dont celui traversant le cloître jusqu’à l’église du couvent. Une occasion de se rendre compte de l’architecture de la bâtisse tout en découvrant, via des bornes, l’histoire des lieux.
Pour le ministre, il est essentiel de mêler tradition et technologie : «Je pense que c’est un site sur lequel il est intéressant de mener une visite sur le terrain tout en la combinant avec une expérience en réalité augmentée».
* Les inscriptions aux visites peuvent se faire par tél. au ou par télé au 24 78-665 ou par courriel à info@inpa.etat.lu