L’exposition Brixembourg revient pour sa sixième édition à Junglinster. Des dizaines de créations en Lego réalisées par des passionnés sont à découvrir durant tout le week-end.
Au centre polyvalent Gaston-Stein, à Junglinster, les allers-retours se multiplient en ce vendredi après-midi. Les bras chargés de caisses et de cartons, des dizaines de personnes déballent leurs affaires sur de grandes tables bien alignées. L’ambiance est aussi légère que studieuse car tout doit être prêt pour l’ouverture, ce samedi, de Brixembourg. L’évènement consacré aux célèbres briques Lego revient en effet ce week-end pour une sixième édition.

«Nous avons 30 à 40 exposants», explique Alain Silverio de l’ASBL Brixembourg, en charge de l’évènement. Certains viennent exposer leurs propres créations tandis que d’autre sont là, en amateur ou en professionnel, pour vendre des pièces et des sets de seconde main. «C’est important pour nous d’avoir les deux. On montre ce que les gens peuvent construire, puis on leur permet d’acheter directement des Lego à un prix moins élevé qu’en magasin.»
Mais avant d’accueillir le public, il faut d’abord tout préparer. «Nous recevons la salle vendredi matin et nous installons les tables pour les exposants.» Dans l’après-midi, ces derniers montent alors leurs stands, une opération qui peut prendre plusieurs heures. Évidemment, avec des œuvres composées de milliers de pièces, impossible de tout reconstruire brique par brique en à peine 24 heures. Les participants arrivent avec plusieurs petits blocs qu’ils peuvent assembler pour recréer leur construction. «C’est plus gérable et plus pratique pour le transport.»
Les travaux avancent à bon rythme et l’on voit émerger peu à peu un monde bigarré et hétéroclite fait de châteaux forts, de vaisseaux spatiaux, de monuments historiques ou encore de petites villes. «Les exposants viennent du Luxembourg mais aussi de la Grande Région. Cette année, nous avons même quelqu’un originaire de Hongrie.» Bernd Bruck, lui, est venu d’Allemagne et propose, pour sa première participation, sa maquette «Space City».
Le décor recrée une ville futuriste, d’où s’élancent fusées et navettes spatiales, entourée par un monorail. Composé de briques commercialisées dans les années 80 et 90, le set contient des pièces difficilement trouvables aujourd’hui et donc particulièrement chères. «Le monorail coûte 400 euros.»
De nombreuses créations maison
Un peu plus loin, Marc Wagner est en train d’assembler une ville beaucoup plus traditionnelle. «C’est un set sur Dunkerque, affirme-t-il. J’ai été invité par la ville, qui a vu mes créations sur internet, pour les commémorations du 85e anniversaire de l’opération Dynamo, l’évacuation de la ville en mai 1940.»
Pour Brixembourg, il va simplement remplacer les soldats par des monstres. Car si les maquettes historiques sont autorisées, l’exposition luxembourgeoise préfère éviter le thème de la guerre, une politique à laquelle s’astreint aussi Lego. Reconstitution du château d’Osaka au Japon, stade de Quidditch sorti tout droit de Harry Potter, grue gigantesque réalisée avec plusieurs boîtes, temples mayas… les créations commencent à prendre forme, offrant chacune des dizaines de détails à scruter.
Il suffit parfois de retirer le toit pour découvrir un foisonnement d’éléments donnant encore plus de vie à l’ensemble. «Beaucoup sont des créations maison, précise Alain Silverio. Mais il y a aussi des modèles commercialisés. C’est souvent un mix entre les deux.» Une seule règle : pour pouvoir revenir à Brixembourg, il faut proposer chaque année une nouveauté.

Yann Jadin a par exemple souhaité rendre hommage au Luxembourg. Il a ainsi recréé la libération de la capitale en septembre 1944 à partir d’une photo d’époque. Tous les éléments sont là, réimaginés pour l’occasion par le fan des petites briques danoises. Devant un immeuble, deux chars américains défilent devant les habitants en liesse. «Il y a un soldat qui donne du chocolat à quelqu’un. C’est en référence à ma grand-mère qui a reçu du chocolat de la part d’un Américain à la libération.» Un travail d’orfèvre qui a demandé près de 15 000 pièces et six mois de travail.

Passionnés, les fans de Lego ne comptent pas leurs heures. C’est tout autant le cas de la famille à l’origine de Brixembourg (voir encadré). Les quatre membres de l’association proposent cette année une création sur le thème des châteaux. Au centre de la pièce s’élève un énorme fort devant lequel une bataille, réunissant des dizaines de cavaliers et de soldats, va bientôt faire rage. Une fois encore, le travail est colossal mais devrait ravir les visiteurs, épatant les enfants et ravivant des souvenirs chez leurs parents.
Car la nostalgie fait une bonne part du succès actuel de Lego qui cible aujourd’hui autant les adultes que les enfants. Alain Silverio en est un bon exemple, lui qui retombé dedans en voulant vendre d’anciens modèles. «On les a reconstruits pour vérifier qu’il ne manquait aucune pièce.» Un premier doigt dans l’engrenage qui a ravivé la flamme. «On a finalement vendu les anciens sets… mais pour en racheter d’autres !»
Le début d’une passion qu’il tente maintenant de partager aux autres à travers Brixembourg. Avec toujours l’envie de se replonger dans une époque où tout était plus simple. «C’est important la nostalgie, cela donne une émotion, rappelle Alain Silverio. C’est vraiment ce qu’on recherche.»
Brixembourg, ce samedi de 11 h à 17 h et ce dimanche de 10 h à 16 h 30 au centre polyvalent Gaston-Stein, 1, rue Émile-Nilles à Junglinster.
Une affaire familiale
Les petites associations aiment se comparer à une famille, mais l’ASBL Brixembourg a poussé la logique encore plus loin. «Nous sommes quatre : la mère, le fils, le copain de la mère et l’épouse du fils», explique Alain Silverio. L’association a vu le jour en 2016. «On a visité d’autres expos à l’étranger puis participé à des bourses. Les gens ont commencé à nous demander si cela existait au Luxembourg.» Face au manque d’évènements de la sorte au Grand-Duché, malgré une forte demande, la famille a décidé de lancer sa propre exposition. «On a créé l’association afin d’avoir un cadre légal pour l’organisation.» Brixembourg s’est peu à peu imposée dans le paysage grand-ducal au point de multiplier les activités. L’association a ainsi fait don de plusieurs sets Lego à la Fondation Sarah Grond qui se consacre aux familles endeuillées et notamment aux enfants ayant perdu l’un de leurs parents.
Certains membres ont aussi officié sur l’édition luxembourgeoise de la First Lego League. Organisé dans le monde entier, ce concours est destiné aux enfants de 9 à 16 ans et leur permet de découvrir les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques grâce aux célèbres briques. «J’étais juge sur le Robot Game où les équipes doivent construire un robot capable de réaliser de petites tâches», précise Alain Silverio.