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Vols en série : 24 dossiers pour un seul homme


Le parquet lui reproche vingt vols simples ou tentatives, souvent à l’étalage, et quatre vols qualifiés.

En l’espace de quelques mois, Matteo a accumulé les vols de toutes sortes avant d’atterrir en détention provisoire. L’homme évoque une parenthèse particulière de sa vie qu’il veut clore.

C&A, Aral Lallange, la pharmacie Welschbillig, Leclerc Foetz, magasin 888, droguerie Bellissima, Total Belval, Delhaize Esch-sur-Alzette, New Yorker, Snack Istanbul, Esso Terres Rouges, BIL, Post Luxembourg… la liste des parties civiles donne le tournis. Le président de la 12e chambre correctionnelle du tribunal d’arrondissement de Luxembourg les égrène les unes après les autres.

Vingt-quatre dossiers à charge d’un seul homme dans une seule audience. Matteo, 44 ans, un sans-abri d’origine italienne, n’a pas chômé. L’homme reconnaît être l’auteur de tous ces forfaits – sauf deux – dont il est accusé. Heureusement pour lui, seules trois parties civiles étaient présentes dans la grande salle d’audience du tribunal mercredi.

Entre le 16 mai 2024 et le 30 janvier 2025, il a écumé une bonne partie des commerces d’Esch-sur-Alzette ainsi que certains de Bascharage et Oberkorn. Onze jeans, un haut-parleur, trois trottinettes électriques, deux crèmes de marque et d’autres produits de beauté, des bicyclettes, cinq bidons d’huile de moteur, un ordinateur pour vélo électrique, un rasoir, une tondeuse à cheveux, douze bouteilles de whisky, des chaussures de sport, des appareils électroniques, un sac à main et son contenu… Il dit voler pour ses besoins personnels ainsi que pour se faire un peu d’argent.

«Je commettais les vols pour me faire un peu d’argent. Je ne suis pas un voleur professionnel. J’improvisais. Je n’ai jamais voulu faire de mal à une personne ou à un animal», a expliqué Matteo mercredi après-midi. Il revendait le produit de ses vols «dans un bar de Yougoslaves» à Esch-sur-Alzette pour «pas grand-chose». «Je ne faisais pas de bonnes affaires. Ils me donnaient 50 euros pour un vélo.»

Le 7 décembre 2024, le prévenu monte en gamme et vole la caisse d’un commerce qui contenait 741 euros. «La seule bonne affaire de ma vie», commente l’ancien cuisinier. «J’ai partagé la somme avec d’autres personnes dans le besoin. Comme quand j’ai pris les jeans.» «Vous n’êtes pas un bon samaritain pour autant», lui assène le juge.

Une période particulière

La police a mis fin à la série de vols et de tentatives après que Matteo avait lancé une pierre dans la vitrine d’un commerce. «Ce soir-là, j’étais dans une telle détresse psychologique que je ne me suis même pas enfui», raconte le prévenu. «Avant cela, je ne m’étais pas ramassé assez fort. En sortant de prison, j’ai cherché du travail. J’ai toujours été logé dans les établissements pour lesquels je travaillais. Se loger au Luxembourg coûte cher. On m’avait proposé un emploi, mais pas de logement. Je l’ai refusé. J’aimerais pouvoir revenir en arrière.»

Le parquet lui reproche vingt vols simples ou tentatives, souvent à l’étalage, et quatre vols qualifiés. Quand il n’a pas été pris en flagrant délit, Matteo a été identifié grâce aux images de vidéosurveillance des commerces visités. Le cuisinier avoue tout, sauf le vol d’un vélo qu’il prétend avoir trouvé dans un fossé et celui du sac à main. La représentante du ministère public a requis une amende ainsi qu’une peine de 24 mois à son encontre. «Il a commis beaucoup de faits dans une période assez courte. Je suis certaine que d’autres dossiers sont encore au parquet», a-t-elle conclu.

Matteo devait également comparaître mercredi dans deux affaires de vol commises avec un complice qui devait être entendu dans le cadre de cinq dossiers de vol. Ces affaires ont cependant été reportées.

Son avocat demande la clémence du tribunal et explique que la vie de Matteo a basculé au décès de sa femme et de l’enfant de cette dernière. En dépression, il perd son emploi et termine à la rue. «J’ai toujours eu une vie sereine. Mes erreurs font partie d’une période particulière. Je veux refermer cette parenthèse», confie Matteo. «J’ai fait des erreurs et je n’ai pas eu le courage de demander de l’aide quand j’aurais dû. La détention provisoire m’a apporté de la lumière, l’opportunité de me réintégrer, de faire mon introspection et de comprendre ce que je veux.»

Le prononcé est fixé au 26 juin.

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