Le ministre des Affaires intérieures, Léon Gloden, clame depuis des mois que les 40 ans des accords de Schengen doivent être célébrés, le 14 juin prochain, avec une grande «fiesta». Vu le programme publié lundi, les festivités vont se limiter à une cérémonie expresse, alors qu’un important doute demeure sur l’achèvement dans les temps des préparatifs pour cet évènement. Le Grand-Duc Henri va bien être présent, mais des hauts représentants de l’UE ne figurent pas (encore) sur la liste des invités. Pas de trace non plus du Premier ministre, Luc Frieden, qui devrait se faire représenter par le ministre des Affaires étrangères, Xavier Bettel. Même Léon Gloden manque à l’appel. Le gouvernement précise toutefois que de «nombreuses personnalités politiques nationales et internationales» devraient se rendre dans le petit village mosellan, symbolisant un des plus grands acquis de la construction européenne : la libre circulation à l’intérieur des pays formant l’espace Schengen.
Peu importe son envergure finale, la «fiesta» sera de toute façon entachée. Au moment même des festivités, la police allemande sera stationnée, armes à la main, sur les ponts frontaliers, situés à un jet de pierre de l’esplanade de Schengen. Les contrôles encore plus stricts aux frontières, ordonnés par le nouveau gouvernement allemand, violent l’esprit de Schengen. Le refoulement de migrants, toujours sans véritable concertation avec ses voisins, frôle l’illégalité. Le Luxembourg a saisi la Commission européenne, qui tarde à se positionner sur la conformité des barrages allemands aux règles européennes. Une autre question se pose : est-ce qu’un haut représentant de Berlin va oser se rendre à Schengen?
Ce jeudi de l’Ascension, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, va se voir remettre le prestigieux prix Charlemagne, qui récompense des personnalités engagées pour l’unification européenne. L’Europe «reste un rêve inachevé, un rêve qui a besoin de défenseurs, de porteurs», a clamé, mardi, le Premier ministre luxembourgeois en ouverture des cérémonies à Aix-la-Chapelle. Les défenseurs et porteurs du rêve européen, évoqués par Luc Frieden, ne doivent pas se contenter de belles paroles, mais poser des actes forts.