Fièrement posté devant le Kremlin, l’eurodéputé Fernand Kartheiser se présente comme le sauveur du dialogue entre la Russie et l’UE. Il serait grand temps de renouer les relations avec Moscou, mis au ban par Bruxelles, aussi pour trouver un accord de paix, plus de trois ans après le début de la guerre russe contre l’Ukraine. Au moins, l’élu de l’ADR a eu l’honnêteté de concéder auprès de nos confrères de RTL que son influence était très limitée. Quel est donc l’intérêt de ce voyage?
Fernand Kartheiser risque de se retrouver à son tour isolé. Sa fraction au Parlement européen (CRE) – très conservatrice, mais bien pro-Ukraine – estime que son membre luxembourgeois a dépassé une ligne rouge. Sa visite dans la capitale russe est considérée comme le dérapage de trop, au bout de plusieurs sorties prorusses. Il est à rappeler que Fernand Kartheiser avait clamé lors du congrès de l’ADR que la Russie ne mènerait pas de «guerre d’agression» contre l’Ukraine. Auparavant, le député avait accordé une interview au quotidien russe Izvestia, frappée de sanctions européennes, dans laquelle il avait notamment encouragé la Russie à contourner les représailles de l’UE. Il n’est donc pas étonnant de voir la Douma officiellement inviter l’«ami» Fernand. Même si le Luxembourgeois pèse peu dans l’hémicycle, il constitue pour Moscou une porte d’entrée supplémentaire au Parlement européen.
Malgré tout, il faut reconnaître qu’il est toujours bien de chercher le dialogue. La question reste de savoir si le régime de Vladimir Poutine veut vraiment mener des pourparlers de paix. Les tentatives initiées par les États-Unis sont restées sans résultat palpable. Le président russe veut une capitulation de l’Ukraine, et rien d’autre. Depuis plusieurs jours, le maître du Kremlin cible d’ailleurs la population civile ukrainienne avec des centaines, voire des milliers de drones. Entretemps, même Donald Trump traite son pote Vladimir de «fou». Il n’est cependant pas sûr que le président américain se décide enfin à exercer une plus forte pression sur la Russie. Le langage de la force est pourtant le seul que Poutine comprenne. En attendant, ce dernier envoie, pour reprendre le titre d’un James Bond, de «Bons Baisers», à l’Ukraine, à ses alliés, et aussi à Fernand Kartheiser.