Tentons de récapituler ces deux dernières semaines, qui vont constituer un tournant majeur pour le gouvernement conservateur-libéral. Lors de sa déclaration sur l’état de la Nation, le 13 mai, le Premier ministre, Luc Frieden, se montre affirmatif : une hausse des années de cotisations pour pérenniser le système de pensions et une augmentation de la contribution étatique au régime en se servant dans les recettes de la taxe carbone. Le point culminant de la levée de boucliers qui a suivi ces annonces est le retrait du camp syndical de tout dialogue social. La décision annoncée vendredi par l’OGBL et le LCGB n’est pas sans risques, mais doit enfin faire comprendre à l’exécutif que la situation est grave.
Aux yeux du front syndical, seule une tripartite formelle peut encore permettre d’assurer la paix sociale, en scellant un paquet sur les pensions, les conventions collectives, le travail dominical et les heures d’ouverture. Le patronat a martelé jeudi que son intention n’est nullement d’anéantir les syndicats. Mais, pour avancer sur le fond, les représentants du salariat devraient cesser de bouder, a lancé Michel Reckinger, le président de l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL). En effet, les syndicats jouent gros en claquant la porte. Si la mobilisation pour la manifestation nationale du 28 juin s’avère moins importante qu’espérée, le gouvernement et le patronat pourraient sortir gagnant du bras de fer social engagé. En même temps, la pression exercée par l’OGBL et le LCGB – bientôt soutenus par la CGFP? – semble produire des premiers effets.
Au plus tard depuis mercredi, et la tentative de la ministre Martine Deprez de mieux expliquer la réforme envisagée des pensions, les représentants de la majorité s’efforcent de relativiser les choses. Les éléments dévoilés ne seraient en rien gravés dans le marbre. La volonté de négocier avec les partenaires sociaux demeurerait présente. Le plus dur reste toutefois à venir, car le Premier ministre devra convaincre les syndicats de revenir à la table. Mais Luc Frieden n’est pas le seul à se retrouver sous pression. Le gouvernement, l’OGBL et le LCGB, mais aussi le patronat semblent dès à présent jouer leur va-tout dans un contexte conflictuel majeur.