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À Gasperich, les habitants dessinent ensemble la mobilité de demain


Fruit d’un long processus participatif, le plan idéal des riverains a été détaillé, place Bei der Auer. (Photos : Julien Garroy)

Une cinquantaine de riverains de Gasperich ont présenté ce vendredi leurs propositions pour optimiser la mobilité dans leur quartier. Ils espèrent être entendus des responsables politiques.

Fin de matinée ce vendredi, place Bei der Auer, les bénévoles du syndicat d’intérêts locaux de Gasperich dressent leur stand sur les pavés et y suspendent les idées issues de la participation citoyenne qu’ils ont lancée en 2023.

À l’époque, avec l’association Eis Stad, une vingtaine d’habitants du quartier effectuent un grand tour à pied dans les rues pour identifier différentes problématiques liées à la mobilité.

Et lors d’un atelier le mois suivant, regroupant cette fois une cinquantaine de riverains, tous soumettent leurs idées pour améliorer leur lieu de vie. En quelques mois, un groupe de travail compile l’ensemble des contributions, près de 300 au total, pour en sortir trois thèmes principaux.

«Ce qui est nettement ressorti, c’est une demande d’apaisement du trafic, davantage d’infrastructures sécurisées pour les piétons et cyclistes, et des espaces de rencontre dédiés au vivre-ensemble», détaille la présidente du syndicat, Mélanie Troian. «Notre plan est le fruit d’un an et demi de travail commun.»

Le parc et la rampe Buchler, très appréciés

Si de nombreux points positifs sont mis en avant par les habitants, comme les aires de jeux, le parc de Gasperich, qui fait le lien entre l’ancien quartier et le Ban de Gasperich, le chemin cyclable vers Kockelscheuer, à la fois sûr et pratique, ou la rampe du pont Buchler, qui facilite désormais l’accès à pied ou à vélo vers le centre-ville, ils ont listé des mesures qui pourraient, à court terme, améliorer leur qualité de vie, et dessiné un plan détaillé.

Mélanie Troian espère un retour de la part des membres du collège échevinal.

Leur quartier étant particulièrement impacté par le trafic de transit, notamment la rue Beethoven, parallèle à la route d’Esch qui est régulièrement congestionnée, ils plaident pour généraliser la limitation de la vitesse à 30 km/h à tout le quartier. Ils évoquent l’installation d’une borne rétractable spécifique pour réserver le passage aux bus et services de secours rue Beethoven.

Des bus à la queue leu-leu

Ils voudraient également réorganiser le trajet des bus 13 et 23, qui suivent exactement le même itinéraire dans cette zone et finissent souvent par se retrouver l’un derrière l’autre en cas de retard.

«Ces liaisons manquent d’attractivité et les horaires rapprochés ne nous apportent aucune plus-value», signalent les riverains. À la place, ils ont donc conçu une planification qui pourrait à la fois accélérer les trajets vers la gare et créer un lien direct avec les quartiers Colonies et Cloche d’or.

Enfin, les adeptes des trajets à vélos notent qu’«à l’heure actuelle, Gasperich n’a pas de réseau cyclable cohérent. On manque vraiment d’infrastructures pour la mobilité douce», rapportent-ils.

Une cinquantaine d’habitants et plusieurs journalistes sont venus écouter les pistes de «Zesumme fir Gaasperech».

Dans la rue de Gasperich, dont le réaménagement a été voté en mars (lire ci-contre), les citoyens auraient souhaité que les trottoirs soient élargis pour permettre le passage des écoliers, des poussettes et des personnes à mobilité réduite.

Mais les services techniques de la Ville ont fait valoir que la topographie des lieux ne le permettait pas, les bus n’auraient plus été en mesure de se croiser.

La balle dans le camp des autorités

Idem pour la création de pistes cyclables sécurisées tout au long de cette voie, ou l’idée de supprimer le rond-point vers le Mülhenweg afin de récupérer l’espace pour la vie de quartier : tout a été retoqué par les autorités communales, là encore pour favoriser la circulation des bus.

Pas de quoi convaincre la présidente du syndicat d’intérêts locaux : «On nous répond souvent que techniquement, ce qu’on demande est impossible à réaliser, mais quand il y a une vraie volonté politique d’améliorer les choses, on trouve des solutions.»

Clé en main, le concept n’attend plus que le feu vert de la Ville.

Prochaines étapes : le syndicat veut lancer une nouvelle collaboration entre les habitants et le conseil communal, avec notamment des rencontres semestrielles pour discuter des besoins et des propositions avec des experts techniques. Le but étant de s’appuyer sur le travail citoyen déjà réalisé pour mettre en œuvre le futur plan de mobilité.

Le collège échevinal, grand absent

Comme leurs demandes n’ont pas été retenues dans le projet de réaménagement de la rue de Gasperich voté le 31 mars au conseil communal, les membres du syndicat d’intérêts locaux attendaient de pouvoir échanger avec le collège échevinal à propos de leur plan global de mobilité.

«On avait invité tous les élus, on aurait aimé que quelques-uns soient là pour entendre nos idées, c’est dommage», soupire Mélanie Troian. «Nous allons leur envoyer nos documents en espérant qu’ils reconnaissent le travail qui a été accompli.»

Une amertume partagée par le seul conseiller communal présent : le chef de file des Verts, François Benoy. «C’est un mauvais signal envoyé aux habitants, alors qu’ils sont nombreux à s’être engagés sérieusement dans ce processus. Le fait que la majorité ne manifeste pas plus d’intérêt, c’est décevant. Mais il n’est pas trop tard, j’appelle le DP-CSV à revoir les plans.»

Eis Stad : la parole aux citoyens

L’association Eis Stad, créée en 2019 à partir de l’initiative citoyenne «Areler Stroos» qui défendait alors la construction de logements abordables et durables sur le site du stade Josy Barthel, s’engage en faveur de formes de participation citoyenne régulières dans la capitale. Ses bénévoles ont ainsi travaillé avec les habitants de Merl, Belair ou encore Bonnevoie ces dernières années, en les guidant tout au long du processus.

Sans jamais parvenir jusqu’ici à se faire entendre des responsables politiques, il faut bien le dire. «Pour Bonnevoie, on avait envoyé tout un concept construit avec les citoyens, mais les élus n’en ont pas tenu compte», pointe Johannes Birgmeier, architecte-urbaniste engagé au sein d’Eis Stad. Il pointe une certaine mode sur laquelle surfe les politiques à des fins électorales, sans que cela soit suivi d’actes.

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