Accueil | A la Une | Collectives for Palestine : «Il y a des gens qui sont en train de crever de faim»

Collectives for Palestine : «Il y a des gens qui sont en train de crever de faim»


Présentes en continu durant deux jours devant la Chambre des députés, les manifestantes espèrent sensibiliser les politiques luxembourgeois à la situation des Gazaouis. (Photos : julien garroy)

Présents tous les week-ends depuis le début du conflit pour alerter sur la situation à Gaza, plusieurs collectifs de femmes campent devant la Chambre des députés pour interpeller le gouvernement.

Elles sont arrivées ce vendredi dans la matinée pour installer quelques chaises et des banderoles aux couleurs de la Palestine. Vendredi matin, malgré le froid qui reprend quelque peu le dessus au Grand-Duché, une petite dizaine de femmes se sont installées devant la Chambre des députés avec la ferme intention d’y rester.

Membres de plusieurs associations regroupées sous la bannière Collectives for Palestine, elles ont l’habitude de manifester. Depuis l’invasion de la bande de Gaza par les forces israéliennes, en octobre 2023, elles se réunissent tous les week-ends pour manifester et alerter le public sur la situation humanitaire dans les territoires palestiniens.

Après plus d’un an et demi de conflit et de nombreuses actions, face à drame humain toujours plus préoccupant, elles ont décidé d’aller plus loin.

«Nous sommes arrivées à 8 h et nous resterons jusqu’à samedi 16 h. Nous allons passer la nuit dans des tentes», explique Alicia de Medina-Rosales, membre du Comité pour une paix juste au Proche-Orient (CPJPO) qui fait partie de Collectives for Palestine.

«Le Luxembourg n’en fait pas assez»

Avec ce campement de fortune, elles espèrent interpeller le gouvernement luxembourgeois, trop immobile à leur goût face à la situation de Gaza.

«Nous demandons au gouvernement d’agir fermement contre l’État d’Israël.» La semaine dernière, lors d’une conférence de presse inattendue, Xavier Bettel a tenté de clarifier la position du Luxembourg face aux agissements de l’État hébreu.

Si le ministre des Affaires étrangères a dénoncé la politique de Netanyahou et souhaite «mettre un frein à ce qui se passe à Gaza», il a aussi reconnu que les moyens d’action étaient assez limités.

Une position insuffisante pour les manifestantes, qui souhaitent une prise de position plus forte et de véritables sanctions. «Il y a des pays de l’Union européenne qui ont reconnu l’État palestinien, avance Alicia de Medina-Rosales. Le Luxembourg n’en fait pas assez.»

Le pays se refuse également de parler pour le moment de génocide alors qu’Amnesty International, Human Rights Watch ou encore un comité spécial des Nations unies n’hésitent plus à employer le terme.

Une position qui agace aussi les manifestantes, même si ce débat n’est pas la priorité de tout le monde. «Il n’y a pas besoin de mettre des mots. Les faits sont ce qu’ils sont. C’est insupportable de voir deux millions de personnes être affamées et privées d’eau potable. Tout ça, ce sont des crimes de guerre.»

14 000 bébés en danger

La situation des nourrissons inquiète particulièrement les collectifs luxembourgeois puisque, d’après des chiffres de l’ONU, environ 14 000 bébés souffrent de malnutrition aiguë sévère.

Car si les bombardements continuent et entraînent des dizaines de morts quotidiennement dans l’enclave palestinienne, c’est aujourd’hui la famine qui inquiète les ONG. Depuis deux mois et demi, les camions d’aide humanitaire étaient stoppés à la frontière par le blocus israélien.

Une reprise des acheminements a bel et bien eu lieu cette semaine, mais celle-ci reste limitée et seulement une centaine de camions ont pu se rendre à Gaza depuis lundi. «Il y a des gens qui sont en train de crever de faim, c’est inacceptable en 2025.»

Collectives for Palestine regroupe plusieurs petits collectifs luxembourgeois mobilisés tous les samedis depuis l’entrée des troupes israéliennes dans Gaza en octobre 2023.

Une pétition bientôt en débat

Mais les choses semblent bouger sur le Vieux Continent. L’Union européenne a annoncé que son accord d’association avec Israël allait être réexaminé sur une proposition de la haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Kaja Kallas.

Une initiative que soutient le Luxembourg, comme l’a rappelé Xavier Bettel la semaine dernière. Une nouvelle qui va dans le bon sens pour Collectives for Palestine, même si des craintes subsistent.

«C’est l’urgence depuis des mois. L’Union européenne va prendre des mesures quand il n’y aura plus personne», redoute Alicia de Medina-Rosales, qui rappelle que l’UE avait été bien plus prompte à prendre des sanctions contre la Russie lors de l’invasion de l’Ukraine.

En attendant d’éventuelles mesures, Collectives for Palestine va continuer à se battre. Si la manifestation se veut silencieuse, pour faire écho au silence des politiques, cela n’empêchera pas ces femmes d’interpeller les députés ou les ministres qui passeraient par la Chambre. «On l’a déjà fait auparavant. Ils nous écoutent, mais n’agissent pas, même s’il y a des parlementaires plus sensibles à la situation.»

Les associations se retrouveront d’ailleurs bientôt à la Chambre puisque leur pétition pour que le Grand-Duché sanctionne Israël pour sa politique en Palestine a obtenu un nombre suffisant de signatures. Le débat aura lieu le 2 juillet prochain.

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .