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Au tour du patronat

La levée de boucliers contre la réforme des pensions fait un peu oublier que le conflit social opposant le camp syndical à la fois au gouvernement et au patronat est bien plus large. Après plusieurs reports – afin de donner la priorité au dialogue avec le Premier ministre – l’Union des entreprises luxembourgeoises (UEL) a fini par présenter hier ses propositions pour moderniser le droit du travail. Le cadre légal en vigueur est qualifié de vétuste. Il serait donc urgent d’en revoir les modalités, avec en primauté un changement de paradigme en ce qui concerne les conventions collectives.

Tous les arguments avancés par le camp patronal correspondent à ceux défendus par le gouvernement de Luc Frieden, qui a notamment occupé le poste de président de la Chambre de commerce pendant sa retraite politique momentanée. En tant que Premier ministre, le même Luc Frieden ne cesse de marteler que le Luxembourg a besoin d’une économie florissante afin de financer l’État social. Mais quel est le prix à payer? Une charge fiscale toujours inégalement répartie entre entreprises et ménages? Une réduction des normes environnementales, mettant en péril la transition verte? Un démantèlement social? Les réponses sont encore peu claires, à l’image des plans visant à réformer le régime des conventions collectives. La prérogative exclusive des syndicats dans la négociation de tels accords ne serait pas remise en question. À une exception près. Gouvernement et patronat sont décidés à attribuer un pouvoir élargi aux délégations du personnel pour négocier directement avec leurs employeurs. Négocier quoi au fait? Une réponse claire fait toujours défaut.

Dans ce contexte, il est important de rappeler que l’UE impose qu’au moins 80 % des salariés soient couverts par une convention collective dans chaque État membre. Le Luxembourg pointe à 53 %. Ce n’est pas en affaiblissant ces accords salariaux du secteur privé que le Luxembourg va réussir à résorber son retard. Personne ne revendique que les plus petites entreprises doivent chacune conclure une convention. Il serait dès lors plus sage que syndicats et patronat, avec le soutien du gouvernement, trouvent les moyens de multiplier les conventions sectorielles au lieu de miser sur les micronégociations.

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