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[C’était mieux avant] Minella : «L’ouverture de Wimbledon face à Serena, c’était comme un film»


«Après la naissance, je voulais me remettre en forme mais je voulais surtout voyager avec la petite, faire les tournois qu’on aime bien, pas trop compliqués» (Photo : dr)

Dernière Luxembourgeoise à avoir joué à Roland-Garros, Mandy Minella revient sur sa longue et très riche carrière.

Découvrez tous nos autres épisodes dans la rubrique dédiée «C’était mieux avant»

La joueuse la plus forte que vous ayez affrontée?

Mandy Minella : J’ai dû jouer toutes les filles du Top 10. Mais la plus forte c’était Serena. Impressionnante au niveau du service. Par son jeu. Sa présence. L’aura qu’elle dégage. Elle était à la fois très costaude, très athlétique et techniquement hyper fluide. Quand on met le tout ensemble, ça donne Serena Williams!

Votre plus grand exploit? 

C’est dur de choisir. Mais si je dois en citer un, c’est quand ma carrière pro a vraiment débuté. C’était à l’US Open (2010), je suis en dehors du Top 200, je sors de nulle part, je me qualifie pour le tableau final, je bats une fille du Top 30 et une du Top 50 et je me retrouve au troisième tour contre Venus Williams sur le plus grand terrain au monde à New York, en night session.

Mon plus grand exploit? Atteindre le troisième tour à l’US Open face à Venus Williams en sortant de nulle part

Votre meilleur souvenir? 

Le match d’ouverture sur le Central de Wimbledon contre Serena Williams (2013). Je rentre sur le court le plus prestigieux du monde devant la duchesse Kate Middleton. C’était comme dans un film. La récompense de tous les efforts, de toutes les galères. Toute ma famille et mes amis étaient venus me voir. Chaque joueur pro rêve de jouer un jour sur ce court. Être là, contre la n° 1 mondiale en ouverture, c’était très impressionnant.

Une adversaire contre qui vous détestiez jouer?

Il y en a une qui m’a suivie tout ma vie. On a le même âge. Le même parcours. C’est Kirsten Flipkens. Déjà quand on avait 12 ans et qu’on s’affrontait dans les tout petits tournois, je n’arrivais pas à la jouer. Elle avait un jeu atypique, avec beaucoup de variations et beaucoup de talent. On est déjà allées en trois sets. Je l’ai affrontée sur toutes les surfaces, en salle ou en outdoor et je ne l’ai jamais battue. On nous appelait «les sœurs» quand on était jeunes, une dame m’avait même prise pour elle car on se ressemblait. Et aujourd’hui, on s’entend très bien.

Un souvenir sur Roland-Garros?

Mon tout premier, en qualifications en 2008. J’étais tellement stressée qu’entre l’hôtel et le site, je ne savais même plus comment respirer. C’était le stress total. Par la suite, j’ai beaucoup joué à Roland. J’ai même fait un gros gros match en battant Pavlyuchenkova (NDLR : alors 44e mondiale, en 2019), alors que j’étais déjà maman. Il y avait plein de Luxembourgeois dans les tribunes.

Votre plus grosse déception?

J’ai deux matches qui m’ont touchée émotionnellement à tel point que c’est encore le cas aujourd’hui. Contre Sloane Stephens. Le premier, c’était à l’US Open 2013 sur le court Armstrong, avec 10 000 personnes toutes contre moi et peut-être 4 ou 5 Luxembourgeois. J’avais l’impression  de mener tout le match mais je perds 7-6 au troisième, au bout de je ne sais plus combien d’heures. Moi qui essayais de toujours garder mes émotions, je me suis écroulée sur le court en sanglots. C’était une souffrance énorme. Et l’autre match, c’était à Wimbledon (en 2016) au deuxième tour. Je mène 6-4, 5-3, 30-0 sur mon service. Et je sens que, petit à petit, le match m’échappe. Une angoisse et un stress qui montent. Je vis la rencontre comme une torture. Je perds 6-8 au troisième. C’était horrible. Ces deux matches m’ont fait vraiment mal.

Votre plus grave blessure?

J’en ai eu beaucoup. Mais la pire, c’était rupture des ligaments croisés du genou droit et ménisque fêlé en 2006. J’étais à l’entraînement. Et sur un changement de direction, je sens que mon genou part du mauvais côté. Il a tourné, ça a claqué. Je me suis écroulée. Je pense qu’on a dû m’entendre crier à 1 km. J’ai eu très très mal. J’avais le classement pour me qualifier pour mon tout premier Roland-Garros. Je savais que c’était mort. Ça m’a coûté presque un an de rééducation après mon opération et ça m’a pris deux ans pour revenir au classement que j’avais avant ma blessure.

J’ai joué mon dernier point à Wimbledon, le soir au coucher du soleil. J’étais contente. Soulagée

Le jour où vous avez décidé d’arrêter?

C’était un long processus. J’ai eu un gros trou en 2016. Avec Tim (NDLR : Sommer, son entraîneur et mari), on s’est dit que j’allais jouer encore quelques tournois et qu’après on fonderait une famille. Que j’avais eu une belle carrière. Et d’un coup, je suis relâchée et je me mets à très bien jouer. Je gagne Bol et en quelques mois, je reviens dans le Top 100. Et en mars 2017 je tombe enceinte. On s’est dit avec Tim qu’on allait attendre la naissance et voir ce qui se passerait. Après la naissance, je voulais me remettre en forme mais je voulais surtout voyager avec la petite, faire les tournois qu’on aime bien, pas trop compliqués. Si ça marche, tant mieux, sinon pas grave. Et il se trouve que je joue le meilleur tennis de ma vie. Je fais une super saison 2018. En 2019 c’est bien mais c’était dur sur la fin. Ma fille avait presque 2 ans, j’ai eu un gros coup de fatigue. Et là, on s’était dit que 2020 serait ma dernière saison. Est arrivé le covid. Je suis tombée enceinte une deuxième fois. Comme je n’avais pas pu terminer mon année, on a décidé d’aller jusqu’à Wimbledon en 2022. J’ai joué mon dernier point à Wimbledon, le soir, au coucher du soleil. J’étais contente. Soulagée.

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