Brigitte, sulfureux duo français, est de retour au pays pour présenter son deuxième album, « À bouche que veux-tu ».
Avec leurs look et leur coiffure identiques, Sylvie Hoarau et Aurélie Saada brouillent les pistes au sein de leur duo au prénom unique, Brigitte. (Photos : Dimitri Coste)
> Et vous, tu m’aimes ? était un album qui faisait ressortir le côté battant de deux jeunes femmes modernes. Là, dans À bouche que veux-tu, on a l’impression que, tout en continuant à aimer follement les hommes, la sensualité, le sexe, les « louves » se sont apaisées.
Sylvie Hoarau : Oui, peut-être. En tout cas, il y a toujours l’envie de prendre du plaisir, de profiter de la vie. Il y a toujours de l’humour, de la dérision. On n’est pas devenues complètement naïves entre les deux albums, mais c’est vrai qu’il y a quelque chose d’apaisé.
> Reste également le côté épicurien avec cette recherche du plaisir et une grande envie de danser. Une manière de ne pas sombrer dans la sinistrose ambiante ?
Oui. Je pense que ce qu’on a connu en tournée a beaucoup influencé cet album. On a vécu quelque chose d’extraordinaire pendant des mois, avec une équipe géniale. On s’est beaucoup amusés, on a beaucoup dansé. Ce qui donne, effectivement, quelque chose de plus festif que dans le premier album.
> Entre les deux, il y a eu, en 2012, Encore, un album de reprises. C’est donc bien À bouche que veux-tu l’album de la confirmation. On dit toujours que c’est le plus difficile. Est-ce que c’était le cas ?
Non, pas vraiment. Ce qui a été difficile, c’était de se remettre du premier. Ça nous a vraiment beaucoup fatiguées. Mais après, quand on a commencé à travailler sur le nouvel album avec Aurélie (Saada), on a été très surprises et heureuses de voir qu’on avait toujours une facilité à travailler ensemble. Je ne sais pas comment le dire sans avoir l’air prétentieuse, mais écrire des chansons ensemble, c’est quelque chose qui se passe toujours naturellement, très facilement. Le tout en prenant du plaisir et en appréciant vraiment de se retrouver. C’était ça le plus important : se retrouver dans notre bulle, retrouver notre intimité, notre écriture commune. Parce que c’est ça qui marche dans Brigitte : notre fusion, notre équilibre, que ce soit dans les voix, dans la manière d’écrire. C’est important qu’on soit en osmose.
> C’est aussi pour cela qu’on vous découvre désormais avec ce même look ?
Oui. On s’est dit que c’était amusant de montrer qu’on n’était pas si différentes. Ce n’est pas parce que, avant, il y en avait une avec des lunettes et l’autre avec des cheveux bouclés qu’on était différentes. On se ressemble beaucoup en fait, dans nos caractères, notre manière de voir les choses, notre sensibilité… C’est une manière de montrer ça, tout en brouillant un peu les pistes… C’est amusant.
> Pour revenir à la coiffure, il y a aussi un côté Crazy Horse, qui va très bien avec vos chansons un peu coquines…
On n’a pas fait exprès, mais c’est vrai qu’on a vu que ça faisait un peu Crazy Horse. Après, ça paraît presque logique que ça nous donne ce style sexy qui nous va bien. Cela dit, ce n’est pas parce qu’on a cette coupe de cheveux sur la pochette de l’album qu’on va s’enfermer dans un style.
> Les médias ont classé l’album dans un style « rétro-folk ». N’est-on pas plutôt dans du « rétro-pop-disco », proche de la chanson Oh la la du premier album ?
Oui, c’est vrai. Sur scène, on a très envie de danser. On se crée donc des chansons sur mesure pour ça.
> C’est assez contradictoire avec l’importance de vos textes dans vos chansons, non ?
Je ne sais pas si c’est contradictoire. Si les chansons disco ne peuvent pas être « à texte ». Nous, en tout cas, on ne s’est jamais posé la question. Et puis, les paradoxes, c’est toujours intéressant, non ? Ces petites chansons n’ont l’air de rien, mais si on écoute bien les paroles, elles ont plus de profondeur que ce qu’on imagine. Le disco a cette image de musique facile, alors que les bons morceaux de disco ont tous des arrangements hyper-chiadés. Quand on écoute les cordes des Bee Gees, la voix de Donna Summer, la maîtrise vocale des grands chanteurs, ça ne rigole vraiment pas !
> Vous voulez réhabiliter le disco ?
C’est un style qui est presque moqué de nos jours. C’est dommage. Mais non, nous on ne veut rien réhabiliter du tout. On ne se donne pas ce genre de rôle. C’est juste qu’on aime ça. On fait notre truc. Si ça parle aux gens, tant mieux !
> Comment est perçue Brigitte en dehors de l’espace francophone ? Ça marche tout aussi bien avec des auditeurs qui ne comprennent pas les textes ?
Disons que quand les journalistes étrangers nous demandent de quoi parlent nos chanson, on leur explique qu’on parle des femmes modernes que nous sommes, de nos amours, nos réflexions, nos déboire… Puis, les gens ne comprennent pas totalement ce qu’on raconte, ce qui fait qu’on n’a pas tout à fait le même public.
> Brigitte, c’est tout un univers…
Oui, c’est ça. Voir deux filles sur scène qui mènent toute une troupe…
> Il y a aussi les paillettes, les déhanchés.
Oui, bien sûr. Il y a ça. Mais aussi des super-musiciens.
> Votre concert la semaine prochaine à la Rockhal sera la deuxième date de la tournée 2015, qui commencera la veille à Strasbourg. À quoi doit-on s’attendre ?
On a étoffé l’équipe, on vient notamment avec un clavier de plus qui s’ajoute à toutes les cordes, cuivres, percussions et la flûte traversière… Ce sera très dansant.
Entretien avec notre journaliste Pablo Chimienti
Rockhal – Esch-Belval.
Vendredi 30 janvier à 20h30.
Support : Chat. Complet.