Accueil | Grande Région | Bien-être animal : «Au zoo d’Amnéville, on agit au cas par cas»

Bien-être animal : «Au zoo d’Amnéville, on agit au cas par cas»


Thomas Grangeat devant l’enclos des atèles marimonda : «Arrivés du zoo de Stuttgart, ces singes d’Amérique du Sud découvrent la joie de cueillir des bourgeons dans les arbres». (Photo : gilles wirtz)

Comment le zoo d’Amnéville œuvre-t-il pour leur bien-être des animaux ? «Tout est fait sur-mesure pour chaque animal», révèle Thomas Grangeat, le directeur zoologique adjoint.

Depuis huit ans, il passe la majeure partie de son temps avec eux et jure les connaître tous. Au zoo d’Amnéville , Thomas Grangeat prône «le sur-mesure» pour respecter les besoins physiologiques de chaque pensionnaire sur les dix-huit hectares du site. «Pour alimenter le guépard, taillé pour la vitesse, on privilégie le circuit de viande fraîche, par exemple», cite le directeur zoologique adjoint.

Petite échelle pour singes

«On tient compte de l’âge des animaux, de leur tempérament et façon de voir le monde», plaide-t-il en s’arrêtant devant l’enclos des atèles marimonda, d’élégants singes à longue queue menacés par la déforestation et la chasse dans leur milieu naturel. «Le zoo de Stuttgart, en rénovation, nous les a confiés il y a environ trois mois. Âgés de 40 à 43 ans, ces trois individus découvrent la joie de manger des bourgeons. Comme ils sont seniors, on leur a installé une petite échelle pour monter dans les arbres.»

L’animal décide d’interagir

Pas question d’y laisser une plante toxique ou un clou qui dépasse. «On travaille avec une dizaine d’artisans. En tant que soigneurs animaliers, on apprend aussi à réparer ce qui doit l’être», sourit le trentenaire, fort d’une équipe de 55 personnes (animateurs scientifiques, vétérinaires et assistants). En plus du nettoyage de son habitat, il s’agit de stimuler chaque animal pour éviter l’ennui et d’éventuels soucis de santé. «On va suspendre un ballot de foin pour que l’éléphant fasse fonctionner sa trompe dotée de 150 000 muscles. Cacher de la nourriture dans des boîtes pour l’inciter à la chercher, soit un bon entraînement médical si un jour on doit lui administrer un traitement», dévoile Thomas Grangeat. «L’idée est de trouver des astuces pour que tous soient proactifs.»

L’éthologue le certifie : «On évalue le bien-être d’une bête à avoir le contrôle et le choix d’interagir ou pas. C’est elle qui décide» quand bien même son périmètre de liberté est contraint.

Ce singe d’Amérique du Sud observe le visiteur avec ses yeux bleus. Belle rencontre ! Photo: gilles wirtz

Se rapprocher de la nature

«On essaie de lui permettre de retrouver des éléments de la nature», souligne-t-il. «Au lieu d’une rivière, on va proposer un bassin aux loutres ; des agrès, aux singes. Ou dissimuler de la viande dans une carapace de tortue pour permettre au jaguar d’exercer sa puissante mâchoire, capable de briser une tête de caïman. La captivité ne doit pas être synonyme de facilité.»

Le Grenoblois, passé par la Sorbonne, l’atteste : «Comme dans une classe d’enfants, on s’adapte à chaque personnalité. Notre ours polaire, arrivé avec une pathologie, présente toujours ce comportement répétitif anormal. Tous nos stagiaires en éthologie essaient de trouver une solution pour qu’il aille mieux.»

Luminescences : «Ne pas gêner les espèces»

«Même si on investit dans des aires de jeux, l’animal reste prioritaire.» Thomas Grangeat est conscient de l’équilibre à tenir entre la prise en charge d’animaux sauvages et la santé économique du parc zoologique. «Heureusement, notre direction est sensible et à l’écoute», salue l’éthologue de 30 ans, dans sa «huitième année» à Amnéville. Et de volontiers argumenter : «Lors de la Journée des orangs-outangs, 4 % du tarif d’une entrée sont reversés à la Borneo Nature Foundation. Les quelque 2 000 € qu’on lui enverra permettront de payer les salaires des gens qui plantent des arbres là-bas.»

Le festival des lumières Luminescences attire également la foule au zoo en fin d’année. Des lanternes scintillant à la nuit tombée ne troublent-elles pas la tranquillité des pensionnaires ? «On les observe tous», indique le professionnel. «Pour remédier aux problématiques, soit on modifie le parcours avec l’aide des techniciens, soit on déplace les animaux. Le serpentaire, un rapace gris, était gêné par le son, par exemple. On l’a mis en zone d’hivernage. D’autres sont, au contraire, associés à l’événement, ce qui permet aux visiteurs de voir des animaux nocturnes.»

L’expérience permet, au fil du temps, de changer le visage du site, précise le responsable conservation et éducation. «On s’est aperçu que des espèces étaient complémentaires. On peut donc leur offrir des espaces de vie plus vastes. En respectant les continents, bien entendu. Pour une question de pédagogie.»

Virginie Dedola
(Le Républicain Lorrain)

Newsletter du Quotidien

Inscrivez-vous à notre newsletter et recevez tous les jours notre sélection de l'actualité.

En cliquant sur "Je m'inscris" vous acceptez de recevoir les newsletters du Quotidien ainsi que les conditions d'utilisation et la politique de protection des données personnelles conformément au RGPD .